Apports et limites de la politique de lecturisation

Notre question initiale s'articulait autour d'un verbe, aider, qui signifiait déjà une certitude, celle de ne pas attribuer à la seule politique de lecturisation l'acquisition d'un habitus lectoral. Nous avons souligné le poids du prime habitus que le milieu familial impose à chacun, la difficulté à le transformer même si cela reste possible. Différentes influences peuvent renforcer ou modifier cet habitus, et l'école n'en est qu'une d'entre elles face aux pairs ou aux médias. Il n'est pas certain que l'institution scolaire ne détienne que des avantages. Si la politique de lecturisation s'appuie et se stucture sur une connaissance de ce qu'est la lecture et de ce qu'est le lecteur, elle s'applique dans un cadre contraignant.

Le choix de ce verbe "aider" peut apparaître bien timoré et, laisser penser que la question de recherche ne serait qu'une tautologie car, comment ne pas admettre que toute action pour la lecture "aide" l'élève à devenir lecteur. Or, différents travaux (Passeron 1987, 1991, Pudal 1996) poussent à s'interroger sur l'évidence d'une telle aide, sur ses limites, et même sur ses effets négatifs. Il y a des actions en faveur de la lecture qui choquent, agressent les non-lecteurs, et, parfois, d'indifférents au livre les transforment en opposants.

L'analyse des propos des élèves a permis d'articuler la relation entre la politique de lecturisation et l'habitus lectoral et de dresser un espace de définition au verbe aider dans la question de recherche. En quoi les élèves de E1 sont-ils différents de ceux de E2 dans leur rapport à l'écrit ?