Le professeur de français, dans la mise en oeuvre de la politique de lecturisation, s'efforce d'acquérir une triple compétence : celle d'être à la fois un formateur, un médiateur et un accompagnateur de lectures.
Il ne transmet pas un savoir théorique au moyen d'un discours professoral, mais, à travers les activités pédagogiques qu'il met en place, façonne les occasions de la construction de ce savoir. Comme le dit Foucambert (1996), à la différence des connaissances, le savoir - il produit de la transformation dans son environnement - ne se transmet pas, il se construit 148. Aussi préfèrons-nous le terme de formateur à celui de professeur parce qu'il s'agit pour l'élève de se former, se donner une forme. La prise de distance avec la simple transmission d'un savoir professé dans un cadre scolaire s'impose. Nous suivons Pineau (1994, 439-440) lorsqu'il souligne l'action effectuée par le sujet dans sa formation : ‘"La formation ne se fait pas à partir de rien, mais en mettant ensemble, en rapport, en contact, différents éléments. (...) Se former, c'est reconnaître qu'aucune forme achevée n'existe a priori qui serait donné de l'extérieur. Cette forme toujours inachevée dépend d'une action. Sa construction propre est une activité permanente"’ 149. Il s'agit d'une conquête personnelle réalisée à partir d'une expérience personnelle par un sujet qui cherche. Le professeur met en place à travers diverses activités les conditions de cette conquête en aidant les élèves à établir des connexions entre les livres et leur vie, entre leurs lectures. L'apport théorique s'intègre au parcours de lecture-écriture de l'élève en l'aidant à cheminer.
Conférence au CRDP de Nantes le 25 mars 1996.
Pineau Gaston. "Formation". In : Dictionnaire encyclopédique de l'éducation et de la formation. Paris : Nathan université, 1994. pp. 437-441.