6. Lenaïck. née en 1978, en terminale L.

• - Est-ce que tu peux retrouver dans ta mémoire un moment où tu as lu ces jours derniers et puis le raconter tout à fait concrètement ?

• - Un moment où j'ai lu cette semaine ?

• - Oui. La dernière fois où tu as lu, c'était ?

• - Hier, j'ai lu. On passe des oraux la semaine prochaine et donc on a une liste, on a trois livres à lire en philosophie. Et là, j'ai relu un livre en philo.

• - Qu'est-ce que tu as relu ?

• - Là, c'était "Le discours sur la méthode" de Descartes.

• - Ce n'était pas trop difficile ?

• - Ben si, la première approche a été dure. On l'a étudié et lorsque je l'ai relu, ça permet...

• - L'étude t'a aidée à le relire ?

• - Oui, parce que les oeuvres de philosophie me paraissent plus compliquées quand même.

• - Il y en avait trois. Quelles étaient les deux autres ?

• - "Cinq leçons sur la psychanalyse" de Freud, et là, le dernier, c'était "L'apologie de Socrate" de Platon.

• - Tu les as lues toutes les trois ?

• - Oui.

• - Est-ce que ça te laisse le temps de lire autre chose ?

• - Pas cette année non.

• - Cette année, tu n'as pas lu ?

• - Que les oeuvres à lire en cours parce qu'il y a aussi à lire en langues. En anglais, on a à lire aussi. Donc, j'ai pas vraiment le temps... ou alors des oeuvres qui ont trait à la philosophie quand même... j'ai plus le temps de les lire.

• - Par exemple ?

• - J'ai lu "Les enfants sauvages" de Malson, "L'introduction à la philosophie" de Jaspers, et j'ai lu un livre aussi sur... qui a encore trait...

• - Donc tes lectures, cette année sont des lectures imposées. Tu es obligée de le faire pour ton bac ?

• - Oui, plus ou moins. Oui.

• - Donc, cela ne te laisse pas le temps ?

• - Ou alors je lis, c'est surtout des journaux étrangers que je lis plutôt cette année.

• - Qu'est-ce que tu lis ?

• - Je lis "L'Européen", en anglais.

• - Tu es en L.

• - Oui, je suis plutôt orientée vers les langues et...

• - Philo et langues. Lis-tu d'autres journaux ?

• - Là, j'ai "Vocable" en espagnol... et en allemand (rires).

• - Et en français ?

• - En français, le quotidien. Donc "Ouest France". Autrement je lis "Le Figaro" et "Le Monde", parce que mon frère est en droit... presque tous les jours. Il ramène un journal et puis je tombe dessus.

• - Tu les lis tous les jours ?

• - Oui, quand j'ai le temps.

• - Ça te prend pas mal de temps ces lectures chaque jour ?

• - Oui, ça me sert tous les jours quoi. Ça fait partie de mon travail.

• - De ton travail. Les lectures sont vraiment orientées... vers le bac ?

• - Oui, oui.

• - Et autrement en lecture de magazines ? Tu n'as pas le temps de te détendre ?

• - Non pas trop. Non. Ça m'a intéressée avant. Mais maintenant je m'oriente plus, plus vers les choses les plus concrètes de la société, tout ça.

• - Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?

• - Ben là, je veux faire une université... LEA... Je ne sais pas tellement... J'hésite entre droit et ça... parce que je veux garder mes langues, mais, en même temps, je veux faire quelque chose d'assez pluridisciplinaire.

• - Ce qui explique ton choix de revues.

• - J'aime beaucoup ça surtout (rires).

• - C'est plus une lecture-loisir qu'une lecture-travail ?

• - Non, plus cette année.

• - Et, l'année dernière ?

• - Oui. Surtout l'été dernier. Là, je lisais beaucoup, je lisais presque un livre par semaine.

• - Qu'est-ce que tu lisais ?

• - Tout. Là, l'année dernière, je me suis attaquée à Tolstoï. J'ai lu "Anna Karénine". J'ai aimé. Tous les auteurs français : Maupassant, Sand... Zola...

• - Un livre par semaine ?

• - Oui, parce que j'avais beaucoup de temps. Avant de m'endormir, je prenais au moins deux heures pour...

• - Tous les jours avant de t'endormir ?

• - Tous les jours oui. N'importe quelle heure... parce qu'il n'y avait pas de bruit. J'étais vraiment tranquille.

• - Il ne te faut pas de bruit pour lire ?

• - Oui.

• - Sinon, tu n'arrives pas à lire ?

• - Non, non.

• - Tu ne peux pas faire autre chose ?

• - Non, car sinon je suis obligée de relire, donc...

• - Les livres que tu avais lus l'année dernière, tu les as pris dans ta bibliothèque familiale ? Tu les avais achetés ?

• - Je les avais achetés.

• - Quand tu veux acheter un livre, où vas-tu ?

• - Ça dépendait. Quelques fois, j'entendais en cours pendant l'année. On en avait parlé... parlé des auteurs, et puis, comme j'étais en L l'année dernière, j'ai pas mal travaillé là-dessus en cours. Donc, il y avait des auteurs ou des titres qui m'avaient, ou des passages de textes, ou des extraits de textes qui m'avaient plu, et j'achetais après...

• - Donc, parfois, un extrait étudié en classe te poussait à chercher l'ouvrage dont il était tiré et le livre ne décevait pas ensuite par rapport à l'extrait ?

• - Habituellement non car je faisais bien attention. Généralement quand vraiment... parce qu'il y avait un déclic et que ça me plaisait et que je connaissais plus ou moins l'auteur donc.

• - Le déclic, c'est quoi ?

• - e ne sais pas.

• - C'est lié à l'auteur, au personnage, au style... ?

• - Ça dépend.

• - A l'ambiance générale ?

• - Oui, l'histoire et la manière dont c'est écrit. Je ne sais pas si... si c'est comme s'il y avait quelque chose qui passait si je comprends bien, si j'assimile bien et si je me sens concernée. Je ne sais pas. Ça dépend de l'auteur. Aussi, de l'écriture. Je ne sais pas trop. Il y a quelque chose qui fait que j'ai envie de lire.

• - S'il y a un lien entre toi et le texte que tu lis, là ça marche à tous les coups ?

• - Oui, généralement, oui.

• - Et, donc tu vas les acheter. Tu vas les acheter en librairie ? A Guingamp ?

• - Guingamp. Là, j'ai commencé à aller à Plérin. Au centre...

• - Au Centre culturel ¹⁶⁵ . Oui, il y a beaucoup de choix.

• - Il y a beaucoup de choses. Là, c'était là que j'avais acheté mon livre sur "Le discours".

• - Tu y vas régulièrement ?

• - Ça dépend. Mon frère est à Saint Brieuc. Donc, je vais de temps en temps, au moins une fois par mois.

• - Oui. Tu vas vers quel rayon quand tu entres ?

• - Plutôt vers les livres scolaires, les annales et tout ça et après je finis toujours, je passe une demi-heure devant les livres, les livres de littérature.

• - Le rayon poche ou n'importe ?

• - N'importe.

• - Par exemple, "Anna Karénine", tu l'as acheté en "Livre de poche" ?

• - Non, en "Livre de poche", oui.

• - Donc, le Centre culturel de Plérin qui est ton principal lieu d'approvisionnement ?

• - Parce que je peux rester dans ce Centre sans que quelqu'un vienne m'agresser tout de suite, me demander : Qu'est-ce que vous voulez ? . Là, je peux chercher vraiment. Je peux prendre un bouquin et puis, tout de suite tomber sur un auteur ou sur un titre qui va me plaire et qui va me rappeler quelque chose. Je vais prendre plutôt celui-là. Je n'ai pas une idée fixe quand je vais généralement là-bas.

• - Tu peux rester longtemps ?

• - (Rires) Longtemps (rires). Je ne sais pas. Je ne peux jamais calculer parce qu'on me dit toujours de partir. Je ne suis pas toute seule quand j'y vais.

• - Tu laisses tes parents faire leurs courses pendant ce temps-là ?

• - Non, j'y vais toujours avec mon frère. Il a toujours une idée précise. Il va prendre un bouquin de droit généralement et puis au bout d'une demi-heure, il en a assez.

• - Tandis que toi tu peux rester ?

• - Toute l'après-midi, je pense.

• - Tu te sens bien là ?

• - Oui, oui.

• - Généralement, tu en sors toujours avec quelque chose ?

• - Généralement oui.

• - Tu trouves toujours quelque chose ?

• - Je trouve toujours quelque chose.

• - Quelque chose que tu avais envisagée ou...

• - Quelquefois je trouve même un autre... non, je ne sais pas... c'est pas...

• - Tu es en recherche. Tu sors les livres des rayonnages et après ?

• - Je regarde ce qui a derrière. Je regarde pas la couverture parce que généralement ça influence quelquefois la couverture. Je regarde pas la couverture car je ne veux pas être influencée par la couverture. Je regarde derrière, les notes. Il y a soit des notes d'auteur ou un passage du texte. Généralement, en cours, j'ai été influencée par ces passages. Je regarde le passage et là, ça m'influence.

• - Après, tu ouvres...

• - Non, je n'ouvre pas le livre.

• - C'est la quatrième de couverture qui est déterminante ?

• - Oui, oui, et puis l'auteur aussi. Si je connais l'auteur, ça va plus m'influencer qu'à prendre un auteur inconnu. Un peu méfiante !

• - Si c'est un auteur inconnu ?

• - Si j'ai jamais entendu parler, j'aurais peur d'être déçu par l'écriture. C'est une valeur sûre l'auteur !

• - Et la valeur sûre, c'est ce que tu as vu à l'école ?

• - Oui, ou même ma connaissance personnelle sur l'auteur. Si j'ai lu un livre d'un auteur et qu'il m'a vraiment plu, là, il n'y a aucun problème.

• - Là, tu te sens bien avec ?

• - Je peux être déçue mais dans l'achat ça ne va pas compter.

• - D'accord. Donc, la couverture tu ne la regardes pas ?

• - La couverture, je ne regarde pas.

• - C'est l'éditeur d'ailleurs qui décide pour la couverture.

• - Et puis souvent, ça n'a pas de rapport, ça ne correspond pas et puis, il y a parfois des tableaux, un tableau comme un art peut ne pas nous plaire, et ça va nous influencer. Donc, je la regarderai après.

• - Donc, ce que tu fais avec les livres, tu ne le fais pas avec des revues quand tu vas au Centre culturel ?

• - Oui.

• - Tu es moins attirée par les revues que par les livres ?

• - Oui. Une revue... une revue, je vais l'acheter si le titre m'intéresse, si ce qu'il y a dedans... je vais l'ouvrir et le feuilleter avant d'acheter.

• - Qu'est-ce qui pourrait te pousser à acheter cette revue ?

• - Politique, je pense (rires).

• - Tu t'intéresses à la politique.

• - Oui.

• - Il t'arrive de lire plutôt les articles sur la politique. T'arrive-t-il de prendre un ouvrage sur la politique ? Qu'est-ce que tu as lu dans ce domaine-là ?

• - Oui, oui, souvent je m'attarde pas trop parce... Vous voulez dire des magazines ?

• - Non, un ouvrage.

• - Non je n'ai pas lu. je voudrais bien mais...

• - Ça t'intéresserait de voir les coulisses de la dernière campagne électorale ou les analyses des rapports entre Chirac et Balladur ?

• - Ça j'aime bien, ça j'aime beaucoup. Pendant les dernières élections, comme on avait beaucoup de temps l'année dernière, au lieu de revoir mon français pendant les heures de C.D.I., et bien, j'allais au C.D.I., et je prenais toutes les revues qui parlaient de ça, parce que j'aimais ça.

• - S'intéresser à la politique, ça pousse à s'informer et à lire ?

• - Oui. Je crois que ça m'a aidée parce que l'année dernière mon niveau d'écriture... J'avais pas fait une bonne année de seconde parce qu'on n'avait pas beaucoup travaillé. L'année de première a été plus dure et je pense que ça m'a aidée au mois de mai parce que j'étais vraiment.... tous les jours, c'étaient des articles, des articles, je continuais et je pense que ça m'a aidée au bac.

• - Pour écrire ?

• - Le style journalistique m'a aidée, je pense.

• - Tu fais un lien entre ce que tu lis et ta façon d'écrire. Est-ce que tu écris après à partir de ce que tu as lu ?

• - J'ai pas l'impression, mais je pense que ça m'affirme quand même.

• - Tu aimes bien écrire ?

• - 'aime bien écrire des lettres oui.

• - Tu aimes bien écrire des lettres, et écris-tu un journal ?

• - J'ai eu fait.

• - Quand tu écris, tu sens que ce que tu as lu...

• - Après. Pas pendant que je le fais. Mais après, même quand je rends des dissertations, parfois je suis contente de moi (rires), c'est rare (rires). Je retrouve des mots, un mot que j'ai appris, que j'ai trouvé un jour, je l'ai cherché dans le dictionnaire. Je vais l'écrire. Ça va me faire plaisir parce que je sais que ça m'aura servi à quelque chose.

• - D'accord.

• - C'est aussi ça.

• - Donc, l'année dernière, les lectures obligatoires en première, ça n'a pas été trop difficile ?

• - Non, il y en avait beaucoup que j'avais déjà lus.

• - Il y en avait beaucoup que tu avais déjà lus. Donc, ça n'a pas été une année douloureuse.

• - Non, pas à ce niveau-là parce que c'était une année vraiment où on avait le temps pour lire, on avait huit heures de permanence dans la semaine. C'était une année vraiment agréable.

• - L'année dernière, tu as lu beaucoup.

• - Oui beaucoup.

• - Un livre qui t'a marquée ?

• - En particulier... je ne sais pas... Non, j'ai pas...

• - Il n'y a pas un livre qui sorte de ton année ?

• - Qui soit représentatif de mon année ?

• - Qui vraiment surnage. Tu as lu combien de livres dans l'année ?

• - Je ne peux pas vous dire parce que... (rires). Je ne sais pas avec tous les livres qu'on avait à lire. Aussi non, je ne sais pas.

• - Plusieurs dizaines ?

• - Oui largement. Une vingtaine, je pense même.

• - Il n'y a en pas un qui surnage, qui te laisse un souvenir impérissable.

• - Si, parce que j'ai mis du temps à le lire, "L'éducation sentimentale", qui m'a vraiment... En plus, c'était après la Révolution. Ça m'a intéressée vraiment.

• - C'est celui que tu mets en tête ?

• - Oui, je pense, parce que je me suis vraiment appliquée à le lire. Je voulais v vraiment. Je prenais du temps et parce que... j'étais des fois obligée de revenir parce que c'est vrai, il n'est pas... Il fallait revenir sur les événements historiques et tout, que je ne connaissais pas forcément. Donc, j'ai pris du temps mais il m'a vraiment plu.

• - Tu as passé combien de temps avec ce livre-là ?

• - Je peux pas vous dire.

• - Cela t'a pris du temps mais ça t'a procuré du plaisir ?

• - J'arrivais à l'école, je l'avais dans mon cartable même si je ne le touchais pas de la journée, je le prenais à l'école, comme ça si j'avais une heure de permanence, je le prenais.

• - Donc, tu aimes bien les livres, c'est évident. Qu'est-ce qui a pu te pousser à bien les aimer ?

• - Heu... J'ai un esprit assez imaginatif quand même. Donc, je suis tout le temps sur mon petit nuage. Je suis tout le temps partie, partie ailleurs... jamais vraiment présente. On me dit tout le temps ? l'année dernière... depuis... ça fait deux ans ? que j'avais un esprit fantaisiste. La prof de français continuait à me dire cela, dans mon écriture et tout. Je me suis posé des questions et puis à la fin je me suis rendue à l'évidence que ça devait être vrai que... et, peut-être, je n'ai pas du tout l'esprit scientifique. Je pense que c'est ça qui me différencie.

• - Et depuis que tu es petite, tu as un rapport privilégié au livre. Tu as toujours aimé les livres ?

• - Oui, j'ai toujours aimé lire. Ben, disons que quand j'étais petite... ça va paraître bête mais je... je m'entraînais, j'aimais être toute seule et donc lorsque j'étais dans ma chambre, je faisais cours à mes poupées. J'étais la maîtresse. Puis je leur lisais. Je leur lisais des livres et ça m'aidait beaucoup en cours aussi, puisque ça améliorait mon niveau et j'étais toujours en train de...

• - C'est un jeu efficace !

• - Je faisais ça. Je prenais même mes devoirs, je les faisais. Après, une fois qu'ils étaient corrigés, le lendemain, je les reprenais, et puis je les corrigeais, je corrigeais les copies de mes élèves.

• - Depuis que tu es petite ?

• - Depuis que j'ai appris à lire, je pense.

• - Arrivée au collège, le rapport au lire a été aussi...

• - Au collège, j'ai eu plus de mal parce que, justement, j'avais été habituée à lire depuis le début... eh ben, j'avais un esprit trop compliqué dans mes rédactions. Mes profs me disaient que je compliquais trop. Donc, je sortais des mots, j'avais du vocabulaire qui ne correspondait pas, ne correspondait encore à une évolution normale. Je mélangeais tout ça. J'ai eu du mal avec ça. Ça était dur au collège au niveau du français avec les rédactions.

• - Et, autrement, au niveau lecture au collège, il n'y a pas eu de problèmes ?

• - Non du tout, non. Je lisais en quatrième comme je le faisais en seconde, je lisais les livres qu'ils lisaient... oui.

• - Ce que vous lisez au collège, tu le connaissais. Tu aurais préféré lire autre chose ?

• - Non, ça m'embêtait pas. Non, c'était non, au contraire, c'était agréable, ça ne m'apparaissait pas compliqué.

• Bien, on va passer au questionnaire.