DEUXIEME PARTIE

II-I LA PERIODE SENSORI-MOTRICE

La période sensori-motrice occupe la première période du développement psycho-génétique : il concerne donc le nourrisson, puis le petit enfant jusqu’à deux ans. Bien que pratique, c’est-à-dire fondée sur l’action et sur la perception, l’intelligence sensori-motrice n’en fonde pas moins la pensée.

Le mouvement d’adaptation qui caractérise la période sensori-motrice permet à l’enfant de passer progressivement d’une indifférenciation initiale à une différenciation d’avec le milieu. Sur les modes de l’action et de la perception, l’enfant se construit en tant que centre autonome, relié à d’autres centres autonomes, ainsi qu’à des objets constitués comme permanents. Les relations et les significations entre sujets et objets, régis par la causalité, s’organisent dans les cadres de l’espace et du temps. L’enfant distingue alors trois types de liaisons constitutives de l’interaction sujet, milieu :

  1. 1- la relation à lui-même,

  2. 2- la relation à l’objet ou à autrui,

  3. 3- la relation des objets ou des autruis entre eux.

Plus l’expérience sensori-motrice est riche et différenciée, plus l’enfant a la possibilité d’accéder à une pensée logique et signifiante pour lui et pour les autres: ‘«Plus les contacts que l’enfant a eus avec la réalité ont été variés et chargés de sens, meilleur sera le fondement intellectuel» 46.’ Ainsi, la période sensori-motrice apparaît comme le terreau de la pensée.

Après avoir brièvement introduit cette période nous donnerons les étapes principales de son organisation, en liant étroitement le développement de l’intelligence aux quatre constituants du réel : objet, espace, temps et causalité ; à l’imitation et au jeu. Puis au terme de ce chapitre, nous présenterons un tableau récapitulatif de la période sensori-motrice à travers ses aspects structuro-fonctionnels. Ce tableau aura pour vocation d’aider au diagnostic des enfants qui nous intéressent et se prénommera grille des indices cliniques.

Notes
46.

«Piaget à l’école», M. SCHWEBEL, J. RAPH, p.23.