1) Les deux premiers stades

1.1 Intelligence

L’intelligence pratique évolue en six stades correspondant à la différenciation, à la coordination et à l’organisation progressive des schèmes sensori-moteurs. La description de l’univers du nourrisson nous permet de saisir ce que sont les deux premiers stades. L’enfant vit dans un monde indifférencié où il est soumis à ses perceptions internes en même temps qu’aux stimulations externes : il n’y a pas encore de démarcation entre le dehors et le dedans, l’un prolongeant l’autre et réciproquement. Baldwin parle à ce propos d’adualisme 47. A cette période, rien n’existe en-dehors de l’activité perceptive, et de l’activité tout court de l’enfant. Il assiste à une simple collection d’événements surgissant dans le prolongement de son activité, et s’évanouissant lorsque l’activité cesse.

En ce qui concerne le développement général, c’est la période des purs réflexes (stade I) et de l’acquisition des habitudes élémentaires (stade II).

Au premier stade, les réflexes ou montages héréditaires tels que la succion, la vision, l’audition, etc... sont les seuls instruments dont dispose l’enfant pour s’adapter à la réalité extérieure. Cette articulation progressive s’effectue par l’exercice des réflexes, permise en cela par l’assimilation fonctionnelle inhérente au développement, proprement sensori-motrice, et unissant de fait le monde extérieur au monde intérieur. Par la répétition puis par la récognition pratique et enfin la généralisation, elle offre la possibilité au nourrisson de s’adapter aux divers objets avec lesquels il entre en contact.

Au deuxième stade, l’assimilation fonctionnelle se prolonge en réaction circulaire primaire. Elle diffère du réflexe en ce sens qu’elle implique la découverte et la conservation du nouveau. Pour conserver le nouveau ou retrouver un résultat intéressant, l’enfant va répéter l’action et acquiert ainsi des habitudes. En répétant l’action il n’entre pas dans un automatisme, car le résultat obtenu est assimilé à un schème antérieur ; il s’agit bien plutôt d’accommoder ce schème au résultat nouveau.

D’une façon générale, la réaction circulaire englobe les deux processus fonctionnels que sont l’assimilation et l’accommodation. Partant d’une indifférenciation initiale (stade I), c’est au cours du deuxième stade qu’assimilation et accommodation commencent à se différencier en raison de l’application du schème à des situations nouvelles.

Le niveau de structuration cognitive propre à ces deux premiers stades, entraîne une centration de l’enfant sur son propre corps. Partant de là il construira le premier type de liaison : la relation à son propre corps.

Notes
47.

«Conscience adualistique» de JM BALDWIN.