Le temps primitif est une durée sentie par le tout jeune enfant au cours de l’activité. Cette durée est caractérisée par des impressions telles que l’attente, l’effort et la satisfaction ou non relatives à l’échec ou à la réussite.
Au premier stade, l’enfant coordonne ses mouvements dans le temps et réalise certaines actions avant d’autres. Par exemple, il sait diriger sa main vers sa bouche, et aussi diriger sa bouche vers son pouce avant de le sucer.
Au deuxième stade, il coordonne ses perceptions dans le temps, et utilise même l’une comme signal de l’autre. Il sait par exemple, tourner la tête lorsqu’il entend un son, et chercher à voir ce qu’il a perçu. La perception auditive signale la perception visuelle. Comme le dit Piaget, l’enfant éprouve une succession de perceptions, mais il n’a aucune perception de la succession. Il ne commencera à tenir compte de l’ordre de succession des événements que lorsque lui-même introduira cet ordre au sein des événements.
En conséquence, dans les séries pratiques construites à ces stades, nous pouvons noter l’absence d’ordination selon le modèle cause → effet. L’ordination existe seulement selon le modèle état1 succédant à état2, sans lien de causalité.
Le jeune enfant ne perçoit pas la succession, nous l’avons dit, mais ceci est également dû au fait que nous sommes en présence d’une réaction circulaire primaire. Nous avons affaire à un schème global sans distinction des moyens et de la finalité. L’enfant ne peut donc pas prendre conscience des moments successifs qui caractérisent son activité pour la simple et bonne raison qu’elle se présente à lui comme un tout. ‘«Le temps des deux premiers stades est un temps pratique, reliant entre eux les mouvements successifs d’un même schème, mais inconscient de son propre déroulement et donnant tout au plus occasion à des sentiments d’attente, d’effort, d’arrivée au but... etc, caractéristiques de la durée purement psychologique.» 50 ’
«Construction du réel», J. PIAGET.