3.2 La causalité

Le quatrième stade marque un progrès dans l’objectivation de la causalité qui va de pair avec le caractère intentionnel et nouveau des conduites, et dans la spatialisation.

Dans le cas de l’objectivation, on assiste à une transformation de la relation à l’objet : l’enfant cesse de considérer sa propre activité comme seule source de causalité, et il commence à attribuer à l’objet et à autrui une certaine potentialité. Ceci l’amène à faire deux espèces nouvelles d’expériences :

  • - l’action par contact,

  • - l’aptitude à «laisser agir» l’objet ou autrui.

Dans le cas du début de spatialisation de la causalité, l’enfant commence à établir des liaisons spatiales en effectuant intentionnellement des contacts en vue d’un effet.

Bien que l’enfant différencie mieux ce qui revient à la cause et ce qui revient à l’effet, la causalité demeure encore dépendante de l’action propre. Et même si l’efficace concentrée dans le geste propre se décentralise, s’objective et se spatialise en se transférant sur les intermédiaires, l’enfant cherche encore à agir par des procédés qui relèvent de l’efficace comme agiter la main ou se cambrer pour obtenir telle conséquence 61.

A propos de la constitution du «moi» et «d’autrui» par la causalité via l’imitation, l’évolution par rapport au stade précédent se révèle notable. L’enfant cesse de considérer son action comme unique source de causalité et commence à expérimenter le «laisser-agir» autrui. Dans le même temps, la causalité via autrui se défait d’une certaine efficace : l’enfant qui désire faire persister un spectacle intéressant ne va plus seulement entrer en contact, ou par exemple frapper la main de l’autre, mais va pousser la main vers ce qui permettra l’effet.

Cependant, en ce qui concerne la causalité attribuée à l’autre en-dehors de l’activité de l’enfant, c’est-à-dire du troisième type de liaison, il est fort probable d’après Piaget que l’activité de l’autre dépende sans plus de l’activité de l’enfant. ‘«Il se cambre... comme si les actes d’autrui dépendaient sans plus des désirs et des gestes propres» 62

Notes
61.

«La construction du réel chez l’enfant», J. PIAGET, p.230-231.

62.

Idem, p.231.