L'enfant cependant, non seulement n'est pas préparé à comparer d'autres points de vue au sien propre, mais il se heurte aussi à des écueils qu'il a déjà rencontrés et surmontés au niveau sensori-moteur. En cela Piaget parle de parallélisme entre le sensori-moteur et le pré-opératoire : et nous allons donc à nouveau assister à un retour de force de l'égocentrisme sous les formes :
d'une centration excessive sur le moi ;
d'une indifférenciation à nouveau de l'assimilation et de l'accommodation. A ce moment là l'accommodation au réel est sans cesse entravée par l'assimilation des données du réel à l'activité propre qui considère le point de vue propre comme l'expression de l'absolu.
Si les choses restaient en l'état, l'enfant stagnerait à la surface des choses et dans l'expérience immédiate mais il n'en sera pas ainsi. ‘"Au lieu de demeurer à la surface des choses, l'enfant pénètre dans son intimité, cherche les régularités et devient capable d'expérimentation réelle pour les établir" 84 ’. Effectivement, l'enfant peu à peu par l'échange et les autres moyens dont il dispose pour communiquer, sous-tendus par la différentiation progressive de l'assimilation et de l'accommodation, va reconstruire son expérience sensori-motrice en tenant compte des données du réel. A terme, il y aura décentration du point de vue propre vers le milieu extérieur et construction de relations logiques et de représentations adéquates reconnues par tous. L'enfant accède ainsi à la multiplicité des points de vue et à la coopération.
"La construction du réel chez l'enfant" J. PIAGET, p.338.