b) Le deuxième type de liaison ou l’articulation sujet/autrui

La centration de l’enfant sur sa propre activité apparaît comme un écueil à la construction des relations diversifiées car elle ne l’incitera pas à prendre en compte l’action d’autrui et à articuler son action à la sienne. L’articulation de sa propre action à l’action d’autrui constitue le prémisse sensori-moteur de la coordination ultérieure des points de vue. Mikrabane nous donne un exemple de ce fonctionnement que nous pourrions caractériser "d’enfermement" en soi-même. Jusqu’à la fin de la situation et bien qu’elle nous voie cacher l’objet sous un écran, elle soulève deux, voire trois coussins avant de le découvrir. Ce faisant, elle révèle un grand plaisir à agir de la sorte. Cette recherche détachée de nos actions et de la position de l’objet s’apparente à un comportement de très jeune enfant ou d’enfant autiste.

Medhi, à un degré moindre donne à observer un exemple similaire. En effet, au cours de sa deuxième recherche de l’objet, il soulève deux coussins avant de le découvrir. Les sept enfants dont nous avons discuté précédemment, en retournant d’une quelconque façon à la position initiale de l’objet dénotent une pauvreté de l’articulation de leurs actions aux nôtres. Seul Ferdi cherchera l’objet là où il nous a vue le dissimuler, il articulera donc son activité aux déplacements de l’objet que nous avons effectués. Sa réponse à la question "comment savait-il que l’objet était là ?" tient compte de notre action : "parce que tu l’as jeté là-bas !" Il est le seul actuellement à s’exprimer de la sorte. Envisager l’action d’autrui constitue un autre niveau de perception et de compréhension de l’activité, cela nous laisse supposer que l’enfant a conscience des moments différents : celui où autrui a agi et par différenciation celui où lui-même a agi et, qu’ainsi il relie un état actuel à un état antérieur.