a) Les conduites d'identification

1) L'identification de l'objet dépend des actions : s'approcher et voir

un chausson : "je vois pas". Il se lève : "une pantoufle" (Mabrouk) ;

une boîte d'allumettes : "je connaîs pas" ; il se lève, la prend et la secoue (Ridouane).

La difficulté à identifier à distance et de fait, à nécessairement s'approcher, se rapporte à un premier rapport spatial de proximité que nous avions évoqué dans une situation précédente. Lorsque l'identification à distance pose déjà problème à l'enfant, nous pouvons nous questionner sur l'état de ses compétences concernant la lecture d'indices permettant de reconstituer le tout ; mais aussi de ses compétences à identifier un objet absent, comme ce sera le cas dans la prochaine situation.

2) L'identification de l'objet par l'activité perceptive à distance et prise d'indice

tous les cas où l'enfant reste assis et donne une réponse cohérente.

3) L'identification de l'objet par prise d'indices, recherche et émission d'une possibilité

un filtre à café : "je sais pas... ah... c'est (il cherche). On dirait que c'est une tasse de café" (Ydrix) ;

une carotte : "une queue... une carotte ! c'était tordu et j'ai cru que c'était une queue de dinosaure" (Ydrix).

Ce dernier type d'identification avec émission d'une autre possibilité, est unique et non caractéristique de nos protocoles. En revanche ce qui est caractéristique c'est la totale impossibilité de nos sujets à envisager qu'un objet puisse être autre chose que ce qu'il est.

Nos observons ceci avec la cuillère et la fourchette dont nous montrons le manche :

Mabrouk (6,3) " Une cuillère. Est-ce que ça peut être autre chose ? Non... c'est une cuillère".
Oussama (6,2) "Une cuillère. Est-ce que ça peut être autre chose ? Oui. Quoi ? Une cuillère pour manger... de la salade. Autre chose ? Moi je l'ai les cuillères." Nous lui montrons l'objet.
Ydrix (7,5)
- un manche de fourchette
"Une fourchette. Comment sais-tu ? Parce que j'ai vu. Qu'est-ce que tu as vu ? La tête, là" et il montre sa tête. "Est-ce que ça pourrait être une cuillère ? Non. Pourquoi ? Parce que ça peut être une fourchette".
- un manche de cuillère "C'est une cuillère. Comment tu sais ? Parce que j'ai vu sa tête. Est-ce que ça pourrait être une fourchette ? Non. Pourquoi ? ça pourrait être une cuillère."

Cécile (6,1) "Cuillère ! Est-ce que ça peut être une fourchette ? Oui, c'est une fourchette dit-elle. Est-ce que ça peut être une cuillère ? Non, pa'que c'est une fourchette." Aussitôt, elle change d'avis : "c'est une cuillère". Nous lui montrons. "J'ai pas gagné".

L'objet "est quelque chose" et de fait ne peut être "autre chose". Ce raisonnement centré sur la perception rappelle les raisonnements relatifs à la position absolue de l'objet des premières situations où celui-ci ne pouvait être à un autre endroit puisqu'il était là". Ainsi nous pouvons peut-être faire un parallèle entre la position absolue d'un objet, et la signification absolue d'un objet dans les premiers stades de l'élaboration du système des significations.