b) Les conduites de recherche

Cinq enfants n'ont pas la conduite de recherche dans l'espace de la salle et sans notre aide, ne réussissent pas. Ces enfants ne tiennent pas compte de la direction donnée : soit ils commencent par s'y rendre puis reviennent en retournant à des endroits où ils ont trouvé des objets précédemment (Ferdi, Mikrabane, Mabrouk). Soit ils sont inhibés, ne savent quoi entreprendre et s'en reviennent vers nous, ou restent près de nous (Oussama, Medhi, Mikrabane). Chacun de ces enfants manifeste une vive inquiétude à effectuer ce qui leur est demandé.117

Une enfant, Cécile, a la conduite de recherche dans la salle mais elle perd l'objectif et se trouve dans l'obligation de revenir vers nous afin de poursuivre sa recherche.

D'une façon générale, ces six enfants bien qu'ils aient perçu l'objectif à réaliser, l'abandonnent faute de maîtriser les étapes intermédiaires afin de réussir.

Un enfant anticipe sur les multiples directions à explorer en les désignant avant de rechercher. Sa conduite de recherche consiste à se déplacer en diverses directions, en tout premier lieu à une position où il a déjà trouvé un objet, mais à aucun moment, il ne recherche activement. En effet, il reste très centré sur lui-même ; nous nous en apercevons lors de ses passages devant le grand miroir où il se regarde longuement. En conséquence de quoi il ne perçoit pas vraiment ce qu'il y a à l'extérieur (Ydrix).

Nous pensons qu'en ce qui le concerne, il n'aurait pas trouvé l'objet sans notre aide.

Un enfant a la conduite de recherche et met en place toutes les actions intermédiaires lui permettant de trouver l'objet. Seul Mustapha retrouve l'objet d'une façon autonome.

Nous pensons que les difficultés des enfants résident sans doute dans la faiblesse de l'activité coordonatrice des schèmes transitifs et des schèmes finaux dans le cas d'une situation relative à l'évocation d'un objet absent. Il est fort probable que si nous avions montré à l'enfant le marteau avant de le cacher, les conduites auraient été différentes. L'objet en ce cas aurait été plus "réel", l'évocation seule, aura rendu la situation difficile à réaliser. Rappelons-nous Mabrouk lors de la situation-problème n° 9 nous demandant de faire du bruit avec l'objet caché dans notre dos avant d'entreprendre sa recherche, et l'inclinaison des enfants à chercher à s'approcher, et à voir l'objet d'une façon générale. Ils ont encore grandement besoin de s'appuyer sur leurs perceptions.

De plus entre Ridouane, qui est dans l'impossibilité d'envisager une quelconque activité, et ceux qui errent à travers la salle et perdent l'objectif, nous pouvons difficilement envisager que la représentation dirige leur recherche, ni même qu'il y ait combinaison mentale par avance. En effet, effectuer une action par combinaison mentale ‘"cela suppose que le sujet se représente les données offertes autrement que par la perception, il corrige en esprit la chose qu'il regarde, c'est-à-dire qu'il évoque des positions, des déplacements sans les voir dans son champ visuel". 118

Notes
117.

A ce propos se référer à la thèse de doctorat de Gérard GREPPO "Analyse des résistances rencontrées chez le sujet dans le diagnostic et la remédiation opératoires avec l'expérience de son milieu" qui démontre l'angoisse provoquée par l'inhibition de l'opérativité.

118.

"Représentation imagée et construction de la pensée", Dongo MONTOYA, p.529, Bulletin de psychologie, tome 1.