Nous observons un inachèvement de l'activité exploratoire et de l'activité ludique du sujet, celles-ci se référant de façon globale à un fonctionnement relatif au stade IV du niveau sensori-moteur. En effet, les coordinations de schèmes de notre sujet s'apparentent à des coordinations de schèmes secondaires qu'il adapte aux situations nouvelles.
A plusieurs reprises les nouvelles coordinations ont été appliquées à des faits nouveaux :
La coordination élaborée en vue de chercher un objet sous une succession d'écrans a été appliquée aux situations n° 6 et 7.
La coordination de schèmes par assimilation réciproque de la vision et de l'audition dans la recherche d'un objet a été appliquée aux situations n° 12 et 14.
Les coordinations perceptives ou régulations perceptives élaborées au cours de la recherche de l'objet manquant ont été appliquées à la situation n° 11 de la correspondance bouchons et bouteilles.
Ce niveau, somme toute, assez sommaire de coordination des schèmes, établi par le sujet s'incarne au niveau logico-mathématique dans :
la non-prise en compte des déplacements visibles de la situation n° 1 et le retour à la position antérieure de l'objet ;
la non-construction du groupe des déplacements relatifs à l'accommodation visuelle aux mouvements rapides ;
la non-construction de la conduite du détour ;
la non-construction du groupe des déplacements dans un espace vaste ;
la non-construction du groupe des déplacements dans le sens de la profondeur.
Au niveau de la connaissance physique de l'objet, nous observons des compétences à identifier à distance un objet à partir d'une de ses fractions visibles. En revanche il y a pauvreté de l'identification de l'objet physique dans ses transformations.
En effet dès qu'il s'agit d'identifier l'objet dans ses relations aux autres objets, comme dans les situations n° 10 et 11, nous remarquons des compétences. En cela, nous reconnaissons la prédominance de la connaissance logico-mathématique sur la connaissance physique, cette dernière mettant en jeu les transformations de l'objet lui-même.
Cette difficulté à appréhender les transformations intrinsèques de l'objet, et en fin de compte à privilégier l'activité perceptive s'explique, d'une façon générale par l'inexpérience de notre sujet, et plus précisément par le niveau d'exploration qu'il a atteint. Le primat du IVe stade de l'activité exploratoire à partir de laquelle notre sujet s'est organisé, n'a pas été propice à l'établissement de la manipulation des objets, dans le contexte de "l'exploration pour voir" et maintient notre sujet dans la prédominance de "l'objet contextualisé".
Néanmoins, en cours de situation le sujet accède :
à une conduite exploratoire de l'objet, intermédiaire entre le IVe et Ve stade 124, où il expérimente de longues observations visuelles, ainsi qu'une exploration tactile à base de schèmes simples et connus.
à une conduite de jeu sensori-moteur où l'activation successive de schèmes simples s'effectue par pur plaisir fonctionnel (secouer des cubes, situation n° 12 ; remuer des objets et faire du bruit, situation n° 14).
à une conduite de jeu symbolique où à partir d'un objet il reconstitue une coordination d'actions quotidiennes en y prenant beaucoup de plaisir.
A noter, que le retour à des situations qui auraient dû présider à la construction de l'invariant de permanence aura entraîné des modifications de l'ensemble de l'organisation cognitive de l'enfant. Ce qu'Inhelder a nommé, facteur d'apprentissage interne, et relatif à la passation d'épreuves. En l'état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons apprécier les éventuelles modifications et nous limitons à l'observation des faits.
Dans le cadre de l'action, toujours plus précisément de l'articulation du sujet à autrui, nous observons une forte propension du sujet à s'adapter à autrui dans :
son observation et son attention à autrui ;
sa demande d'alternance afin d'imiter l'activité d'autrui ;
la coordination adéquate de son activité en alternance avec autrui (situation n° 5).
Situons à présent notre sujet sur l'axe sensori-moteur et caractérisons son niveau de permanence.
CENTRATION DECENTRATION | |||||
I et II | III | IV | V | VI | |
Infra-logique | * | ||||
Logico-mathématique | * | ||||
Permanence de l'objet |
Nous situons et définissons l'organisation des structures et du fonctionnement sensori-moteurs de Mikrabane entre les stades IV et V, suivant qu'il s'agit de connaissance logico-mathématique ou de connaissance physique. Ainsi, il y a oscillation car non-coordination entre les deux sous-systèmes. L'espace, l'objet, le temps et la causalité se rapportant, suivant les situations soit à l'une, soit à l'autre des connaissances, relèveront du IVe ou du Ve stade. En conséquence la non-fermeture du système général, autrement dit l'inachèvement du schème permanent existe et se maintient au travers des oscillations, entre les sous-systèmes : objet, espace, temps et causalité ainsi qu'entre les sous-systèmes infra logique et logico-mathématique.
Se référer à la grille des indices cliniques sensori-moteurs.