I. C. Pour une société nouvelle : Lettres aux paysans sur la pauvreté et la paix365 comme modèle

Comme son titre l’indique, cet essai présente deux volets essentiels : l’un est lié à la situation sociale et économique des paysans, l’autre est en rapport avec la guerre et la paix.

Dans ce texte, il est question de problèmes qui touchent à la vie des paysans elle-même, c’est-à-dire au travail, à la production, à l’argent et à l’économie du marché.

Par exemple, le narrateur montre qu’en produisant plus qu’il ne leur en faut, les paysans perdent, car ils sont exploités par les bourses, le gouvernement, les spéculateurs, etc. Alors qu’ils croient s’enrichir, ils deviennent plus pauvres. La valeur du blé n’est jamais, selon lui, équivalente à la valeur argent-papier. Il explique la faillite de certains paysans malgré l’accroissement de leur production. En outre, le narrateur évoque le problème de la spécialisation des cultures qui ne permet plus aux paysans l’autosuffisance, puisque chacun devient dépendant des autres. Les petits paysans qui cultivent la terre juste pour leur propre nourriture, conservent au contraire leur liberté. Le gouvernement n’a aucune prise sur eux. Le narrateur leur explique le sens de la richesse et de la pauvreté. Il explique aussi comment on peut atteindre la joie et la liberté.

En outre, le lien qu’il établit entre la situation des paysans et la guerre est important. En effet, en essayant de produire davantage, les paysans peuvent, sans le vouloir, contribuer à l’effort de guerre que prépare le gouvernement. Il explique aussi comment en lui inculquant de fausses valeurs on est en train de préparer le paysan à cette guerre. Car c’est le paysan qui est envoyé en premier sur le front. Les ouvriers, eux, on les envoie à l’usine pour la fabrication des armes. L’auteur parle alors du rôle que les paysans doivent jouer pour lutter contre la guerre. Ils doivent, selon lui, détruire le surplus de leurs stocks de blé, car le blé devient aux mains du gouvernement une arme de guerre‘. « Le blé qui était l’aliment de la vie, ils en ont fait l’aliment de la mort »’ (VII, 581).

Giono donne des mesures pratiques que les paysans peuvent prendre contre la guerre.

Tels sont les thèmes généraux que propose cet essai et qui relèvent des préoccupations de Giono à cette époque. Il sont de deux ordres : des thèmes en rapport avec la vie des paysans qui, selon l’auteur, sont victimes du système économique et politique en place, comme ils sont victimes du progrès technique et de l’industrialisation de l’agriculture. Puis des thèmes qui sont en rapport avec le pacifisme. Selon Giono, les paysans sont capables d’éviter le recours à la guerre et de l’arrêter au cas où elle viendrait à éclater.

Voyons cela en détail.

Notes
365.

Texte écrit entre juillet et août 1938 et publié la même année.