Conclusion sur Le Poids du ciel

Le Poids du ciel s’inscrit dans la lignée des autres essais pacifistes, puisqu’il y est question à peu près des mêmes idées. Mais ce qui distingue ce texte, c’est d’abord le fait que Giono n’inscrit pas ces idées, pourtant en rapport avec l’actualité, dans une temporalité précise. Certes l’auteur évoque une période qui précède la rédaction du texte, reproduit des titres d’articles relatifs aux événement de l’époque, mais il ne donne pas de dates précises. Les questions dont il parle débordent un peu du cadre temporel et spatial précis (sauf pour l’évocation de la ville de Marseille). Pourtant, comme on l’a vu, c’est la question du temps et de l’espace qui occupent les deux premières parties. L’actualité est présente non pas directement comme dans Refus d’Obeissance ou dans Précisions qu’il écrira après, mais un peu de biais, si l’on peut dire. L’auteur l’aborde à travers les différentes oppositions et rapports qu’il établit entre les différents thèmes, comme l’opposition de la pureté à l’impureté, les rapports entre les différents ordres de grandeur que lui inspirent le mouvement de la terre et les distance entre les étoiles, ou encore rapport entre le « poids du ciel » et la condition humaine. Ce qui semble encore distinguer Le Poids du ciel, c’est l’entremêlement des différents modes et registres de l’écriture. Par exemple, contrairement à la concision qu’exige l’essai, l’auteur, particulièrement dans ce texte, utilise un style dont le foisonnement des images est la principale caractéristique. Le lyrisme débridé qui semble bien répondre au sujet abordé, surtout dans la première et la deuxième partie, exige cette variété des images. Face aux étoiles et à l’univers, l’auteur exprime son exaltation et laisse toute liberté à son imagination. Mais le pari, qui semble avoir été tenu par l’auteur, c’est de concilier ses idées sur le pacifisme avec une grande méditation sur l’univers.