La problématique : métapolisation et rôle des centres urbains secondaires

Il nous semble pourtant que ces interrogations valent la peine d’être étudiées. Pouvons-nous imaginer en effet que ces centres urbains secondaires soient insérés physiquement dans l’aire de fonctionnement des métapoles sans avoir été affectés par les dynamiques qui travaillent ces territoires ? Est-il concevable qu’ils soient restés étrangers au système socio-spatial qui au minimum les entoure de toutes parts ? Par leur position géographique, ont-ils pu être insensibles au double renforcement fonctionnel des hyper-centres métropolitains et des polarités périphériques ? Ceci nous paraît difficilement envisageable, d’autant que ces dynamiques métapolitaines intéressent directement les rôles qui leur étaient traditionnellement dévolus.

Le coeur des métropoles a continué à concentrer les fonctions les plus nobles, notamment les services de haut niveau aux ménages et aux entreprises. En parallèle, des plates-formes périphériques se sont constituées et rassemblent désormais une part notable du commerce, de la production industrielle et de la logistique.

Pris dans cette tension entre un double renforcement des hyper-centres métapolitains et des polarités périphériques, la question du devenir des bourgs et des petites villes proches des métropoles nous semble se poser.

Leur fonction traditionnelle d’encadrement du territoire était fondée sur un monopole de fait en matière commerciale et tertiaire par rapport à une population locale, dont les recours en ces deux domaines s’effectuaient en vertu d’un principe de proximité spatiale optimale. Or ces dernières années, les plates-formes commerciales ont durement concurrencé les noyaux urbains secondaires tout comme l’agglomération centrale d’ailleurs. La montée de la mobilité quotidienne a rendu accessible l’hyper-centre et son panel de services ô combien plus étoffé, à des populations habitant jusque dans des périphéries très éloignées.

Les fonctions ancestrales des bourgs et des petites villes dans les processus de production pourraient également être mises à mal par les mutations en cours. Les plates-formes industrielles ne les concurrencent-elles pas en tant que centres de production et les plates-formes logistiques en tant que villes-relais9 ? L’intégration croissante de l’agriculture dans de vastes filières agro-alimentaires ne pourrait-elle pas non plus leur faire perdre leur rôle traditionnel en la matière ?

Les dynamiques métapolitaines nous semblent, en somme, à même de bouleverser le rôle traditionnellement joué par les centres urbains secondaires. Ce bouleversement est potentiellement d’importance puisqu’il pose en dernière analyse la question du devenir, de la place, du rôle ou encore des fonctions des noyaux urbains secondaires dans ces nouveaux systèmes socio-spatiaux urbains.

Notes
9.

Fonction traditionnelle de nombre de villes du couloir séquano-rhodanien notamment.