Une hypothèse : la participation des noyaux urbains secondaires au fonctionnement métapolitain en tant que centre de services simples aux ménages

Pour autant devons-nous penser que ces bourgs et ces petites villes soient ou puissent se trouver à terme totalement dépourvus de toute fonction dans la nouvelle organisation urbaine ? Nous ne le pensons pas. Tant il est vrai que tout ce qui existe à un sens, force est de constater que ces agglomérations périphériques n’ont pas disparu : elles n’ont pas été dissoutes par la périurbanisation, elles se distinguent toujours dans les paysages. Elles marquent même encore largement les consciences, notamment celles des populations périurbaines qui vivent auprès d’elles et pour qui ces centres de village, de bourg ou de petite ville restent une référence au moins symbolique. Cette persistance dans les esprits et sur le territoire nous conduit à poser l’hypothèse que les dynamiques urbaines actuelles leur reconnaissent un rôle dans le fonctionnement métapolitain ou à l’inverse, qu’elles ne leur concèdent pas seulement une place dans l’aire de fonctionnement de ces métapoles.

Cette proposition semble étayée par les récents travaux menés par J.P. Laborie dans la région Midi-Pyrénées. Il y a notamment relevé que ‘« la proximité des aires métropolitaines exerce une influence décisive sur les petites villes »’ 10. Sur trente ans, cette influence s’est concrètement traduite par une augmentation importante des services aux ménages, un essor plus limité et plus ciblé des services aux entreprises, ainsi qu’une baisse du commerce de détail et des activités de production agricole et industrielle. Pour l’essentiel, les observations de J.P. Laborie nous suggèrent que les centres secondaires à proximité des métropoles sont bien affectés par les dynamiques métapolitaines. Ils semblent certes durement soumis à la concurrence des hyper-centres et des polarités périphériques mais dans le même temps ils bénéficient d’un développement de services à la population. Ce dernier phénomène ne doit-il pas être mis en parallèle avec la périurbanisation des ménages ? Ceci n’indiquerait-il pas que les bourgs et les petites villes conservent non seulement quelques fonctions mais aussi un rôle du moins vis-à-vis des ménages qui les entourent ?

Même s’il n’est pas question pour l’heure de trancher quant à la réalité de ce lien supposé entre périurbanisation et essor tertiaire, il nous semble néanmoins que cette piste est intéressante. Elle pourrait nous permettre d’entrevoir quelles fonctions ont été allouées aux noyaux urbains secondaires par le processus de métapolisation et à travers cela, le rôle qu’ils tendent à jouer dans les métapoles non seulement individuellement mais aussi collectivement.

La périurbanisation en effet n’a pas seulement inséré individuellement des bourgs et des petites villes dans de vastes régions urbaines. Elle a aussi et en cela englobé tout ou partie de ce qui formait hier une armature interurbaine, une armature à laquelle participait d’ailleurs également l’agglomération centrale. Ces centres urbains ont pu être analysés individuellement comme autant de places centrales structurant leur environnement immédiat. Ils ont pu l’être aussi collectivement en tant qu’armature structurant l’ensemble du territoire. Dans l’un et l’autre cas, leur incidence territoriale découlait en partie des services aux populations qu’ils concentraient par excellence. Ne pourrions-nous pas considérer en conséquence que si la métapolisation confirme, voire renforce les noyaux urbains secondaires en tant que centres de services (même simples) aux ménages, elle les conforte d’une certaine manière individuellement et collectivement en tant qu’éléments de structuration de l’ensemble de la métapole du moins en certains domaines ?

Cette possibilité si elle se confirme, nous permettrait d’affiner notre compréhension du fonctionnement et de l’organisation de ces nouveaux systèmes socio-spatiaux en nous évitant plus particulièrement de trop les réduire à leurs figures déjà emblématiques : l’agglomération centrale et ses franges périurbaines. Elle ouvrirait même de nouvelles perspectives quant à leur aménagement notamment et surtout sur leur périphérie, où la relative dispersion des ménages rend souvent problématique ne serait-ce que la localisation des services et des équipements nécessaires à leur vie quotidienne.

Notes
10.

P. 7, Laborie J.P., 1995.