Le lieu : la métropole lyonnaise

Pour tenter d’appréhender au mieux l’évolution des noyaux urbains subalternes pris dans la mouvance des métropoles, nous avons choisi d’étudier le cas lyonnais. Cet exemple a été retenu pour deux raisons essentielles.

La première, l’honnêteté veut qu’elle soit exposée explicitement, est que nous sommes originaires de cette ville et que nous y habitons. Son histoire particulière et sa situation actuelle nous sont plus familières et l’accès à différentes sources plus aisé que si nous avions dû traiter d’une ville lointaine et inconnue. Mais ceci n’est pas la seule raison à avoir dicté notre choix.

Nous pensons également que Lyon est un excellent cas d’espèce. Métropole incontestée, elle forme avec les autres agglomérations de sa proche région une armature urbaine régulière tant dans son maillage territorial que dans sa hiérarchie. Ces villes entretiennent des liens anciens et étroits datant de la proto-industrie de la soie. Ces relations se sont perpétuées par la suite lors de la première, puis de la seconde révolution industrielle avec notamment l’industrie textile, métallurgique et mécanique. La métropolisation enfin, a profondément travaillé l’agglomération lyonnaise proprement dite, mais aussi plus globalement toute sa périphérie. Après une très forte croissance des banlieues, la périurbanisation s’est développée à partir des années 1970 et a pris des proportions de plus en plus importantes atteignant, puis englobant une large part de la galaxie des noyaux urbains de la grande périphérie lyonnaise.

La région lyonnaise nous offre en définitive un exemple particulièrement intéressant dans le cadre de notre problématique. Elle offre a priori l’image de ce que nous entendons par métapole : une grande agglomération centrale avec ses franges périurbaines d’où émergent des centres périphériques. La puissance héritée de cette armature urbaine peut également nous laisser supposer que cette dernière est restée très prégnante et qu’elle conserve un poids si ce n’est un rôle dans l’organisation d’ensemble de ce système socio-spatial élargi. L’antériorité des liens entre la métropole et les agglomérations secondaires peut enfin nous faire penser que ce système urbain déjà habitué aux complémentarités dans le cadre d’une vieille division spatiale du travail, s’est plus facilement et plus largement engagé dans une intégration plus poussée : une véritable répartition des tâches nécessaires au fonctionnement quotidien d’un seul et même système socio-spatial.

Si cet exemple nous semble potentiellement emblématique de la transformation d’une agglomération en métapole, il aura néanmoins les défauts de ses qualités. Les enseignements que nous en tirerons ne seront sans doute pas toujours transposables à d’autres régions, notamment sur la côte méditerranéenne où l’armature urbaine est historiquement moins métropolisée et où la primatie d’une ville sur les autres est traditionnellement moins marquée.