Un cadre d’étude : le périmètre de la Région Urbaine de Lyon

L’exemple lyonnais étant choisi, quel périmètre prendre pour suivre la métamorphose de cette agglomération en métapole ? Nous pourrions opter pour l’espace considéré comme étant la région lyonnaise par D. Pumain. C’est-à-dire ‘« une partie de la Saône-et-Loire, le couloir rhodanien jusqu’à Valence, le rebord oriental du massif central par ses sillons et la plus grande partie des Alpes du Nord, qui sans être sous la dépendance directe du centre lyonnais, participent à sa dynamique et bénéficie de sa situation »’ 11. Cependant outre la taille de ce périmètre et le flou de ses marges, ce qui est privilégié ici ce sont les relations économiques dans le cadre des processus de production et d’échanges. Or, ce que nous intéresse, ce n’est pas d’observer le redéploiement spatial du système économique lyonnais s’il existe encore, mais de cerner les espaces qui autour de Lyon forment désormais une communauté de vie quasi-quotidienne.

Ceci pourrait nous faire opter pour les bassins d’emploi de l’INSEE ou les périmètres qui en découlent comme les nouvelles aires urbaines12. Les migrations alternantes sont effectivement de celles qui nous intéressent. Toutefois outre les questions de seuil utilisé13 (mais ne sont-ils pas toujours artificiels ?), le principal handicap de cette définition est qu’elle ne considère que les relations de laboro-dépendance. C’est sans aucun doute son objet et sa force. C’est toutefois beaucoup trop restrictif dans le cadre de notre approche. En effet ne pourrions-nous pas envisager la possibilité que des espaces relativement autocentrés au plan des déplacements domicile – travail soient néanmoins intégrés dans un seul et même système socio-spatial ?

Par commodité, notre choix s’est porté sur une délimitation très arbitraire datant de 1991 : le périmètre d’étude statistique de l’association Région Urbaine de Lyon. Cet espace inclut très approximativement les bassins d’emploi de Lyon, Saint-Etienne, Villefranche-sur-Saône, Tarare, Saint-Chamond, Roussillon, Bourgoin-Jallieu et la Tour-du-Pin. Il correspond également et tout aussi approximativement, à la zone de chalandise des commerces lyonnais et de desserte des grands équipements de la métropole.

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Carte 1 : La région urbaine de Lyon dans Rhône-Alpes.

Ce cadre spatial ne correspond à aucune réalité tangible de la région lyonnaise, ce dont les promoteurs de la RUL avaient parfaitement conscience, tout comme nous. Au plan économique, la région lyonnaise est notablement plus vaste, comme l'on mit successivement en relief F. Damette14 et D. Pumain15. Au plan démographique, elle est en revanche plus restreinte, comme nous le verrons au travers de l’examen de l’exurbanisation lyonnaise. Au niveau politique, enfin, le schéma directeur et la communauté urbaine de Lyon ne recouvrent que la zone centrale de ce périmètre.

Ce périmètre ne délimite aucun territoire précis de la réalité lyonnaise. Il ampute aussi certaines villes périphériques, comme Saint-Etienne, d’une partie de leur zone d’influence. Il possède malgré tout un triple avantage. Il a servi de cadre spatial à des études démographiques et économiques très récentes, ce qui est loin d’être négligeable. Cote mal taillée, il peut néanmoins nous permettre de cerner l’essentiel des processus qui ont travaillé la métropole lyonnaise : périurbanisation des ménages, développement de zones d’activités périphériques, croissance des déplacements, etc. Il nous offre enfin le cas spécifique d’espace ayant subit une double influence urbaine et dans le cas présent ceux situés entre Lyon et Saint-Etienne.

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Carte 2 : Structure urbaine de la RUL.

Couvrant 678 communes, le périmètre de la RUL englobe environ 2,5 millions d’habitants. Il est structuré par une puissante armature urbaine, relativement bien hiérarchisée : trente bourgs, seize petites villes, sept villes moyennes, une grande ville (Saint-Etienne) et une métropole (Lyon) soit cinquante-cinq agglomérations au total. Nous retrouvons une régularité presque aussi importante dans la répartition spatiale de ces villes. Malgré certaines perturbations issues de la première révolution industrielle (la conurbation du charbon et de l’acier, Saint-Etienne-Saint-Chamond) ou encore de la construction d’une ville nouvelle (l’Isle-d’Abeau), malgré enfin un relief vigoureux à l’ouest (Monts du Lyonnais et du Beaujolais), ce réseau urbain s’avère cependant relativement bien équilibré au plan spatial.

Comme le montre la carte ci-dessus, la métropole lyonnaise située au centre, est entourée à environs 20 kilomètres d’une première couronne de bourgs et de petites villes, puis entre 30 et 40 kilomètres par une seconde couronne, demi-couronne devrions-nous dire, de villes moyennes. Un système routier conséquent irrigue l’ensemble et relie fortement les noyaux urbains secondaires à la métropole. Au total, nous avons ici un quasi-cas d’école christallérien permettant d’étudier une armature urbaine relativement bien équilibrée tant au plan spatial que hiérarchique.

Notes
11.

P. 154, Pumain D., 1990.

12.

40% de migrations alternantes vers pôle d’au moins 5.000 emplois.

13.

20% de migrations alternantes au moins pour les bassins d’emploi.

14.

Damette F., 1994.

15.

Pumain D., 1990.