Première partie
La métamorphose d’une ville
De l’agglomération lyonnaise à la région urbaine de Lyon

L’observation sur trente ans des dynamiques urbaines nous montre toute l’ampleur des mutations qui ont travaillé l’agglomération lyonnaise. La métropolisation a engendré ici, comme dans bien d’autres grandes villes, un important mouvement de desserrement des populations et des activités, ainsi qu’une très forte croissance de la mobilité quotidienne, ces différents éléments étant étroitement liés (chapitre 1).

Ce redéploiement spatial a eu une profonde incidence sur les formes physiques de la croissance urbaine et à travers cela, semble-t-il, sur l’organisation et la structuration du système socio-spatial sous-jacent. L’essor des banlieues a cédé le pas à l’expansion des franges périurbaines, où se juxtaposent jusque dans des périphéries lointaines, espaces pavillonnaires et zones d’activités productives ou commerciales. Pour spectaculaire qu’il soit, ce processus ne semble pourtant pas dessiner la suburbia à l’horizon des mutations de la métropole lyonnaise. Car si les dynamiques en cours ont donné naissance à de nouvelles formes urbaines bien plus diffuses que par le passé, les agglomérations ne semblent cependant pas destinées à s’y dissoudre (chapitre 2).

La périurbanisation lyonnaise ne paraît pas renvoyer à un processus de déconstruction physique de la ville dense, qui éparpillerait en quelque sorte populations et activités urbaines dans des marges incertaines. Il s’avère au contraire que comme les banlieues d’hier, ces franges périurbaines ne se construisent et ne se conçoivent qu’en référence constante aux centres urbains : à celui de la métropole, mais aussi à ceux des noyaux urbains périphériques. Tel Jonas, la ville semble plutôt prendre deux visages mais cependant ne faire qu’une. Loin d’être antithétiques, ville dense et ville diffuse participent, à notre sens, à un même ensemble, à ce que nous nommerons une ville-région, une métapole ou encore une région urbaine (chapitre 3).

L’agglomérations lyonnaise semble, en somme, avoir donné naissance à un système socio-spatial qui la dépasse amplement et qui englobe aujourd’hui une large part du périmètre de la RUL (Région Urbaine de Lyon – association), dont un grand nombre de centres urbains périphériques. Les agglomérations ont ainsi été englobées dans un système urbain élargi mais n’ont pas été détruites. Elles conservent manifestement un rôle fonctionnel et un sens territorial de toute première importance ; c’est bien en cela que les mutations de la métropole lyonnaise ne nous semblent pas correspondre à la formation d’une quelconque suburbia. Cette nouvelle ville région reste, de fait, fondamentalement structurée, selon nous, par les villes agglomérées, par l’agglomération lyonnaise en premier lieu, mais aussi par les noyaux urbains secondaires. Elle reste, en d’autres termes, charpentée par une armature urbaine, une armature intra-urbaine dirons-nous, car celle-ci est désormais intégrée à l’intérieur d’un système socio-spatial urbain (chapitre 4).