1.2 Evolution démographique des communes de la RUL

Si nous portons maintenant notre regard à l’intérieur de la RUL et ce jusqu’à l’échelle communale afin d’affiner notre étude des dynamiques démographiques, nous pouvons apercevoir l’extrême diversité des évolutions. Entre 1962 et 1990, les variations de population se sont échelonnées de – 120.259 habitants (Lyon) à + 32.056 (Vaulx-en-Velin). Mais cette très forte disparité doit être nuancée, car la moitié des communes42 ont connu une évolution comprise entre + 60 et + 845 habitants. Seules 10% d’entre elles ont subi une perte supérieure à 45 habitants43 ou un gain supérieur à 2.286 habitants44. Il s’avère en conséquence que seule une minorité d’entre elles a connu une large variation de sa population, la plupart n’ayant enregistré qu’une évolution modérée.

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Carte 3 : Evolution démographique dans la RUL de 1962 à 1990.

La carte45, ci-dessus, nous montre que les déclins les plus importants concernent la commune de Lyon (- 120.259 habitants) et, dans une bien moindre mesure, celle de Saint-Etienne (- 10.915 habitants). Cinq autres communes ont connu encore des pertes relativement importantes. Trois d’entre elles se situent dans le bassin stéphanois : Le-Chambon-Feugerolles (-4.250 habitants), Firminy (-2.942 habitants), La Ricamarie (-1.656 habitants). Les deux autres sont fortement enclavées dans les secteurs vallonés de la périphérie occidentale de la RUL : Cours-la-Ville (- 1.613 habitants) et Tarare (- 1.411 habitants). Les décroissances les plus fortes sont ainsi enregistrées par des villes centres, voire des banlieues, et cela d’autant plus que la population initiale était importante.

Dans les autres communes déficitaires, les pertes se chiffrent seulement à quelques dizaines, voire quelques centaines d’habitants. Il s’agit, pour la plupart, de petites communes rurales, plus ou moins enclavées à l’ouest de Lyon, dans les monts du Beaujolais, du Lyonnais et du Pilat. Même si ces déclins ont pu avoir localement des conséquences importantes, celles-ci sont cependant relativement mineures à l’échelle de la région. Elles ne totalisent qu’un déficit cumulé de 13.824 habitants et ne sont donc pas en capacité d’induire une large transformation de la répartition traditionnelle de la population au sein de ce périmètre.

En dehors de cette centaine de communes en déclin, l’essentiel de la RUL a bénéficié d’une croissance démographique mais celle-ci fut généralement modérée. Dans la majeure partie des cas elle ne s’élève qu’à quelques dizaines, voire quelques centaines d’habitants supplémentaires. Seules les communes de la banlieue lyonnaise, et notamment de la banlieue est, ont connu un essor de plusieurs milliers et même dizaines de milliers de nouveaux habitants.

Ces premières observations nous permettent d’ores et déjà de souligner toute l’ambivalence des dynamiques actuelles, car nous assistons, de fait, à un double mouvement de polarisation et de diffusion de population. A une certaine échelle, nous pouvons lire une tendance relative à la concentration, avec d’un côté le déclin de la grande périphérie de la RUL et de l’autre l’essor des territoires centraux et ce d’autant plus marqué à mesure que nous nous approchons du coeur de la métropole. A une échelle plus fine, en revanche, nous assistons au phénomène inverse : Lyon voit sa population très nettement baisser, tandis que l’ensemble des communes de sa périphérie connaît un essor et ce jusqu’à des distances importantes de l’hyper-centre. Cette évolution ne traduit-elle pas une tendance à la déconcentration de la population ?

Il convient, il est vrai, de nuancer quelque peu l’importance de cette déconcentration. Si les communes de la périphérie lyonnaise connaissent un essor démographique jusque très loin du coeur de la métropole, les gains sont malgré tout d’autant plus importants que nous sommes proches du centre. La croissance démographique s’ordonne toujours incontestablement selon un gradient centre – périphérie ; cela donne toujours lieu à des zones d’accumulation dans le prolongement direct des villes denses préexistantes. Nous devons, en conséquence, relativiser l’ampleur et la nature réelles de cette évolution. Si celle-ci induit certainement une dédensification, de l’hyper-centre lyonnais notamment, elle ne semble pas pour autant conduire à la disparition de cette agglomération, ni des autres agglomérations d’ailleurs. Au vu de cette première analyse géographique des dynamiques démographiques des communes de la RUL, les évolutions en cours ne semblent pas remettre radicalement en cause le principe de centralité, qui a structuré traditionnellement l’ordonnancement des populations urbaines, ni le principe d’agglomération qui en découle. Loin d’une dispersion totale des ménages par laquelle ceux-ci tendraient à se répartir de manière homogène, nous ne pouvons observer ici qu’un redéploiement, certes important, mais qui conserve malgré tout les traits caractéristiques d’une organisation intra-urbaine.

Notes
42.

Soit l’intervalle inter-quartile (Q3 - Q1).

43.

Premier décile.

44.

Dixième décile.

45.

La proportionnalité des symboles étant la même pour les communes déficitaires et celles en croissance, ces deux cartes sont donc parfaitement comparables.