La Région Urbaine de Lyon nous est apparue, en définitive, comme étant travaillée par d’amples processus qui la dépassent largement. La métropolisation est, ici comme ailleurs, synonyme de brassage de populations, d’arrivées et de départs, mais également de transformations économiques extrêmement sensibles et, en l’espèce, d’une importante tertiarisation de l’emploi. Les avancées technologiques et le passage au flexibilisme ont manifestement engendré une très forte croissance des services aux entreprises, qui sont aujourd’hui le secteur d’activité le plus dynamique de la sphère productive, même si leur essor s’est quelque peu ralenti au cours de la décennie 1990. La métropole lyonnaise possède, à ce titre, une vitalité économique certaine, ce qui la rend particulièrement attractive pour les populations actives exogènes.
Mais la tertiarisation de l’emploi ne s’est pas seulement nourrie de cette technologisation des processus de production et, en l’espèce, de la montée des emplois productifs abstraits. Nous avons également assisté à un développement tout aussi important, sinon plus, de la sphère de la reproduction sociale, ce qui suggère non plus une transformation du mode de production, mais une évolution sensible des besoins sociaux et donc du fonctionnement social.
Sur ce sujet, nous avons observé d’ailleurs toute l’importance de la métropolisation sur la structuration spatiale de cette région, ainsi que sur son fonctionnement. Nous avons ainsi souligné qu’elle s’est accompagnée, voire a engendré, une importante déconcentration des populations et un redéploiement, plus limité il est vrai, des emplois. Nous avons indiqué combien ceci a pu contribuer à induire une déconnexion croissante entre ces deux grandes fonctions de la ville, entre ces deux grandes sphères de la vie quotidienne. Nous avons montré combien cela avait participé à l’accroissement des déplacements quotidiens et, en cela, à l’émergence de la mobilité spatiale comme nouveau principe d’organisation de la ville et de nos vies.
Ne pourrions-nous pas estimer, en conséquence, que la montée en puissance de la reproduction sociale renvoie à cette double mutation, c’est-à-dire tout à la fois à ce redéploiement spatial de la ville et à la transformation de son principe même d’organisation ? Ne pourrions-nous pas postuler, en d’autres termes encore, que cette mutation d’importance dans la structuration et le fonctionnement urbain a provoqué une évolution sensible des besoins des populations urbaines et par la suite engendré la croissance des services aux ménages ?