1.3 La double pérennité des agglomérations et des franges périurbaines

Contrairement à ce que pourrait laisser penser cette approche diachronique, si la croissance périurbaine s’est bien substituée à l’essor des banlieues, cela ne signifie pas pour autant que les franges périurbaines doivent obligatoirement succéder aux agglomérations ou, en d’autres termes, que les agglomérations soient en voie de déconstruction pour être remplacées, en lieu et place, par des espaces d’urbanisation diffuse plus ou moins à l’image de la suburbia nord-américaine. Par-delà l’ampleur des évolutions et la charge symbolique qu’on leur octroie si facilement, il s’avère que la ville agglomérée non seulement résiste à l’essor périurbain, mais continue même à se renforcer.

Cela n’induit pas, à l’inverse, que ces franges périurbaines ne soient qu’un simple sous-produit de la croissance des agglomérations, destiné à plus ou moins long terme à s’incorporer à la ville dense. Si l’on en juge par l’étude des flux migratoires, il semble bien qu’elles soient destinées à perdurer et qu’elles ne soient pas, en conséquence, de simples banlieues en gestation. Loin d’une banale transition spatiale et temporelle entre l’urbain et le rural, elles nous apparaissent alors comme une production socio-spatiale relativement pérenne et donc comme une forme urbaine à part entière, ce qui tendrait à accréditer l’idée d’une transformation en profondeur de l’organisation et de la structuration non seulement de nos villes mais aussi des systèmes socio-spatiaux urbains sous-jacents.

Toute la subtilité des dynamiques actuelles se situe d’ailleurs là, car si elles ne semblent pas hésiter entre la pérennisation des agglomérations et la production de franges périurbaines, c’est alors qu’elles tendent à produire une nouvelle forme de ville, dans laquelle participeraient tout à la fois nos anciennes agglomérations et ces nouvelles franges périurbaines.