3.2 La polarisation périphérique des activités commerciales

Comme les activités productives, le commerce a eu également tendance à glisser du centre vers la périphérie des villes pour y former de nouvelles polarités. Dans ce secteur d’activité, nous avons assisté, ces dernières décennies, à un important mouvement de concentration sectorielle (montée en puissance de la grande distribution) et à une nette tendance au report de cette activité hors des agglomérations avec le développement de grandes surfaces périphériques ; les deux phénomènes étant intimement liés.

L’évolution du groupe Carrefour rend particulièrement bien compte de cette évolution. En 1964, soit un an à peine après l’ouverture d’un premier magasin à Annecy, le premier hypermarché Carrefour de l’agglomération lyonnaise fut ouvert à Villeurbanne. En 1966, un second fut ouvert à Vénissieux (11.000 m²). Un troisième fut construit en 1972 à Ecully (Le Perollier), un quatrième à Givors en 1976 et, enfin, un cinquième à l’Isle-d’Abeau en 1986138.

En vingt ans à peine, le groupe Carrefour a donc démultiplié sa surface de vente (95.600 m² au total aujourd’hui139), augmenté le nombre de ses points de vente (cinq hypermarchés) et diffusé ses magasins de plus en plus loin en périphérie.

Alors que le premier (Villeurbanne) était situé à proximité immédiate de l’hyper-centre lyonnais, dans la plus ancienne des communes de la banlieue lyonnaise, le second (Vénissieux) fut placé dans une banlieue déjà plus récente, la banlieue industrielle de l’est lyonnais. Le troisième (Ecully) fut installé à la jonction entre la banlieue résidentielle et les zones pavillonnaires de l’ouest lyonnais. Le quatrième (Givors) fut localisé plus loin encore à l’articulation entre différents espaces agglomérés et non-agglomérés du sud de la métropole, ce qui lui permet de rayonner sur les agglomérations de Vienne, de Givors, de la vallée du Gier et du sud de Lyon ainsi que sur les lotissements périurbains du sud des monts du lyonnais, de la vallée du Rhône et des balmes viennoises. Le dernier, enfin, (Isle-d’Abeau) se situe en des marges encore plus lointaines. Il polarise ainsi non pas tant les populations de l’agglomération de Bourgoin-Jallieu, qui disposait déjà de plusieurs grandes surfaces (Intermarché et Leclerc), que celles des franges périurbaines du sud-est de la RUL.

La surface de vente de Carrefour est aujourd’hui équitablement répartie entre la banlieue lyonnaise (47.600 m²) et sa très grande périphérie (48.300 m²) et nous pouvons dire, qu’en cela, l’évolution de ce groupe est particulièrement emblématique de la montée en puissance de la grande distribution au cours de ces dernières décennies et du processus concomitant de périphisation – re-polarisation du commerce de détail.

Notes
138.

Dans ce dernier cas, cet hypermarché est, en réalité, plus ancien. A l’origine, il s’agissait d’un magasin Genty Cathiard, qui fut racheté par la suite par Euromarché. Cette dernière société ayant été absorbée par le groupe Carrefour, le magasin de l’Isle-d’Abeau devint alors un Carrefour, comme celui de la Part-Dieu d’ailleurs.

139.

Source : CCI – 1998 magasins et galeries marchandes inclus.