2. Une dilatation du système socio-spatial lyonnais

Nous allons donc maintenant chercher à lire non plus le sens spatial dominant des dynamiques urbaines, mais les processus d’échange plus subtil qu’elles peuvent recouvrir et à travers cela, plus fondamentalement encore, la manière dont elles organisent et réorganisent incessamment ce système socio-spatial. Cela va nous conduire à renouveler profondément notre compréhension de l’évolution actuelle de la métropole lyonnaise.

Si cette dernière tend bien aujourd’hui à s’étendre comme jamais, si les formes physiques de sa croissance ont effectivement profondément évolué, il apparaîtra cependant que les processus en cours ne peuvent être réduits au rang de phénomènes univoques, menaçant à plus ou moins long terme l’existence même de l’agglomération-mère. Par-delà les effets de soldes et autres variations globales forcément simplificateurs, il s’avérera, en effet, que si certaines catégories de population et d’activité tendent à quitter l’agglomération lyonnaise pour les franges périurbaines, d’autres développent une égale propension à y rester, voire à y revenir.

La sélectivité de ces flux nous conduira à voir que la ville dense n’est ni en cours de déconstruction radicale, ni en voie de désorganisation totale. En effet, ces processus sélectifs sont en eux-mêmes profondément structurant et il s’avère d’ailleurs qu’ils ne remettent pas en cause l’organisation globale que ce système urbain avait initialement. Toute proportion gardée, la structuration socio-démographique et socio-économique préexistante de la métropole lyonnaise semble perdurer par-delà et malgré son importante extension géographique. C’est bien en cela que nous parlons d’une dilatation du système socio-spatial lyonnais, c’est-à-dire d’une extension géographique sans remise en cause fondamentale de l’organisation d’ensemble.

C’est, en définitive, à une lecture des éléments d’ordre portés par les dynamiques en cours que nous convions maintenant le lecteur. Par souci de clarté, nous conserverons comme dans les chapitres précédents une présentation en deux axes, le premier social, le second économique.