2.2 Une division spatiale du travail à l’échelle de la région urbaine

Si nous avons pu mettre en évidence, dans les deux premiers chapitres de cette thèse, une certaine tendance à la périphisation des activités, il s’avère cependant que cette dernière n’est ni totale, ni globale. Tout comme pour les migrations résidentielles, ce mouvement d’ensemble masque des évolutions plus subtiles, éminemment sélectives, dans lesquelles le développement périphérique n’exclut en rien la pérennité fonctionnelle des centres.

Bien plus d’ailleurs, puisqu’à y regarder de plus près, il semble bien que dans ce processus de périphisation, la métropole lyonnaise tend essentiellement à ne déléguer sur ses marges que les activités relativement subalternes et à conserver les fonctions les plus nobles tant en matière de production que de reproduction sociale. Nous pouvons nous demander si cette tendance est substantiellement différente de ce qui avait pu être observée naguère dans la croissance des agglomérations industrielles ? Remet-elle en cause la suprématie fonctionnelle du centre, et en l’espèce de l’hyper-centre, sur la périphérie ? N’assistons-nous pas ici à une division spatiale du travail relativement similaire à ce qui existait hier, même si l’échelle à laquelle elle s’effectue est pour le moins élargie ?

L’étude que nous présentons ci-dessous n’a certes pas la prétention de livrer une vision parfaite et exhaustive de la division spatiale du travail qui semble, à notre sens du moins, s’esquisser entre l’agglomération lyonnaise et ses périphéries étendues. Il s’agira seulement d’exposer quelques arguments qui, selon nous, en accréditent la thèse et qui, à l’inverse, semble invalider la proposition d’un déclin fonctionnel des centres urbains. Nous ne présentons, en somme, qu’un argumentaire fait pour convaincre évidemment, mais qui ne se veut aucunement la seule et unique lecture possible de la réorganisation fonctionnelle du système socio-économique lyonnais.