2.2.2 Diffusion et concentration des services aux ménages

Le graphique ci-dessous présente à grands traits la spécialisation fonctionnelle du coeur de la métropole (Lyon et les autres communes de la communauté urbaine de Lyon) en matière de reproduction sociale.

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Graphique 22 : Spécialisation fonctionnelle du coeur de la métropole en matière de services aux ménages en 1992.

Comme nous le voyons les commerces de base (Boulangerie, boucherie, équipement du foyer, commerces spécialisés) ont relativement tendance à être sous-représentés à Lyon et dans sa proche banlieue. Les services, en revanche, ont tendance à y être sur-représentés et cela d’autant plus qu’ils sont d’un niveau élevé (immobilier). Somme toute, ce graphique nous donne-t-il l’impression que le coeur de la métropole lyonnaise tend à conserver les activités les plus rares, pour ne diffuser (et non pas déléguer) que les fonctions plus banales en matière de reproduction sociale.

Cette impression d’une concentration toujours très importante de la reproduction sociale élargie, pour reprendre la terminologie de l’équipe STRATES, ne se vérifie-t-elle pas d’ailleurs lorsque l’on regarde la localisation de quelques services de très haut niveau ? La préfecture, la cité administrative, la bibliothèque régionale, les directions régionales des ministères, les universités, les grands centres hospitaliers ne sont-ils pas tous localisés dans l’agglomération lyonnaise et, en partie aussi, stéphanoise ? En outre, le développement de la Part-Dieu et non celui de l’Isle-d’Abeau en tant que centre décisionnel régional n’accrédite-t-il pas également l’idée d’un regroupement toujours très important des services de haut niveau dans le coeur même de la métropole, malgré diverses tentatives de déconcentration ?

Si la simple connaissance empirique de la RUL permet de constater que la reproduction sociale élargie est toujours fortement concentrée dans le coeur de la métropole ou à proximité immédiate, différentes études sur la localisation des activités215 dans la région lyonnaise confirment, à l’inverse, l’important mouvement de diffusion de la reproduction sociale simple. A travers les exemples des salons de coiffure, des agences de voyage, du commerce et de la réparation automobile, des laboratoires d’analyse médicale, des assurances, des caisses d’épargne, etc., il s’avère que ce secteur d’activité a connu un très important développement en périphérie, mais sans pour autant déserter le centre lyonnais. De fait, cet essor semble suivre les migrations résidentielles des ménages et contribuer en cela à maintenir une proximité spatiale optimale entre prestataires et utilisateurs de services.

Somme toute, ce mécanisme est-il fondamentalement différent de ce à quoi nous pouvions assister naguère ? L’essor des banlieues tout au long de ce siècle, n’a-t-il pas conjugué en règle générale, croissance démographique et développement des services basiques aux ménages ? Ce processus a-t-il remis en question la position dominante des centres urbains en matière de services de haut niveau ? Sous cet angle du moins, il semblerait donc que la périphisation actuelle de la reproduction sociale ne remette pas en cause l’ancienne organisation centre – périphérie de cette sphère d’activité.

Notes
215.

Gonet J., 1999 ; Buisson M.A. et Mignot D., 1998 ; Belanger A., Bloy D., Buisson M.A., Cusset J.M., Mignot D., 1998.