Chapitre 4
place de l’armature urbaine dans une ville - region
Ou l’homéostasie d’un système urbain

La ville agglomérée, condensée, rassemblée autour de son centre se propage dans des périphéries de plus en plus lointaines. Pourtant, cette montée en puissance d’une ville diffuse et ségrégée, de ces franges périurbaines et de ces pôles d’activité périphériques ne semble pas nous conduire à la formation d’une nappe urbaine sans forme ni structure. L’exurbanisation fut certes massive durant cette période, mais les agglomérations ne tendent pas à disparaître. Ville dense et ville diffuse semblent se reconnaître et se confirmer mutuellement au travers d’échanges multiples et de complémentarités fondamentales. Cette armature urbaine héritée, que nous aurions pu croire perdue, diluée dans la dispersion périurbaine ou encore nivelée par l’étalement lyonnais, semble même servir de point d’ancrage, d’élément de structuration à part entière de cette ville – région.

Si tout ce qui existe est nécessaire, pour suivre la proposition de Spinoza, si tout ce qui perdure à un sens, ne sommes-nous pas alors amenés à nous interroger sur la signification de cette permanence de l’armature urbaine ? Pouvons-nous croire qu’il ne s’agit là que d’un simple effet de gravitation physique par lequel populations et emplois continueraient mécaniquement à s’agréger autour des noyaux urbains, à l’instar du ruisseau qui coule toujours en direction de la mer ? Cela ne signifie-t-il pas plutôt que les agglomérations urbaines et plus globalement encore cette armature urbaine ont été investies de fonctions structurantes ou, au minimum, que leurs fonctions traditionnelles en la matière ont été reconduites et non pas détruites, par les dynamiques en cours ?

C’est cette piste que nous souhaiterions explorer dans ce nouveau chapitre, car elle va nous permettre d’entrevoir pourquoi et en quoi cette ville agglomérée, que nous aurions pu croire condamnée au moins dans ses formes les plus modestes, conserve un sens dans les mutations actuelles. Elle va nous permettre de mieux saisir pourquoi les agglomérations, si petites soient-elles, ne peuvent être réduites à de simples archaïsmes, même si l’intégration métapolitaine n’a pas été exempte, évidemment, de transformation substantielle.

Nous allons donc maintenant analyser la manière dont cet ensemble d’agglomérations hiérarchisées et organisées territorialement, s’est transformé à mesure de son intégration dans le système socio-spatial lyonnais. Nous étudierons cette évolution au plan fonctionnel (section 1), mais aussi en ce qui concerne son architecture interne (section 2).

Nous apercevrons ainsi la manière dont cette armature interurbaine tend aujourd’hui à se transformer en véritable armature intra-urbaine, dans laquelle les noyaux urbains secondaires jouent un rôle qui n’est pas sensiblement différent d’ailleurs de celui dévolu aux centres de quartier et de banlieue au sein des agglomérations.