1.1 Une re-signification fonctionnelle des noyaux urbains secondaires

Les débats sur la périurbanisation se sont bien souvent cristallisés autour de la double question du devenir des agglomérations et de la nature de ces nouvelles productions socio-spatiales ; une double question ou plutôt une seule et même question qui transpose la vieille problématique des rapports villes – campagnes, en terme de rapports agglomération – franges périurbaines.

Si ce débat à tout lieu d’être et si nous y avons du reste largement contribué dans cette thèse, nous pouvons cependant nous demander si cela n’a pas quelque peu occulté la question du devenir des noyaux urbains secondaires pris dans la mouvance des grandes métropoles. Cet oubli ne se retrouve-t-il pas d’ailleurs, dans la pratique des pouvoirs publics qui, lorsqu’il s’est agi de délester les plus grandes villes de ce pays d’un excès de populations et d’activités, ont eu bien souvent tendance à vouloir créer des villes nouvelles, au lieu de s’appuyer sur la galaxie des villes secondaires préexistantes ? La création de l’Isle-d’Abeau à deux pas de Bourgoin-Jallieu n’en est-elle pas une excellente illustration ?

Pourtant les bourgs et les petites villes, sans même parler des villes moyennes, existent toujours par-delà et malgré la métropolisation et l’étalement urbain. En 1990, les unités urbaines de 3.000 à 20.000 habitants totalisaient 9.272.269 habitants soit 22,1% de la population urbaine et 16,4% de la population totale de ce pays219. De plus notre chapitre précédent nous a montré que ces noyaux urbains secondaires tendaient mêmes à structurer, à leur mesure bien sûr, le redéploiement périurbain.

Cette tendance relative, justement, que ces migrants ont à s’installer à proximité d’un centre secondaire, du moins lorsque la distance à l’hyper-centre devient trop grande, ne nous amène-t-elle pas à en déduire qu’ils y trouvent ou qu’ils y cherchent quelques fonctions ? C’est du moins cette hypothèse qui nous a conduit à vouloir préciser notre regard quant à l’évolution fonctionnelle des bourgs et des petites villes de la RUL lorsqu’ils sont soumis au redéversement lyonnais.

De ces investigations menées soit par la lecture d’études et de mémoires déjà effectués sur tel ou tel centre secondaire, soit par la réalisation d’enquêtes de terrain et d’entretiens divers avec des acteurs locaux, nous avons tiré trois monographies particulièrement emblématiques, mais chacune à leur manière : Belleville-sur-Saône, Mornant et Crémieu. Si l’on retrouve, en effet, certaines constantes parmi ces bourgs submergés par la périurbanisation lyonnaise, il n’existe pas cependant de règle d’évolution et d’adaptation stricte.

Notes
219.

Source : INSEE – RGP 1990.