1.2 La tertiairisation de l’emploi au coeur de l’adaptation fonctionnelle de la hiérarchie urbaine à la métapolisation

Ces quelques monographies tendent à accréditer l’idée d’une relation forte entre arrivée de périurbains et essor des services aux ménages, ce qui permettrait, évidemment, de donner un sens à la polarisation des migrants autour des noyaux urbains périphériques, telle que nous l’avons vu dans le chapitre précédent. Ces derniers auraient tendance, d’autant plus qu’ils s’éloignent de Lyon, à rechercher la proximité d’une agglomération secondaire où ils pourront trouver, quitte à les développer eux-mêmes, les services de base (par essence non-stockable), dont ils peuvent avoir besoin quotidiennement.

Cela signifierait, également, que si la périurbanisation induit bien l’intégration de ces noyaux urbains secondaires dans le système socio-spatial lyonnais, cela n’implique pas pour autant leur déclin fonctionnel radical, leur banalisation et leur relégation au rang de simples zones dortoirs ; car ils se verraient, dans le même temps, renforcés dans leur rôle de centre de services aux ménages, polarisant un bassin de vie228 plus ou moins étendu et plus ou moins exclusif.

Cette tertiairisation de l’emploi, que nous avons pu percevoir dès le chapitre un, semblerait, en définitive, tout à la fois pérenniser, voire renforcer la métropole dans ses fonctions de commandement et d’organisation de la Région Urbaine de Lyon mais aussi confirmer les agglomérations périphériques en tant que centres de services aux ménages, en tant qu’échelon de base de l’encadrement socio-territorial, même si elles troquent en chemin leur antique rôle d’encadrement du monde rural pour une fonction similaire vis-à-vis de la société périurbaine.

Mais il ne s’agit pour l’heure que d’hypothèses, car ces trois monographies pourraient n’être que des cas particuliers, des exceptions donnant une image plus ou moins déformée de la réalité. Afin de tester le bien-fondé de ces impressions, nous nous proposons maintenant d’effectuer une analyse globale de l’évolution fonctionnelle des agglomérations (définition des unités urbaines de l’INSEE) de la RUL aux différents niveaux de la hiérarchie urbaine. Cette étude portera sur une période allant de 1968 à 1990 et sera réalisée à partir des données sur l’emploi au lieu de travail.

Nous utiliserons, en premier lieu, des données ventilées selon la classification traditionnelle de l’INSEE en dix grands secteurs d’activités économiques :

Nous affinerons ensuite l’analyse, grâce à la typologie élaborée par l’équipe STRATES en treize grandes catégories :

Comme nous l’avons déjà écrit dans les chapitres précédents, les données ventilées selon la grille STRATES ne sont disponibles qu’à compter de 1982. Cette relecture sera donc toujours limitée à la dernière période intercensitaire. Elle nous permettra malgré tout, rappelons-le, de différencier les activités directement ou indirectement liées à la production (production matérielle et services aux entreprises), de celles concourant à la reproduction sociale, c’est-à-dire à la satisfaction des besoins des ménages (commerce de détail, services, ...).

L’ensemble des données concernant l’emploi étant issues de sondage au 1/5 ou au ¼, nous serons toujours tenus d’effectuer des regroupements afin d’obtenir des agrégats de 2.000 emplois minimums. Ces regroupements seront de deux ordres : géographique et sectoriel.

Au plan géographique, nous regrouperons les données communales par type d’unités urbaines, ce qui nous permettra de cerner à grands traits l’évolution de l’emploi aux différents niveaux de la hiérarchie urbaine. Nous différencierons :

Afin de comparer ce qui est comparable, ces différentes catégories d’agglomérations seront définies à chaque date en fonction de leur composition à ces mêmes dates selon la définition INSEE des unités urbaines. Nous comparerons ainsi, par exemple, l’ensemble des communes intégrées à une petite ville en 1968 avec l’ensemble de celles qui forment ce même niveau de la hiérarchie urbaine en 1990.

Malgré ces regroupements géographiques, nous n’atteindrons pas toujours le seuil statistique de 2.000 emplois. Dans ce cas, nous serons conduits soit à opérer de nouveaux regroupements sectoriels (services marchands et services financiers = services marchands et financiers), soit à les exclure de l’analyse (l’armée notamment).

Notes
228.

pour reprendre la terminologie de l’INSEE.