2.2 La restructuration de l’armature urbaine

Afin d’affiner notre étude, nous nous proposons maintenant d’analyser la manière dont cette armature urbaine, c’est-à-dire cet ensemble de villes disposées dans l’espace, a évolué au cours de cette période et les facteurs qui ont pu influer sur son évolution. Nous observerons de nouveau l’évolution démographique231 des unités urbaines de la RUL entre 1962 et 1990, mais nous utiliserons cette fois-ci une seule et même délimitation : celle de 1990. Certaines villes ayant été incorporées dans d’autres agglomérations au cours de cette période et n’étant plus, de ce fait, individualisées dans les statistiques officielles, la comparaison entre délimitations de 1962 et de 1990 aurait été trop délicate.

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Carte 41 : Evolution démographique des unités urbaines de la RUL de 1962 à 1990.

La carte ci-dessus nous montre, tout d’abord, combien la croissance de la métropole a supplanté, et de loin, l’essor des autres villes. Lyon progresse de 270.916 habitants, soit + 27,33% par rapport à sa population initiale. Comparativement, les quarante-sept autres agglomérations ayant bénéficié d’une croissance sur cette même période ne se sont partagées que 195.607 nouveaux habitants, soit une croissance moyenne de 4.286,87 habitants. Cet écart, pour le moins significatif, entre la croissance de la ville primatiale et celle des noyaux urbains secondaires nous donne à voir toute l’ampleur de la métropolisation de cette armature urbaine au cours de cette période, ce que le graphique 44, en échelle logarithmique, atténuait quelque peu.

Que la croissance de la métropole lyonnaise l’emporte, et de loin, sur celle des autres agglomérations de la RUL est une évidence. Toutefois, ceci doit-il induire que le comportement démographique des autres villes puisse être tenu pour quantité négligeable ? Certes, non. Comme nous l’avons vu plus haut, l’évolution de cette armature urbaine ne se résume pas à sa simple concentration. Elle est aussi caractérisée par un renforcement significatif de ses paliers intermédiaires et inférieurs. L’analyse du comportement démographique des autres unités urbaines de la RUL, pour secondaire qu’il ait été, est donc nécessaire. Afin de les lire plus aisément, nous avons réalisé une seconde carte, en omettant l’agglomération lyonnaise, qui écrasait la première représentation.

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Carte 42 : Evolution démographique des unités urbaines de la RUL de 1962 à 1990 - hors Lyon -.

La carte de gauche montre que sept agglomérations seulement, sur cinquante-cinq au total, ont décliné durant cette période. Exceptionnelles au plan numérique, ces régressions ne semblent pas pouvoir être imputées, en outre, aux dynamiques qui travaillent l’ensemble de la RUL. Il semble qu’elles relèvent pour l’essentiel de situations économiques locales bien particulières (crise des secteurs minier, métallurgique et textile) qui se conjuguent avec un important enclavement géographique. Saint-Etienne, tout d’abord, ville du charbon et de l’acier, a perdu 3.180 habitants entre 1962 et 1990 mais cette perte ne représente qu’un régrés mineur de 1% par rapport à sa population initiale. Nous pouvons donc considérer que l’agglomération stéphanoise a globalement stagné durant cette période. Les décroissances enregistrées par les six autres villes ne sont de l’ordre que de quelques centaines de personnes. Cependant, s’agissant là de petites villes (Cours-la-Ville, Thizy, Amplepuis, Tarare, Chazelle-sur-Lyon) et d’un bourg (Bourg-Argental), elles ont eu des conséquences locales plus importantes. Les déclins enregistrés ont pu atteindre 26% sur trente ans. Il semble qu’elles aient souffert de la conjonction de deux facteurs particulièrement défavorables : enclavés dans les secteurs montagneux à l’ouest de la RUL, leur activité économique était, de plus, largement fondée sur un secteur économique qui a subi une crise profonde au cours de ces dernières décennies : le textile.

En dehors de ces quelques exceptions, car il s’agit bien de cas exceptionnels, toutes les autres agglomérations ont connu une croissance démographique. Comme le montre la carte de droite, cet essor n’est pas homogène. Il varie de + 251 à + 22.244 habitants. Si nous classons l’évolution démographique de ces villes en fréquence simple (graphique 46), nous pouvons repérer un seuil statistique très net.

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Graphique 46 : Evolution démographique des unités urbaines de la RUL entre 1962 et 1990 (hors Lyon) - fréquences Simples -

Alors que la progression est relativement linéaire jusqu'à la quarante-troisième agglomération, nous constatons au-delà des sauts importants. Il existe donc bien un seuil statistique très net entre des agglomérations ayant connu des accroissements inférieurs à 5.000 habitants et d’autres supérieures à 7.000.

En deçà, nous avons trente-six bourgs et petites villes qui ont bénéficié d’une croissance faible à modérée, c’est-à-dire de 251 à 4.870 habitants. Au-delà, nous avons un groupe de onze villes moyennes et quasi-conurbation de petites villes dont les croissances s’échelonnent de 7.192 à 22.244 habitants.

Notes
231.

Evolution démographique = Population sans double compte 1990 - population sans double compte 1962.