2.2.1 Développement des villes moyennes et redéploiement de l’activité productive

Le groupe d’unités urbaines, ayant connu une croissance importante, est formé de l’ensemble des villes moyennes : Villefranche-sur-Saône, Saint-Just-Saint-Rambert, Saint-Chamond, Roussillon, Vienne, Bourgoin-Jallieu et Charvieu-Chavagnieu. Nous y trouvons également quelques petites villes formant de quasi-conurbation : l’ensemble Villefontaine, Saint-Laurent-de-Mure, La Verpillère d’une part, et Anse d’autre part, qui se situe à proximité immédiate de la ville moyenne de Villefranche-sur-Saône. L’ensemble de ces unités urbaines se distingue très facilement sur la carte 42, page 226. Elles forment les grands pôles en développement de la périphérie de la RUL.

Il est notable de relever que l’essor de ces villes n’est corrélé ni à leur population d’origine, ni à la distance qui les sépare de la métropole. Le coefficient de corrélation entre leur évolution démographique et leur population en 1962 est de - 0,06. Il est de 0,46 avec la distance qui les sépare de la métropole. Ceci tend à signifier que leur développement n’est dû ni à leur capacité propre à polariser de nouvelles populations (de par leur poids initial), ni à leur simple position relative par rapport à la métropole (la distance à Lyon).

Ce que nous pouvons noter, en revanche, c’est que ces villes se situent généralement non loin des grandes zones d’activité de la Région Urbaine de Lyon. Saint-Laurent-de-Mure, La Verpillère, Bourgoin-Jallieu et Villefontaine sont à proximité de la zone d’activité de l’Isle-d’Abeau, Roussillon près de celle de Salaise, Charvieu-Chavagnieu près de la Plaine de l’Ain, Saint-Just-Saint-Rambert près de celle de la Plaine du Forez, Villefranche-sur-Saône et Anse enfin près de celle de Villefranche-sur-Saône.

Nous pourrions alors former l’hypothèse que le développement de ces villes est plutôt lié à la géographie de l’appareil productif de la RUL et plus précisément encore au redéploiement de cet appareil au cours de ces dernières décennies. La proposition inverse est d’ailleurs tout aussi vraie, car les localisations de ces grands pôles d’activités ont été décidées, en partie, en fonction de la proximité d’une ville moyenne préexistante ou alors en posant explicitement la nécessité de la formation (ex-nihilo ou non) d’une ville moyenne (plaine de l’Ain et Isle-d’Abeau)232.

L’essor plus modéré de Roussillon, de Saint-Chamond et de Vienne semble du reste abonder en ce sens. Vienne est la seule agglomération à ne pas bénéficier de la proximité immédiate d’une grande zone d’activité. L’essor de l’emploi autour de Roussillon est, quant à lui, relativement récent (1982-96) et bien plus modéré que dans les autres pôles économiques. Saint-Chamond, enfin, est une vieille ville industrielle, dont la structure économique a subi de plein fouet la crise à partir des années 1970.

Somme toute, le renforcement de ce groupe de villes intermédiaires ne semble pas résulter d’un simple effet de structure ou d’armature. Elles ont bénéficié d’un essor dépassant amplement ce que leur population initiale aurait pu laisser présager et la distance à la métropole n’a pas véritablement influé sur leur développement. Leur croissance semblerait plutôt liée aux mutations économiques les plus récentes (développement de nouveaux pôles d’activités). Par-delà les causes réelles, il s’avère enfin sur le fond que les dynamiques en cours ne semble pas condamner cet échelon de l’armature urbaine. La métropolisation, c’est-à-dire tout à la fois le renforcement de la métropole et les mutations de l’activité économique, ne les a manifestement pas fragilisées, du moins pour l’heure.

Notes
232.

OREAM, 1971.