Chapitre 6
Essor, diversification et diffusion des modes de garde
Un processus de transposition

Face à l’évolution des besoins, les risques d’une inadéquation croissante entre l’offre et la demande n’étaient pas négligeables. Depuis l’entre-deux-guerres, les modes de garde individuels et collectifs étaient globalement concentrés en zone urbaine dense. La capacité d’accueil était relativement réduite et il s’agissait, pour l’essentiel, de places à temps complet. Seules les haltes-garderies proposaient des places à temps partiel, mais elles n’étaient destinées qu’aux enfants dont les mères ne travaillaient pas.

Dans un premier temps, l’offre de service eut effectivement bien du mal à suivre les transformations de la demande. Les familles eurent de plus en plus de difficulté à faire garder leurs enfants. Les listes d’attente pour une inscription en crèche s’allongèrent. Il fallut désormais s’inscrire dès le début de la grossesse pour avoir ne serait-ce qu’une chance d’accéder à une place en structure collective. Trouver une assistante maternelle (les nourrices) n’était pas non plus des plus faciles et la rareté de l’offre était, en outre, d’autant plus criante que l’on habitait en périphérie d’agglomération.

Les besoins augmentant, se diversifiant et se dispersant avec le temps, on aurait pu craindre que ce décalage entre l’offre et la demande ne s’accroisse toujours davantage. Pourtant, une nouvelle adéquation se fit progressivement jour même si des déséquilibres peuvent toujours subsister dans telle ou telle localité. Le nombre de places tant en garde individuelle, qu’en structure collective augmenta, les services proposés se diversifièrent et l’offre de service se développa y compris dans les périphéries d’agglomération336 ; ces différentes évolutions se renvoyant, évidemment, les unes aux autres.

C’est donc ce triple processus de croissance quantitative, de diversification qualitative et de diffusion géographique, que nous souhaitons aborder dans ce sixième chapitre. Par souci de clarté, nous traiterons tout d’abord de l’évolution de la capacité d’accueil et des services proposés par les modes de garde individuels (section 1), puis collectifs (section 2).

Nous reviendrons en dernier lieu sur ces différentes évolutions et sur ces différents modes de garde pour analyser la manière dont ils se sont adaptés à la nouvelle donne urbaine : à la métapolisation (section 3).

Notes
336.

Pour une présentation synthétique des dispositifs d’accueil actuels des enfants de moins de 3 ans se reporter à l’annexe I.