3. La diffusion spatiale des modes de garde

En reprenant les éléments précédemment exposés, nous pouvons établir un schéma synthétique de l’offre de garde au milieu des années 1990 dans le Rhône. Concernant les nourrices non agréées et les aides maternelles, nous ne pouvons pas, et pour cause, parler de capacité d’accueil. Nous prendrons le nombre d’enfants estimé qu’elles avaient en charge en 1995, selon une enquête menée par l’APER450.

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Graphique 63 : Struccturation de l'offre de garde dans le Rhône au milieu des années 1990.

Au milieu des années 1990, le département du Rhône (graphique ci-dessus) comptait entre 40.040 et 44.056 places de garde, toutes catégories confondues (collective / individuelle, permanente / temporaire) et ouvertes à l’ensemble des enfants quels que soient leurs âges.

Ceci explique que le nombre de places disponibles soit très largement supérieur aux nombres d’enfants de 3 mois à 3 ans gardés à temps complet d’après l’enquête de l’APER (19.787 enfants gardés en 1995)451.

Même si l’offre présentée dans le graphique ci-dessus ne leur est pas uniquement destinée, les moins de 3 ans sont malgré tout la catégorie centrale d’usagers par rapport à laquelle s’organise prioritairement l’ensemble de ces modes de garde. Les crèches, les haltes-garderies et les établissements mixtes leurs sont presque exclusivement destinés. Dès 3 ans, les enfants sont quasiment tous scolarisés en maternelle et pris en charge hors temps scolaire par des structures périscolaires. Les assistantes maternelles déclarées ou non, recherchent elles aussi à garder des enfants d’âge préscolaire car, comme nous l’avons précisé plus haut, ils leur assurent une activité à temps complet plus intéressante financièrement qu’une garde à temps partiel.

La première caractéristique qu’illustre le graphique ci-dessus, est donc bien l’importance de l’offre de service. L’essor des modes de garde individuels et collectifs a abouti à une relative surabondance par rapport à la demande effective, même si l’excédent n’est pas aussi fort que pourrait le laisser envisager ce graphique et même si des situations inverses peuvent exister localement. Les modes de garde n’étant pas répartis de façon homogène, il peut subsister en effet, par endroits des situations de relative pénurie.

La seconde caractéristique que nous montre le graphique ci-dessus est l’importance toujours actuelle de la garde individuelle (assistantes maternelles, nourrices et aides maternelles). Celle-ci domine toujours largement (entre 83,85% et 85,32% de l’offre totale), mais les structures collectives en forment désormais une part non-négligeable. Le rééquilibrage entre garde individuelle et garde collective est donc encore très relatif, mais néanmoins substantiel par rapport au passé.

La dernière caractéristique forte que révèle le graphique ci-dessus est l’importance que représente aujourd’hui le secteur déclaré et encadré par les services de protection de l’enfance. Alors que naguère, l’essentiel de l’offre restait dans les marges incertaines de l’économie informelle, le secteur soumis au contrôle et à l’agrément du service Santé - Prévention représente aujourd’hui entre 90,67% et 91,52% de l’offre totale. Seules les nourrices non déclarées et les aides maternelles y échappent toujours.

Il nous reste maintenant à observer la manière dont ce développement quantitatif et cette diversification qualitative se sont déclinés au plan territorial.

Nous ne traiterons tout d’abord que de l’évolution spatiale des structures de garde collectives, car nous ne possédons pas de données sur la répartition antérieure des modes de garde individuels.

Par la suite, nous reprendrons l’ensemble des modes de garde. Nous analyserons alors la manière dont ils s’agencent au niveau territorial pour former une offre d’ensemble couvrant la majeure partie du département. Cette étude nous permettra de présenter une analyse plus globale quant à leurs mécanismes de diffusion. Nous nous inspirerons ici très librement de la théorie de la diffusion de Torsten Hägerstrand452.

Nous terminerons enfin en soulignant la manière dont cette diffusion des modes de garde s’insère dans les dynamiques urbaines. Nous élargirons notre propos à l’ensemble de la sphère de la reproduction sociale simple en essayant plus particulièrement de montrer le rôle que les services de base aux ménages tendent à jouer dans un système métapolitain.

Notes
450.

APER, 1997-a.

451.

APER, 1997-a.

452.

Hägerstrand T., 1952 et 1965.