Conclusion de section

Cette dernière section nous a permis d’envisager les modalités, le contenu et le rôle de la diffusion des modes de garde et à travers eux d’une partie au moins de la sphère de la reproduction sociale simple.

Nous avons pu observer en l’occurrence que ce phénomène général ne découle pas nécessairement d’une volonté unique et délibérée (et par là-même d’un seul acteur) de redéployer les services pour les adapter au réordonnancement des ménages. Les modes de garde nous ont offert un exemple sans doute plus proche des dynamiques spécifiques aux services privés qu’aux grands services publics d’Etat. Il n’y pas eu ici de politique globale visant à les redéployer sur une aire élargie. In fine, la conséquence n’est toutefois pas très différente que s’il en avait exister une.

Nous avons pu également pointer toute l’incidence sociale de cette diffusion. Dans ce domaine, les modes de garde ne reflètent pas l’ensemble de la sphère de la reproduction sociale simple. Ils nous montrent néanmoins certains aspects intéressants de la tertiairisation de l’emploi dans les métapoles. Si dans le coeur des agglomérations, essentiellement, cette tertiairisation est synonyme d’emplois de haut niveau (services aux entreprises et reproduction sociale élargie), sur les marges urbaines notamment, elle renvoie beaucoup plus au développement d’emplois précaires et souvent mal payés.

Cet exemple illustre en somme, le phénomène de polarisation sociale dans les métropoles462. Cette polarisation doit toutefois être relativisée. Elle ne signifie aucunement une dualisation absolue de la société. Tout comme ne coexiste pas séparément la ville dense et la ville diffuse, l’exemple des modes de garde nous a montré que l’emploi métapolitain (des usagers) est en étroites relations avec l’emploi précaire et territorialisé (des personnels employés dans ces services). L’un et l’autre forme société, même si cette société est ségrégée.

L’exemple des modes de garde nous a permis enfin de souligner le rôle de ces services simples aux ménages dans le fonctionnement de la métapole. En se diffusant, ils ont permis de suivre au plus près les ménages, de pérenniser quelque peu l’antique principe d’organisation urbaine (la proximité spatiale) et de compenser partiellement la montée globale de la mobilité quotidienne.

Notes
462.

Martens A. et Vervaeke M., 1997.