Conclusion de section

Le développement des modes de garde est longtemps resté de l’ordre de l’incantation511, tant qu’il s’est agit, en fait, d’une mesure susceptible de favoriser le travail des femmes. Lorsque ces dernières sont entrées de plus en plus massivement dans le monde salarial et que la pression de la demande s’est faite de plus en plus forte, l’essor des modes de garde est redevenu une priorité nationale mais plus pour impulser une évolution. Il s’agissait désormais de répondre à un état de fait et en quelques années seulement (1968 à 1973), les familles, certains élus, mais aussi les syndicats512 réclameront non plus des discours, mais des actes et en l’occurrence, des moyens budgétaires afin de créer un nombre croissant de places.

L’Etat s’engagea au départ dans cet effort financier, mais se défaussa rapidement sur la CAF et les municipalités. Ce sont ces deux acteurs, avec les familles, qui financent aujourd’hui pour l’essentiel les modes de garde. En définitive, nous pouvons être d’accord avec ces syndicats du début des années 1970, pour considérer que ce sont les salariés qui les financent actuellement au premier chef, soit directement en tant qu’usagers, soit indirectement à travers leurs cotisations que gèrent la CNAF et les CAF.

Ce sont du reste ces organismes sociaux qui impulsent et influencent de plus en plus largement les politiques locales en matière de petite enfance. L’essor des procédures contractuelles est ici sans ambiguïté, sans que cela n’implique pour autant la mise en place d’un système univoque gouverné par la seule CNAF. Le champ des modes de garde est bien aujourd’hui structuré par une marqueterie de systèmes d’acteurs territorialisés, au sein desquels un acteur supra-local réussit néanmoins à promouvoir des normes générales de fonctionnement.

C’est du reste cette tension entre normes générales et besoins locaux, entre systèmes d’acteurs territorialisés et acteur supra-local qui a permis aux modes de garde de s’adapter à des demandes et à des contextes extrêmement variés, tout en prenant une cohérence globale bien plus forte que par le passé, même si beaucoup reste encore à faire dans ce domaine comme dans l’autre.

Notes
511.

Incantation qui reviendra régulièrement et jusqu’à aujourd’hui dans de nombreux discours d’hommes politiques et dans biens des programmes électoraux, comme l’a déjà souligné Norvez A., 1990.

512.

Sullerot E. et Saltiel M., 1974.