3.1.1 Le temps des rencontres : les premières formations pour assistantes maternelles (1977)

La loi du 17 mai 1977549 chercha à réformer en profondeur la garde individuelle. Elle mit l'accent sur la nécessité d’améliorer et de garantir la qualité de l’accueil des enfants par celles que l’on appelait encore les nourrices ou les gardiennes. Alors qu’elles n’étaient jugées jusqu’alors que sur leurs capacités à garantir la sécurité de l’enfant et à le materner en lieu et place de sa mère, le législateur voulut qu’elles aient également des compétences pédagogiques, afin d’être en mesure de favoriser l’épanouissement et le développement psychique et moteur des enfants. Il s’agissait, en d’autres termes, de professionnaliser cette activité pour la rapprocher des normes et objectifs en vigueur dans la garde collective.

Cette volonté s’est traduite par un renforcement des critères d’agrément et du contrôle des assistantes maternelles, ainsi que par la volonté de promouvoir leur formation professionnelle. Cette réforme stipula que les services de la Protection Maternelle et Infantile, qui étaient encore rattachées à la DDASS, pouvaient désormais organiser des actions de formation, afin d'aider les assistantes maternelles dans leur tâche éducative. Comme le souligne le Dr Honegger, il ne s’agissait pas toutefois d’une obligation. Les services de PMI y étaient seulement invités et non contraints. En outre, le législateur n’avait défini ni le contenu, ni les modalités de ce droit à la formation. La question des objectifs, du financement, de la durée, du personnel affecté à cette nouvelle mission n’était pas envisagée.

Malgré ces imprécisions, des formations furent immédiatement mises en place et pas nécessairement d’ailleurs par les services de PMI. Dans le Rhône, ce fut le Centre Social d’Ecully et son directeur de l’époque M. X. Franc, qui lancèrent la première action en ce domaine. Ceci pourrait paraître surprenant car les Centres Sociaux n’étaient pas directement concernés par la loi de 1977. Ils ne possédaient pas de crèche familiale et n’employaient pas d’assistantes maternelles. Cependant, ils étaient sensibilisés à la question des modes de garde, car plusieurs d’entre eux étaient dotés de halte-garderie, comme celui d’Ecully par exemple. Ils n’étaient pas non plus étrangers aux questions de formation du personnel ayant en charge la petite enfance. La Fédération des Centres Sociaux venait, en effet, de signer un accord avec l’Ecole de Santé du Sud-Est pour que les employées de ses haltes-garderies puissent suivre une formation au diplôme d’Educatrice Jeunes Enfants avec maintien dans l’emploi. Enfin, certains Centres Sociaux avaient tissé des liens avec des assistantes maternelles. Des haltes-garderies intégrées dans des Centres Sociaux, comme celles d’Ecully, accueillaient quelques heures par mois des enfants placés auprès d’assistantes maternelles, à l’occasion d’action pédagogique et de socialisation.

C’est donc dans ce contexte de sensibilisation et de relations préexistantes, que le directeur du Centre Social d’Ecully s’intéressa à la formation des assistantes maternelles et qu’il voulut en mettre une en place dès la promulgation de la loi. Afin d’obtenir une aide méthodologique et pédagogique, M. X. Franc contacta le GRETA de la Sauvagère dans le IX° arrondissement de Lyon, non loin d’Ecully, un organisme de l’Education Nationale spécialisé dans la formation professionnelle des adultes. Mme Louise Duprat y était employée comme formatrice. C’est elle qui reçut M. X. Franc et qui se proposa pour animer cette formation. Elle obtint sans difficulté l’autorisation de son institution de tutelle mais ce qui devait être une simple action circonstanciée et localisée se transforma rapidement en un ambitieux projet de recherche – action.

Notes
549.

Loi n°77.505 du 17 mai 1977 relative aux assistantes maternelles.