1. 7. Subjectivité et parole

Si l’air au XVIIe siècle est très présent au quotidien, dans le domaine de la santé, qui, plus directement que de nos jours, touche à la question de la vie et de la mort, on peut s’attendre à ce qu’il occupe également une place importante dans le monde de la subjectivité, des émotions et des représentations, ainsi que dans celui des discours et des interactions. De ce point de vue, notre corpus est particulièrement riche, et présente une grande quantité de lexèmes, ainsi que certains procédés non lexicaux, relevant de ces différents domaines 436 . Ce lexique s’applique non seulement à l’air, mais aussi aux thèmes qui s’y associent (celui de la santé, en particulier). En raison de l’abondance du corpus, je ne prendrai en compte que les contextes étroits en relation avec le mot air.

Je commencerai par le domaine des affects, l’air et les effets qu’il peut avoir suscitant des émotions et des sentiments divers.

On rencontre les deux modalités de l’attente, qui, selon qu’elle est positive ou négative, conduit à la crainte ou à l’espoir. La première trouve une expression directe dans le couple craindre / crainte :

‘J’avais tort de craindre que l’airde Provence ne vous fît une maladie considérable ! (9)’ ‘par un effet tout contraire à celui que nous craignions, l’air de Provence lui a plutôt fait du bien que du mal (23)’ ‘je crains sur cela l’airde Grignan (25)’ ‘vous devez comprendre aussi ce que c’est que d’y joindre la crainte de vous voir malade et dévorée par un air subtil, comme l’est celui de Grignan (17)’ ‘Il faut donc, ma bonne, vous ôter la crainte que je puisse être malade [sous entendu : dans l’air des Rochers] 437 , plutôt qu’ailleurs. (39)’

mais elle peut aussi s’inscrire dans certaines qualités subjectives qu’on attribue à l’air :

‘ce terrible air de Grignan qui devait vous faire mourir (11)’ ‘c’est cet air terrible de Grignan (21)’ ‘l’air de Grignan est terrible pour elle (15)’

On craint que l’air puisse provoquer des maladies ou même la mort. Et on espère, parallèlement, qu’il pourra rétablir la santé :

‘J’espère que le changement d’air et la diversité des objets, lui fera plus de bien que la résidence et l’application dans sa solitude. (76)’ ‘Je veux donc espérer que l'air natal, une si bonne compagnie, et Balaruc, vous remettront en meilleur état [...] (73)’

Le désir qu’on a de voir un événement s’accomplir peut prendre diverses formes. Ce peut être celle de l’envie, ou de sentiments contraires, comme le dégoût, l’horreur :

‘Je lui ai dit l’envie que j’avais eue [...] qu’elle ne partît que cet automne pour passer l’hiver à Aix, dont l’air est bon [..] (14)’ ‘on me dégoûte de Bourbon, à cause de l’air (59)’ ‘Vous avez une horreur de l’air de ce pays, que je n’ai pas. (40)’

Si l’on désire qu’une personne puisse se trouver dans l’air qui lui convient le mieux, on ne peut qu’avoir de l’aversion pour un air qu’on ne juge pas bénéfique.

Quand il s’inscrit dans une dimension temporelle, selon qu’il est tourné vers l’avenir, ou qu’il n’est plus d’actualité, le désir s’exprime dans l’opposition du souhait et du regret. Qu’on rencontre le verbe souhaiter :

‘Je veux donc espérer que l'air natal, une si bonne compagnie, et Balaruc, vous remettront en meilleur état ; je vous assure qu'il y a peu de choses que je souhaite davantage. (73)’

ou des modalités de phrase optatives :

Dieu veuille [...] que l’air de Grignan ne vous soit point contraire ! (7)’ ‘Ah ! plût à Dieu que votre air fût comme celui-ci, qui est parfait ! (30)’

l’objet est le même : la qualité de l’air et la santé.

On peut regretter un air, surtout s’il est aimable :

‘Il me semble que vous regrettez bien sincèrement celui [air] de Livry [...] Que nous le trouvions aimable ! (55)’

Le plaisir et la joie sont également présents :

‘je comprends le plaisir qu’elle peut trouver à changer d’air (80)’ ‘vous serez bien aise que je change d’air (78)’ ‘Cette duchesse ne cesse de me dire que la belle Comtesse sera ravie qu’elle m’ait tirée de ce mauvais air des Rochers. (36)’ ‘Quelle joie de vous restaurer un peu auprès de moi, dans un air moins dévorant et où vous êtes née ! (44)’ ‘Mais, Dieu merci, l’air et le repos de Grignan ont fait ce miracle ; j’en ai une joie proportionnée à mon amitié. (10)’

Dans les deux dernières citations (44 et 10), l’exclamation (quelle joie) et la formule Dieu merci contribuent indirectement à l’expression du même sentiment.

La seule invocation à Dieu peut d’ailleurs suffire à traduire ce sentiment :

Que Dieu soit loué à jamais de la santé que vous y [dans l’air de Grignan] avez trouvée ! (12)’

Le déplaisir, quant à lui, est exprimé dans les citations suivantes :

‘C’est un grand déplaisir que votre beau teint ne puisse pas soutenir l’air de Provence. (1)’ ‘Si elle passait l’été dans l’air de Livry, elle serait rétablie, mais je ne suis pas assez heureuse. (55)’

Le plaisir et le déplaisir sont naturellement liés, eux aussi, aux effets, positifs ou négatifs, de l’air sur la santé.

On remarquera que, dans la plupart des exemples, il s’agit du sentiment qu’éprouve une personne relativement à l’état de santé d’une autre personne.

L’air n’est pas seulement l’objet de sentiments. Il est aussi lié à l’activité de l’esprit. Celle-ci commence avec la simple représentation, qui consiste dans la formation d’images ou d’idées, comme avec ces deux emplois du verbe penser :

‘quand je pense [...] qu’elle va trouver l’air de Grignan, je vous assure qu’il s’en faut bien que je ne sois en repos (16)’ ‘Il est vrai que je suis ravie de penser au miracle que Dieu a fait en vous guérissant par ce pénible voyage, et ce terrible air de Grignan qui devait vous faire mourir. (11)’

Là encore, ce qu’on a dans l’esprit, c’est l’action qu’exerce l’air sur la santé d’une autre personne.

Mais notre corpus nous fait entrer plus largement dans le champ de la connaissance, avec les verbes suivants :

  • apprendre :
‘Il nous suffit d’apprendre [...] que, par un effet tout contraire à celui que nous craignions, l’air de Provence lui a plutôt fait du bien que du mal. (23)’
  •  considérer 438  :
‘Je prie M. de Grignan de considérer ce que vous fait l’air de Grignan [...] (20)’
  •  observer :
observez ce que fait l’air de Grignan (8)’
  •  comprendre :
‘Enfin je ne comprends pas l’opiniâtreté et la noirceur de ses vapeurs de tenir contre tant de bonnes choses [parmi lesquelles il faut compter l’air]. (32)’
  •  savoir / connaître :
‘si vous saviez combien l’air subtil est contraire à ses maux (64)’ ‘Mais comprenez bien l’impatience que j’ai [...] de savoir si vous avez été saignée, et comment cette bonne tête [...] se trouve de l’air de Grignan ? 439 (29)’ ‘L’air de Lyon lui ferait connaître qu’il n’y a point de meilleur remède pour elle que de changer de climat [...] (48)’

La négation du verbe savoir entraîne une présomption de connaissance plutôt qu’une absence totale de savoir :

‘Je ne sais si c’est le bon air, la vie réglée, la désoccupation ; enfin [...] je jouis d’une santé si parfaite que je vous ai mandé que j’en suis étonnée. (69)’ ‘[...] je ne sais si le changement d’air, à cet âge, n’est point un peu dangereux. (77)’

La connaissance est toujours relative aux effets de l’air sur la santé, la sienne et surtout celle de l’autre. Cette connaissance peut être acquise ou souhaitée (on peut souhaiter à l’autre le savoir qu’on a soi-même), elle peut être plus ou moins affirmée (je ne sais), et même tenue en échec (je ne comprends pas).

Le domaine de la connaissance est voisin de celui de la pensée, qui est très représenté dans notre corpus. On peut distinguer dans ce champ ce qui relève du raisonnement de ce qui touche à l’opinion, au jugement.

En ce qui concerne le raisonnement, je relève les mots suivants :

‘Sans raisonner ni tirer aucune conséquence, je m’en tiens là [au fait que Mme de Grignan ait trouvé la santé dans l’air de Grignan] [...] (12)’ ‘[...] je changeai de compagnie sans changer de conversation ; nous conclûmes que Mme de Grignan ne retrouverait de la santé que par venir respirer l’air de ce pays-ci. (49)’

Tantôt la démarche se présente comme argumentée (nous conclûmes), tantôt le fait est accepté en dehors de la logique attendue (sans raisonner, ni tirer aucune conséquence).

On peut ajouter à ces verbes et syntagmes, certains mots lexicaux et grammaticaux qui expriment des valeurs logiques :

‘Et puisque c’est l’air [...] (1)’ ‘l’air est si épais et si humain que ce teint, qu’il y a si longtemps que l’on loue, n’en est point changé (33)’ ‘Pour l’air d’ici, il n’y a qu’à respirer pour être grasse. (58)’ ‘Je ne sais pas pourquoi mon frère de Toulongeon n’a point mené sa femme à Paris, car c’est un air bien fertile. (47)’ ‘Enfin je ne comprends pas l’opiniâtreté et la noirceur de ses vapeurs de tenir contre tant de bonnes choses [parmi lesquelles l’air de Grignan]. Cependant il les a : cela n’est que trop vrai. (32)’

C’est la relation de cause à conséquence qui s’exprime, et met en forme différents contenus. On peut regretter l’action de l’air (puisque c’est l’air), comme on peut reconnaître ses qualités, que ce soit à travers l’heureux effet qu’il a sur le teint, ou encore dans le fait que la seule fonction de respiration suffise à redonner l’embonpoint (signe de santé). Mais une cause ne produit pas toujours les effets attendus. L’air de Grignan ne dissipe pas les vapeurs du chevalier de Grignan. Quant à l’air fertile de Paris, il n’a pu faire ses preuves, car – chose peu compréhensible (je ne sais pas pourquoi) – il n’a pas attiré à lui le couple en attente d’enfant...

Venons-en au domaine du jugement. Indépendamment des adjectifs déjà rencontrés qui impliquent un jugement, comme mauvais, bon, excellent, parfait, admirable, on trouve des verbes qui dénotent l’acte de pensée lui-même :

  •  soupçonner :
‘de mon temps, on ne l’[l’air de Grignan] eût jamais soupçonné de restaurer, de rafraîchir et d’humecter une jeune personne (12)’
  •  pensée :
‘Je veux vous redresser sur la pensée que vous avez que l’air d’ici est mauvais [...] (39)’
  •  trouver :
‘Que nous le trouvions aimable ! (55) ’ ‘Joignez cela [la lecture des lettres] avec la vivacité de votre sang, et à l’air subtil de Provence, vous trouverez que les personnes du monde qui vous aiment le plus vous font malade et vous assassinent réglément trois fois la semaine. (28)’
  •  avis :
‘Moins Mme de Grignan se rétablit où elle est, plus elle se devrait presser de changer d’air [...] c’est l’avis de tous les gens habiles. (82)’ ‘L’air de Lyon lui ferait connaître qu’il n’y a point de meilleur remède pour elle que de changer de climat : c’est l’avis de mon oracle. (48)’ ‘Mon oracle est bien de cet avis [relatif aux effets néfastes du printemps et de l’air subtil sur Mme de Grignan] (31)’
  •  croire :
‘vous lui [l’air des Rochers] faites tort de le croire mauvais (37)’ ‘l’air, que vous voulez croire mauvais, est très bon (36)’ ‘[...] c’est que vous subsistez encore sur l’air de Paris. Elle le croit, et que les airs et les pays chauds donnent la mort .(45)’ ‘[...] vous me manderez que l’air d’Aix vous a toute raccommodée, que vous n’êtes plus si maigre qu’à Grignan ; je n’en croirai rien du tout. (2)’ ‘Je prie M. de Grignan de considérer ce que vous fait l’air de Grignan et de croire que vous n’êtes plus en état d’essayer de vous y accoutumer [...] (20)’

La simple interrogation, en suspendant la valeur de vérité d’un fait à venir, peut exprimer le doute :

‘Eh, mon Dieu ! l’air de Grignan fera-t-il tous ces miracles ? (22)’
  •  être persuadé :
‘Il [l’oracle] est persuadé que l’air subtil est fort contraire à Mme de Grignan [...] (65)’ ‘Il vous prie d’être persuadée que ma santé est parfaite, et que l’air des Rochers est excellent. (38)’
  •  être assuré :
‘Je voudrais être assurée [...] que l’air de Provence ne vous dévorât point. (26)’

On porte des jugements, positifs ou négatifs, sur l’air de tel ou tel lieu, sur l’action qu’il exerce sur la santé. On notera qu’on rencontre sur ce terrain l’avis des experts (les gens habiles, l’oracle).

On peut faire entrer dans le champ de la pensée des verbes de modalité (tels que devoir), qui, en présentant le fait lui-même comme nécessaire :

‘cet air de Provence, qui la devait dévorer, ne l’a point dévorée (24)’ ‘ce terrible air de Grignan qui devait vous faire mourir (11)’ ‘Il semble que l’air et la vie de Grignan devraient redonner la santé à Monsieur le Chevalier. (32)’

supposent une adhésion, qui peut d’ailleurs être modulée (comme dans le dernier exemple, avec l’emploi du conditionnel devraient et de l’impersonnel il semble). On relève encore l’adjectif sûr qui vient souligner la vérité de l’énoncé et la conviction de celui qui parle :

‘Ce qui est sûr, ma fille, c’est que l’air d’ici est fort bon [...]. (37)’

Il convient d’ajouter à ce corpus certains verbes qui présentent le jugement qu’on porte sur l’air et son action d’une façon imagée, comme une relation qu’on aurait avec une personne :

‘Vous voilà donc bien tous deux offensés contre l’air de Paris [...] (46)’ ‘Il faut pourtant rendre justice à l’air des Rochers [...] (35)’ ‘un air si maudit (62)’ ‘tout maudit qu’il était quelquefois par de certaines personnes mal disposées pour lui (55)’

Enfin la parole tient également une grande place. Je répartirai les lexèmes verbaux selon l’acte de parole qu’ils représentent : déclaratif, interrogatif et volitif / impératif.

Commençons par les verbes déclaratifs :

  •  dire :
‘Mlle de Méri désapprouve le fiel de bœuf ; elle dit qu’avec l’air de Grignan, c’est pour vous mettre en poudre. (5)’ ‘J’ai demandé à M. Fagon si l’air subtil lui était contraire ; il a dit qu’il l’était beaucoup. (63)’ ‘Il m’étonna en me disant à quel point cet air vous est contraire. (19, seconde occurrence)’ ‘je puis dire qu’il [l’air de Grignan] n’est pas moins bon pour ma vie que pour la vôtre (12)’ ‘Quoi que vous puissiez dire, l’air de Grignan vous est mortel et vous a mise en l’état où vous êtes. (13)’ ‘Vous devez dire : « Je ne puis plus voyager. Il faut que je me remette ; le repos et le bon air me sont nécessaires »[...] (68)’

On notera que le dire de l’expert (M. Fagon) est une réponse.

  •  mander 440   :
‘Je lui dis, comme de moi, ce que vous me mandez ; c’est que vous subsistez encore sur l’air de Paris. (45)’ ‘Je suis assurée, ma chère enfant, que pour me tirer de peine, vous me manderez que l’air d’Aix vous a toute raccommodée, que vous n’êtes plus si maigre qu’à Grignan [...] (2)’ ‘ Mandez-moi comme vous vous portez de l’air de Grignan, s’il vous a déjà bien dévorée [...] (4)’
  •  avouer :
‘Si [...] vous eussiez été disposée [...] à m’avouer que le repos et l’air de Livry vous eussent été bons [...] (52)’
  •  assurer :
‘il assure que tout l’air de Provence est trop subtil et trop vif et trop desséchant pour l’état où vous êtes (19)’ ‘quand on vous assure que le retour du printemps est pernicieux pour Mme de Grignan, dans l’air subtil qu’elle respire (31)’

On dit (ou l’on est invité à dire) ce qu’on pense de l’air d’un lieu (s’il est bon, mauvais, contraire, mortel), ou de ses effets sur la santé – et là encore, il s’agit plutôt de la santé de l’autre. On notera que le verbe assurer a partie liée avec la pensée, puisqu’il présente le fait énoncé comme certain.

On ne trouve qu’un verbe interrogatif, demande, qui exprime la question qu’on adresse à l’expert (qui vient de répondre ci-dessus) :

  •  demander :
‘J’ai demandé à M. Fagon si l’air subtil lui était contraire [...] (63)’

La volition et l’ordre (atténué) sont davantage représentés :

  •  proposer :
‘Quelle joie de vous restaurer [...] dans un air moins dévorant et où vous êtes née ! Je suis surprise que, vous aimant comme on fait en Provence, on ne vous propose point ce remède. (44)’
  •  conseil :
‘Moins Mme de Grignan se rétablit où elle est, plus elle se devrait presser de changer d’air ; séparément de l’intérêt que j’ai à donner ce conseil [...] (82)’
  •  prier / prière
‘Vous devriez joindre vos prières aux nôtres pour lui faire quitter un air si maudit. (62)’

Le conseil et l’ordre peuvent également s’exprimer dans des formes grammaticales, comme la phrase impérative, le futur de l’indicatif, ou le verbe devoir :

‘Revenez un peu respirer votre air natal, après trois ans. (70)’ ‘Vous éviterez d’y [dans l’air de Grignan] passer l’été [...] (13)’ ‘Moins Mme de Grignan se rétablit où elle est, plus elle se devrait presser de changer d’air [...] (82)’

On peut enfin mettre en évidence un champ plus restreint que les précédents, relatif à la décision qui conduit à l’action :

‘la beauté du pays et la pureté de l’air m’ont décidée (60)’ ‘l’expérience de mille gens, et le bon air, et point tant de monde, tout cela m’envoie à Vichy (67)’ ‘Je vous ai dit que la beauté du pays et des promenades et la bonté de l’air l’avaient emporté sur Bourbon. (61) ’

Si l’on trouve le verbe décider dans le premier exemple, les deux suivants reposent sur un procédé de personnification. Le verbe envoyer, appliqué métaphoriquement à des choses, signifie que celles-ci sont autant de raisons pour que Mme de Sévigné se décide à partir à Vichy (par raccourci métonymique, l’action est mise à la place de la volonté d’agir). La locution verbale l’emporter sur, qui met en concurrence les qualités de Vichy et de Bourbon, signifie que Mme de Sévigné a fait choix de l’une de ces deux villes de cure, la comparaison étant présentée comme une rivalité entre personnes.

Ce corpus montre à quel point l’air dans son rapport à la santé humaine est au centre des préoccupations et des échanges. On notera que l’expression des sentiments et des croyances est particulièrement développée, et prend le pas sur celle du raisonnement et du savoir. La parole est surtout déclarative ; elle asserte des jugements et des faits. On ajoutera qu’il est question de la santé de l’autre dans ce corpus, mais on ne peut être que prudent dans l’interprétation de cette donnée, qui reflète en grande partie l’intérêt que portait Mme de Sévigné à la santé de sa fille.

Si notre corpus permet de mettre en évidence, à travers un certain nombre de champs lexicaux, l’importance de la subjectivité et du langage en relation avec l’air, il témoigne aussi d’une assez forte imbrication de ces champs lexicaux entre eux. C’est de ce point de vue que je vais réexaminer les exemples ci-dessus. Afin de clarifier la présentation, j’accompagnerai mes commentaires de schémas reposant sur des principes simples de structuration.

Ainsi, lorsque deux champs entrent en relation, comme dans cet exemple :

‘je suis ravie de penser au miracle que Dieu a fait en vous guérissant par ce pénible voyage, et ce terrible air de Grignan qui devait vous faire mourir (11)’

penser relève de l’activité de l’esprit (pensée) et ravie de l’affectivité, il s’établit de l’un à l’autre une relation de subordination. Ici le sentiment a pour objet la pensée : Mme de Sévigné tire son contentement de la représentation qu’elle se fait de la santé retrouvée de sa fille.

Je schématiserai ainsi cette relation :

  • représentation (A1) –> affectivité (A1)

en posant en premier l’élément subordonné (ici, la pensée), et en indiquant par la flèche la relation (qu’on peut paraphraser par « fait l’objet de ») qui le rattache à l’élément subordonnant (ici, la satisfaction). J’ajoute entre parenthèses l’actant concerné, qui, ici, reste le même (A1), c’est-à-dire Mme de Sévigné. Nous verrons que ce processus de subordination est récursif, les schémas pouvant comporter plus d’une relation de ce type.

La connaissance et la représentation peuvent susciter des sentiments :

‘Mais comprenez bien l’impatience que j’ai [...] de savoir si vous avez été saignée, et comment cette bonne tête [...] se trouve de l’air de Grignan ? (29)’ ‘quand je pense [...] qu’elle va trouver l’air de Grignan, je vous assure qu’il s’en faut bien que je ne sois en repos (16)’ ‘Il est vrai que je suis ravie de penser au miracle que Dieu a fait en vous guérissant par ce pénible voyage, et ce terrible air de Grignan qui devait vous faire mourir. (11)’

On a hâte de savoir (l’impatience de savoir) quand on attend des nouvelles, et selon qu’on pense aux risques encourus ou au miracle qui s’est réalisé, on est dans l’inquiétude (il s’en faut bien que je ne sois en repos) ou dans la joie (je suis ravie).

On peut ajouter à ce corpus les occurrences du verbe vouloir (au sens de « désirer »), qui introduit un verbe de jugement :

‘l’air, que vous voulez croire mauvais, est très bon (36)’ ‘Je voudrais être assurée [...] que l’air de Provence ne vous dévorât point .(26)’

Dans tous ces exemples, on retrouve le schéma ci-dessus :

  • représentation / connaissance / jugement (A1) –> affectivité (A1).

Le verbe vouloir peut également se combiner avec un verbe de sentiment :

‘Je veux donc espérer que l’air natal, une si bonne compagnie, et Balaruc, vous remettront en meilleur état. (73)’

selon un schéma dans lequel l’affectivité se prend elle-même comme objet :

  • affectivité (A1) –> affectivité (A1).

La parole de l’autre produit également des réactions affectives :

‘Il m’étonna en me disant à quel point cet air vous est contraire. (19)’ ‘Quelle joie de vous restaurer [...] dans un air moins dévorant et où vous êtes née ! Je suis surprise que, vous aimant comme on fait en Provence, on ne vous propose point ce remède. (44)’ ‘Si [...] vous eussiez été disposée [...] à m’avouer que le repos et l’air de Livry vous eussent été bons, c’est cela qui m’eût véritablement consolée [...] (52)’

Mme de Sévigné se déclare ébranlée par les propos du marquis de Gordes (il m’étonna en me disant), et surprise par l’incurie de son gendre qui ne propose point... le remède qu’elle préconise ! Quant à Mme de Grignan, il aurait suffi qu’elle dise une parole (m’avouer) pour que sa mère se trouve consolée.

Le schéma doit ici tenir compte du changement d’actant, puisque c’est la parole de l’autre qui suscite le sentiment :

  • parole (A1) –> affectivité (A2).

On peut aussi s’exprimer en vue de susciter chez l’autre tel ou tel sentiment (c’est du moins l’intention que Mme de Sévigné prête à sa fille) :

‘Je suis assurée, ma chère enfant, que pour me tirer de peine, vous me manderez que l’air d’Aix vous a toute raccommodée [...] (2)’

Le schéma reste le même, à cela près qu’il convient d’infléchir l’interprétation de la relation, qu’on paraphrasera par « a pour but » (plutôt que par « fait l’objet de »).

Si l’activité de l’esprit et la parole font l’objet de réactions affectives, inversement, elles peuvent avoir des sentiments pour objet.

La parole dit les sentiments, qu’il s’agisse de ses propres sentiments ou de ceux de l’autre :

Je lui ai dit l’envie que j’avais eue [...] qu’elle ne partît que cet automne pour passer l’hiver à Aix, dont l’air est bon [..] (14)’ ‘Je veux donc espérer que l'air natal, une si bonne compagnie, et Balaruc, vous remettront en meilleur état ; je vous assure qu'il y a peu de choses que je souhaite davantage. (73)’ ‘Cette duchesse ne cesse de me dire que la belle Comtesse sera ravie qu’elle m’ait tirée de ce mauvais air des Rochers. (36)’

Mme de Sévigné dit l’envie qu’elle a de voir sa fille passer l’hiver dans un air plus clément que celui de Grignan. Et elle souligne (je vous assure) la sincérité des souhaits qu’elle formule pour le rétablissement du chevalier de Grignan. Dans le dernier exemple, c’est Mme de Chaulnes (dont Mme de Sévigné rapporte le propos) qui exprime la satisfaction qu’aurait Mme de Grignan (la belle Comtesse serait ravie) à savoir sa mère hors de l’air des Rochers...

Les schémas sont les suivants, si l’on tient compte du changement d’actant dans le dernier exemple :

  • affectivité (A1) –> parole (A1)
  • affectivité (A1) –> parole (A2).

Dans le domaine de la connaissance, on trouve les exemples suivants :

‘je comprends le plaisir qu’elle peut trouver à changer d’air (80)’ ‘vous devez comprendre aussi ce que c’est que d’y joindre la crainte de vous voir malade et dévorée par un air subtil, comme l’est celui de Grignan (17)’ ‘Mais comprenez bien l’impatience que j’ai [...] de savoir [...] (29)’

Mme de Sévigné comprend le sentiment de plaisir qu’éprouve sa nièce à la perspective de changer d’air, et elle demande à sa fille de comprendre la crainte qu’elle éprouve de la voir aux prises avec l’air de Grignan, l’impatience qu’elle a d’avoir de ses nouvelles.

Citons encore cette phrase :

‘J’avais tort de craindre que l’air de Provence ne vous fît une maladie considérable ! (9)’

dans laquelle la crainte de Mme de Sévigné fait l’objet d’un jugement négatif (j’avais tort), qu’elle attribue à sa fille.

À ces exemples correspond le schéma suivant :

  • affectivité (A1) –> connaissance / jugement(A2).

Il est plus rare que le jugement ait pour objet la parole, ou que la parole dise la parole elle-même :

Je suis assurée, ma chère enfant, que, pour me tirer de peine, vous me manderez que l’air d’Aix vous a toute raccommodée [...] (2)’ ‘ Je lui dis, comme de moi, ce que vous me mandez ; c’est que vous subsistez encore sur l’air de Paris. (45)’

dans des schémas du type :

  • parole (A1) –> pensée (A2)
  • parole (A1) –> parole (A2).

Les relations lexicales atteignent un plus fort degré de complexité, quand la connaissance, le jugement ou la parole ont pour objet un sentiment qui, lui-même, provient d’une connaissance ! C’est le cas si l’on re­prend les exemples donnés ci-dessus :

‘Mais comprenez bien l’impatience que j’ai [...] de savoir [...] (29)’ ‘ Il est vrai que je suis ravie de penser au miracle [...] (11)’ ‘quand je pense [...], je vous assure qu’il s’en faut bien que je ne sois en repos (16)’

Mme de Sévigné demande à sa fille de comprendre l’impatience qu’elle a de connaître son état de santé. Elle assure son correspondant de l’inquiétude que lui donne la pensée du retour de sa fille à Grignan. Elle souligne l’authenticité (il est vrai) du plaisir que lui apporte la pensée de la guérison miraculeuse de sa fille. Le schéma s’enrichit alors d’une relation. Selon qu’en fin de chaîne, l’actant reste le même ou non – dans le premier exemple, c’est Mme de Grignan qui doit comprendre l’impatience de sa mère, et dans le second le jugement est impersonnel (ce que traduit l’apparition d’un actant0) – on aura les variantes suivantes :

  • connaissance (A1) –> affectivité (A1) –> connaissance (A2)
  • connaissance (A1) –> affectivité (A1) –> jugement (A0)
  • connaissance (A1) –> affectivité (A1) –> parole (A1).

Pour la phrase :

J’avais tort de craindre que l’air de Provence ne vous fît une maladie considérable ! (9)’

où Mme de Sévigné manifeste, par la forme exclamative de la phrase 441 , son indignation quant au jugement négatif (présumé) que sa fille porterait sur l’inquiétude qu’elle a à son sujet, on proposera le schéma ternaire suivant :

  • affectivité (A1) –> jugement (A2) –> affectivité (A1).

Enfin, on trouve également un enchaînement ternaire qui met en jeu la pensée et la parole dans la phrase :

‘Cependant il est certain qu’on vous dit vrai quand on vous assure que le retour du printemps est pernicieux pour Mme de Grignan, dans l’air subtil qu’elle respire. (31)’

On juge conforme à la vérité (vrai) une parole déjà porteuse en elle-même de certitude (assurer), ce jugement étant lui-même donné pour certain. Ce qui revient à dire que tout cela est vrai, sûr et certain !

Voici le schéma correspondant, dans lequel je pose, en fin de chaîne, l’actant0 :

  • parole (A1) –> jugement (A2) –> jugement (A0).

Dans le domaine de la parole, on notera qu’un acte de langage tel que l’ordre tend à s’exercer sur les sentiments, sur la pensée, et sur la parole de l’autre. Cette valeur impérative peut être exprimée par le mode impératif lui-même, par des verbes de parole (prier), ou par d’autres verbes ayant une valeur d’obligation (falloir, devoir). Je commence par les structures les plus simples :

‘Il faut donc, ma bonne, vous ôter la crainte que j’y puisse être malade, plutôt qu’ailleurs. (39) 442 ’ ‘observez ce que fait l’air de Grignan (8)’ ‘Je prie M. de Grignan de considérer ce que vous fait l’air de Grignan et de croire que vous n’êtes plus en état de vous y accoutumer. (20)’ ‘Il vous prie d’être persuadée que ma santé est parfaite et que l’air des Rochers est excellent. (38) ’ ‘Mandez-moi comme vous vous portez de l’air de Grignan, s’il vous a déjà bien dévorée [...] (4)’ ‘Vous devez dire : « Je ne puis plus voyager. Il faut que je me remette ; le repos et le bon air me sont nécessaires » [...] (68)’

Mme de Sévigné ordonne (il faut) à sa fille de n’avoir plus de crainte au sujet de la santé de sa mère (vous ôter la crainte que je puisse être malade). Mais elle gouverne aussi la connaissance et la croyance de l’autre. Ainsi elle demande à sa fille et à son gendre d’observer, de considérer les effets de l’air de Grignan, et –chose moins courante – elle prie M. de Grignan de croire que sa femme n’est plus en état de s’adapter à l’air dans lequel elle se trouve. De même, Charles de Sévigné prie sa sœur (par le truchement de sa mère) de croire (être persuadée) que celle-ci se porte à merveille de l’air des Rochers. Quant à l’injonction de parole, elle a une forme attendue quand Mme de Sévigné demande à sa fille de lui donner de ses nouvelles (mandez-moi comme vous vous portez). Elle l’est moins quand elle lui prescrit le type de discours qu’elle doit tenir (vous devez dire).

Les schémas qui correspondent à ces exemples sont binaires :

  • affectivité (A1) –> ordre (A2)
  • connaissance (A1) –> ordre (A2)
  • parole (A1) –> ordre (A2).

Il n’en est pas de même avec :

‘vous devez comprendre aussi ce que c’est que d’y joindre la crainte de vous voir malade et dévorée par un air subtil, comme l’est celui de Grignan (17)’ ‘Mais comprenez bien l’impatience que j’ai [... de savoir [...] comment cette bonne tête [...] se trouve de l’air de Grignan ? (29)’

Si Mme de Grignan ne doit éprouver aucune crainte au sujet de la santé de sa mère, en revanche, Mme de Sévigné attend de sa fille qu’elle comprenne ses propres inquiétudes (l’impatience, la crainte)... ce qui amène des enchâssements lexicaux de plus en plus complexes ! En effet, la crainte de Mme de Sévigné est présentée comme un objet de connaissance (comprendre), lui-même soumis à un ordre (avec l’impératif). On a donc un schéma ternaire :

  • affectivité (A1) –> connaissance (A2) –> ordre (A1).

Et l’on obtient même une structure à quatre éléments avec l’impatience, qui, à la fois, a un objet de connaissance (savoir) et fait l’objet de la connaissance de l’autre (comprenez), présentée sous une forme impérative !

Soit :

  • connaissance (A1) –> affectivité (A1) –> connaissance (A2) –> ordre (A1)

On peut enfin étendre cette valeur impérative à la volonté d’amener l’autre à croire quelque chose, ou à corriger un faux jugement :

‘Nous voulons vous persuader qu’il [le café] vous échauffe, joint à l’air que vous respirez [...] (27)’ ‘Je veux vous redresser 443 sur la pensée que vous avez que l’air d’ici est mauvais [...] (39)’

en introduisant une variante volitive :

  • jugement (A1) –> volonté d’agir (A2)

Si cette étude est un peu longue, c’est qu’une approche méthodique était nécessaire pour dégager les mécanismes d’enchâssement des champs lexicaux, et montrer leur degré de complexité. Certes, ce type d’architecture est un trait de l’écriture classique, et ne caractérise pas de façon spécifique notre corpus. Je prendrai pour seul exemple cette phrase de La Princesse de Clèves :

‘Quand elle pensait qu’elle s’était reproché comme un crime, le jour précédent, de lui avoir donné des marques de sensibilité que la seule compassion pouvait avoir fait naître et que, par son aigreur, elle lui avait fait paraître des sentiments de jalousie qui étaient des preuves certaines de passion, elle ne se reconnaissait plus elle-même 444 .’

Mais il est intéressant de voir ici les modes de relation qui s’établissent entre les différents champs lexicaux. Ce qui est particulièrement frappant, c’est la place dominante de l’affectivité, qui revient très souvent dans les enchaînements, qu’elle soit en position initiale, médiane ou finale. Les activités de l’esprit (la connaissance et le jugement en particulier) et la parole apparaissent comme liées aux sentiments. Soit elles suscitent des réactions affectives, dans des structures comme l’impatience de savoir ou il m’étonna en me disant, soit elles ont les sentiments pour objet, et il s’agit alors de dire son envie, de comprendre ou de juger la crainte de l’autre. On peut rester en relation avec soi (avec ses représentations, ses émotions et la parole qui les dit) ou entrer en relation avec l’autre (la parole d’autrui peut susciter des émotions, comme on peut comprendre, dire, et juger les émotions de l’autre). Il s’agit là de structures binaires de base. Certaines de ces structures entrent dans des enchaînements ternaires, dans lesquels l’affectivité occupe la place centrale. En amont, elle se rattache aux représentations ou à la connaissance dans lesquelles elle trouve son origine, tandis qu’en aval elle fait l’objet d’actes de connaissance, de jugement, de parole – qui peuvent être le fait de l’autre ou de soi-même.

Quant à la parole, elle joue un rôle spécifique par rapport à l’autre, à travers les injonctions qu’on lui donne, relatives à ce qu’il doit ressentir, savoir et penser. Toutefois, on peut voir dans ces formes impératives, qui sont toutes le fait de Mme de Sévigné, la marque de sa personnalité et de sa relation à sa fille... et à M. de Grignan ! Quand la parole vient se greffer sur des structures déjà construites, binaires ou ternaires, on atteint un degré de complexité des chaînes qui peut aller jusqu’à quatre éléments. Ainsi quand Mme de Sévigné demande (ordre) à sa fille de comprendre (connaissance) l’impatience (affectivité) qu’elle a de savoir (connaissance) quel est son état de santé... On peut donc dire que les champs relatifs à l’esprit et à la parole tendent, d’une manière ou d’une autre, vers l’affectivité, qu’elle les prenne pour objet ou qu’elle en soit l’objet. Quant aux formes impératives, elles n’en sont pas éloignées, puisqu’elles expriment cette forme consciente et déterminée du désir qu’est la volonté. Cette étude montre à quel point le thème de l’air dans ses rapports avec la santé mobilise les affects et l’énergie, impliquant le sujet dans sa vie intérieure autant que dans ses échanges avec autrui.

Notes
436.

. Cette partie relève de l’énonciation, et, plus largement, de l’expression de la subjecti­vité dans le langage (voir C. Kerbrat-Orecchioni, 1980, D. Maingueneau, 1991, p. 114 et suiv.). Elle couvre ce que M. Riegel,J.-C. Pellat, R. Rioul, 1996, p. 579 et suiv., appellent les modalités d’énonciation (actes de langage) et les modalités d’énoncé (attitude du locuteur par rapport à l’énoncé), qui se répartissent elles-mêmes dans les deux domaines de l’affectif et de l’évaluatif (modalités épistémiques, déontiques et appréciatives). Les supports sont très divers : verbes, adjectifs, phrases, temps verbaux, conjonction de coordination et de subordination, adverbes, etc... J’ai adopté un classement résolument sémantique, en accord avec le thème de cette recherche, et j’ai également pris en compte les faits relatifs au raisonnement et à l’argumentation.

437.

. Si l’on retient cette interprétation (voir note101).

438.

. Considérer : faire un examen attentif.

439.

. Si le point d’interrogation est la marque d’une interrogation directe, la relation entre l’interrogative introduite par commentet le verbe savoir n’est plus que sémantique. Dans la mesure où la ponctuation de cette correspondance est revendiquée par l’éditeur (nous avons ponctué l’ensemble des textes selon les habitudes d’aujourd’hui, t. 1, p. 825) – si c’est le cas ici, on peut d’ailleurs s’interroger sur... ce point d’interrogation – il est difficile de statuer sur l’intention d’origine.

440.

. Mander : faire savoir par lettre ou par message.

441.

. Je ne prends en compte que les formes de phrase marquées, comme l’exclamation, ou plus loin, l’ordre – sans aller jusqu’à inclure l’acte de langage qu’impliquent les phrases déclaratives !

442.

œ. Cette citation est toujours retenue sous réserve que le pronom y renvoie à l’air d’ici.

443.

. Dans le PR, on trouve pour ce verbe la définition suivante, précédée de la mention fig. et vieilli : remettre droit (un raisonnement, un jugement faux).

444.

. Madame de La Fayette, La Princesses de Clèves, in Romanciers du XVII e siècle, 1962, p. 1190. Je modernise la graphie.