Tome 2 : 1677-1680

‘1. Vous êtes à Grignan, ma fille. Le chaud, l’air, la bise, le Rhône : premièrement, tout cela vous a-t-il été favorable ? (t. 2, l. 583, p. 474)

Mme de Sévigné écrit, ce 25 juin 1677, à sa fille, qui est partie de Paris le 8 juin, et qui vient d’arriver à Grignan. Elle retrace les différentes étapes de ce voyage dans ses lettres, et dans celle qui précède, écrite le 23 juin, elle lui disait : « Je vous crois ce soir à Valence » (t. 2, l. 582, p. 473).’ ‘2. Je vous ai mandé de mes nouvelles, et de celles de ma fille. Elle a été assez mal ; une saignée l’a remise. Elle prend du petit-lait pour la conduire à celui de vache naturel ; il n’y a que ce remède pour les maux de poitrine. C’est ce qui l’a empêchée d’aller en Provence, afin de joindre la douceur de l’air avec celle du régime, à Livry où nous passerons l’été ; outre que M. de Grignan viendra aussi cet hiver comme les autres. (t. 2, l. 647, p. 614)

Cette lettre, datée du 24 juin 1678, est adressée à Bussy-Rabutin. Mme de Grignan est à Paris depuis novembre 1677. ’ ‘3. Nous avons trouvé que vous êtes au milieu de trois villes1 dont vous avez du secours2. Vous avez Guisoni3. L’air est meilleur où vous êtes qu’à Grignan. Nous espérons que vous aurez eu quelque pitié de vous, au cas qu’il ait la petite vérole ou la rougeole, et que M. de Grignan ne vous aura pas même abandonné entièrement le soin de votre personne, ni même Monsieur le Coadjuteur. (t. 2, l. 710, p. 735)

La lettre est du 15 novembre 1679.
1. Mme de Grignan est à Saint-Andiol, sur le chemin de Grignan à Lambesc, au sud-est d’Avignon (voir note 3 de la p. 735, p. 1441). Les trois villes en question sont Aix, Salon, Avignon, mais Mme de Grignan est plus près de cette dernière ville (voir note 5 de la p. 735, p. 1441).
2. Le fils de Mme de Grignan est malade, comme nous l’apprend le début de la lettre : « votre pauvre petit garçon malade considérablement, une grosse fièvre, tous les signes de la petite vérole ou de la rougeole ».
3. Guisoni est le médecin attaché à Mme de Grignan en Provence (voir note 2 de la p. 486, l. 588, t. 2, p. 1329).’ ‘4. Ma chère, j’espère que tout ira bien ; le cœur me bat pourtant en attendant mes lettres. C’est une maladie commune ; vous avez de bons médecins qui ne le quitte­ront point. Votre air doit être doux. (t. 2, l. 710, p. 737)

Cette citation est extraite de la même lettre que la précédente, et poursuit sur le même thème de la maladie de Louis-Provence.’ ‘5. Ah ! ma très chère bonne, vous avez bien mal à votre pauvre poitrine ; l’air de Salon vous a redonné cette douleur et cette pesanteur au côté gauche, qui nous donne tant d’inquiétude. Que je suis obligée à Mme du Janet de vous avoir ôté la plume ! Ma bonne, si vous m’aimez, ôtez-moi le déplaisir de voir plus d’une feuille de votre écriture, et moins même, si vous voulez. Ce m’est une consolation de voir que vous vous conservez un peu. Et quand vous serez hors de cet accès de douleur où vous êtes, car j’espère que le temps se radoucira, je vous conjure encore de ne point écrire ; c’est toujours à recommencer si, par l’air et par vos fatigues, vous retombez à tout moment. (t. 2, l. 723, p. 784)

La lettre est datée du 5 janvier 1680. Mme de Grignan passe l’hiver à Aix. D’après une précédente lettre, datée du 29 décembre 1679, elle a fait des déplacements à Lambesc et à Salon. ’ ‘6. Ma bonne, il y a longtemps que vous sentez ce mal ; j’en suis très effrayée, et je ne trouve pas que ce soit là un mal de poitrine comme les autres. Je me souviens toujours de ce poumon dont me parla M. Fagon, et ce qu’il me dit. Comment avez-vous pu croire être guérie de ce mal et chanter victoire sur votre poitrine ? Je vous conjure de me répondre avec sincérité. Ce mal est-il continuel ? Est-il comme la bouffée de Livry ? [...] Vos artères que vous croyez dilatés et gonflés, peuvent-ils être cause de ce mal continuel au côté gauche ? Vous qui savez tout, parlez-moi là-dessus. Quand le temps est doux ici, je pense qu’à Aix il est encore plus doux, mais cet air doux est grossier, et vous incommode quelquefois comme la bise. Quand vous vous promenez par ces beaux jours que je connais, y portez-vous cette douleur, cette pesanteur ?
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[...] je ne puis me représenter cette douleur et ce point toujours au même endroit sans beaucoup d’inquiétude, et surtout si la douceur de votre air est inutile pour votre soulagement. (t. 2, l. 727, p. 801-802)

La lettre est datée du 19 janvier 1680. Ces deux extraits font écho à la citation précédente. ’ ‘7. Vous voilà donc à Grignan, ma très chère, avec toute votre famille. < Je suis fort aise que vous y soyez en repos. > Je souhaite que l’air ne vous fasse point de mal et que votre bonne et sage conduite vous fasse du bien. Vous écrivez trop, ma fille. Au nom de Dieu, servez-vous de ces mains inutiles1 dont vous pouvez jouir présentement. Je suis blessée quand je vois beaucoup de votre écriture ; épargnez-moi donc en vous épargnant. (t. 2, l. 755, p. 905)
1. Des domestiques inoccupés à Grignan, et pouvant y servir de secrétaires (note 3 de la p. 905, p. 1512)’

Notes
447.

. Une quinzaine de lignes séparent ces deux extraits de la même lettre.