Tome 1 : 1671-1672

‘1. J’en [de l’ennui] ai beaucoup plus encore de votre santé. Votre voyage de Marseille me trouble ; l’air de la petite vérole et le bruit des canons me donnent une inquiétude qui n’est que trop juste. (t. 1, l. 163, p. 249)

La lettre est du 8 mai 1671. Mme de Grignan et son mari sont à Marseille depuis le 24 avril. La comtesse est enceinte de Louis-Provence, qui naîtra le 17 novembre 1671. Le bruit des canons fait allusion aux salves destinées à saluer l’arrivée de la comtesse. ’ ‘2. Je vous plains de quitter Grignan. Vous y êtes en bonne compagnie ; c’est une belle maison, une belle vue, un bel air. Vous allez dans une petite ville étouffée, où peut-être il y aura des maladies et du mauvais air, cela me déplaît. (t. 1, l. 202, p. 348)

La lettre est du 20 septembre 1671. M. et Mme de Grignan s’apprêtent à partir à Lambesc, où devait se tenir l’assemblée des communautés de Provence que M. de Grignan allait présider, comme chaque année (voir note 5 de la p. 348, p. 1166). ’ ‘3. Je me trouve très bien ici, et je pousserai l’air de la petite vérole fort loin. Cette grande maison, où je ne trouve que Mme de Bonneuil, au lieu de vous, ne me donne nulle envie d’y retourner. (t. 1, l. 230, p. 406)

La lettre est du 30 décembre 1671. Mme de Sévigné se trouve chez les Coulanges, rue du Parc Royal, n’ayant pu demeurer dans son logis de Thorigny (cette grande maison) où le fils de sa sous-locataire, Mme de Bonneuil (qui habite l’appartement de Mme de Grignan au-dessous de chez elle), a la petite vérole (voir note 4 de la p. 393, l. 227, t. 1, p. 1197). ’ ‘4. Le nom de Monsieur d’Uzès est plein de mauvais air présentement, cela nous désespère. (t. 1, l. 244, p. 434)

La lettre est du 10 février 1672. Jacques Adhémar de Monteil de Grignan, évêque d’Uzès, est l’oncle du comte de Grignan. Charles-Philippe, chevalier de Grignan, frère du comte, avec lequel il habitait, vient de mourir de la petite vérole, le 6 février, à l’âge de 30 ans 490 . ’ ‘5. Je ne suis point sans inquiétude de vous savoir à Aix, avec tant d’air de petite vérole. Au moins évitez les lieux publics, et les presses ; c’est un horrible mal que celui-là. (t. 1, l. 246, p. 441)

La lettre est du 17 février 1672. Mme de Grignan a quitté Lambesc, où elle a laissé son fils (voir la lettre du 10 février 1672, t. 1, l. 244, p. 435), pour Aix. ’ ‘6. Vous êtes donc à Sainte-Marie, ne voulant pas laisser échapper un moment de la douleur que vous avez de la mort du pauvre Chevalier [...] Sauvez-vous aussi de l’air de la petite vérole ; je la crains pour vous beaucoup plus que vous. (t. 1, l. 250, p. 447)

La lettre est du 1er mars 1672. Mme de Grignan est toujours à Aix, en retraite à Sainte-Marie (au couvent de la Visitation, au nord de la place des Prêcheurs) après la mort du chevalier de Grignan. Dans le passage extrait, Mme de Sévigné poursuit assez longuement (sept lignes environ) sur le thème de l’affliction de Mme de Grignan. ’ ‘7. Pour votre fils, j’avais bien peur que vous l’eussiez ôté de Lambesc ; tous les habiles gens disent que c’eût été le moyen de lui faire avoir la petite vérole. Mais au nom de Dieu et pour l’amour de moi, n’allez point vous y fourrer. Qu’avez-vous à y faire ? Laissez-y votre enfant et n’allez point prendre un air empesté ! Ma bonne, je frissonne quand je pense au hasard que vous courez quelquefois ; je n’en puis pas soutenir la pensée. Ménagez-vous donc, pour l’amour de moi ! (t. 1, l.261, p. 477)

La lettre est du 13 avril 1672. ’ ‘8. Je n’aime que trop la petite de Grignan. Contre toutes mes résolutions je l’ai donc ôtée de Livry ; elle est cent fois mieux ici. Elle a commencé à me faire trouver que j’avais bien fait. Elle a eu, depuis mon retour, une très jolie petite vérole volante, dont elle n’a point été du tout malade ; ce que le petit Pecquet1 a traité en deux visites aurait fait un grand embarras, si elle avait été à Livry. Vous me demanderez si je l’ai toujours vue : je vous dirai que oui ; je ne l’ai point abandonnée. Je suis pour le mauvais air comme vous êtes pour les précipices ; < il y a des gens avec qui je ne les crains pas. > Enfin je la laisse en parfaite santé, au milieu de toutes sortes de secours. (t. 1, l. 292, p. 554)

La lettre est du 11 juillet 1672. Mme de Sévigné, qui avait emmené sa petite-fille Marie-Blanche âgée de vingt mois (son petit chat), le 3 juillet à Livry afin qu’elle y passe l’été, a décidé de la ramener à Paris le surlendemain (t. 1, l. 289, p. 548).

1. Jean Pecquet, anatomiste célèbre, avait été le médecin de Fouquet (il avait accepté d’être enfermé avec lui pour le soigner). Après son exil, il obtint la permission d’exercer à Paris (voir note 2 de la p. 79, l. 70, t. 1, p. 918). Mme de Sévigné le consultait souvent, pour elle, pour sa petite-fille, et même, à distance, au sujet de la santé de sa fille et de son petit-fils.’

Notes
490.

. Il convient de ne pas confondre ce chevalier de Grignan (Charles-Philippe) avec le chevalier rhumatisant dont nous avons déjà parlé (Joseph Adhémar). Il s’agit de deux frères du comte. Joseph Adhémar prit le titre de chevalier à la mort de son frère Charles-Philippe, dont il est question ici.