2 – Manière d’être en société

Peu à peu, on se rapproche de la personne :

1. En effet, dans le peu de temps que j’ai eu le bonheur de vous entrevoir, je me suis aperçu qu’encore que toutes les honnêtes personnes qui savent débiter agréablement les vérités obligeantes vous eussent répété cent fois que vous étiez toute remplie de charmes et d’agréments, que rien n’était plus inimitable que votre air galant, et rien de plus beau que le feu qui brille dans vos yeux et dans toutes vos paroles, néanmoins vous n’étiez persuadée que très faiblement de toutes ces choses. (t. 1, l. 46, p. 45)

Cette lettre, de mars 1658 (Mme de Sévigné est âgée de trente-deux ans), est de Costar, archidiacre de l’évêché du Mans. Mme de Montausier, selon Tallemant, « l’appelait le galant le plus pédant et le pédant le plus galant du monde » (voir note 5 de la p. 44, l. 46, t. 1, p. 878).

‘2. Le comte de Guiche1 est à la cour tout seul de son air et de sa manière, un héros de roman2, qui ne ressemble point au reste des hommes ; voilà ce qu’on me mande. (t. 1, l. 207, p. 361)
La lettre est du 7 octobre 1671.
1. Rappelons que le comte de Guiche, Armand de Gramont, était le fils du maréchal. Après un premier exil, il fut banni une seconde fois pour s’être mis, avec Vardes et le comte de Soissons, de la partie de ceux qui complotèrent pour détourner le Roi de Mlle de La Vallière (voir note 4 de la p. 354, l. 204, t. 1, p. 1171). Il était de retour à la cour.
2. Les héros de roman arrivent de lointaines contrées et suscitent la curiosité en raison de leur différence (voir note 3 de la p. 361, p. 1176).’ ‘3. Je serai mercredi à Moulins, où j’aurai une de vos lettres, sans préjudice de celle que j’attends après dîner. Il y a dans ce voisinage des gens plus raisonnables et d’un meilleur air que je n’en ai vu en nulle autre province ; aussi ont-ils vu le monde et ne l’ont pas oublié1. (t. 2, l. 519, p. 319)
La lettre est du lundi 15 juin 1676. Mme de Sévigné est à Langlard, chez l’abbé Bayard, où elle se repose de sa cure de Vichy. Jacques de Bayard, ami d’enfance du comte de La Fayette, abbé de Notre-Dame de Bellaigue en Bourbonnais, vivait dans son petit manoir de Langlard, près de Gannat, dans l’Allier (voir note 4 de la p. 577, l. 311, t. 1, p. 1329-1330).
1. Les Foucquet (note 4 de la p. 319, p. 1245). Depuis la condamnation du Surintendant (décembre 1664), ils étaient toujours en exil, et avaient quitté Montluçon pour Moulins (voir note 6 de la p. 293, l. 510, t. 2, p. 1232). Mme de Sévigné avait déjà séjourné chez eux à l’aller (t. 2, l. 510, p. 293). ’ ‘4. J’aimerais que notre veuve1 y fût2. Je l’aime fort. Elle a bien de l’esprit et du bon sens. Elle a une douceur et une modestie qui me charment. Elle ne se presse jamais de faire voir qu’elle a plus d’esprit que les autres. Elle sait bien des choses dont elle ne fait point la savante. Elle a un bon air dans sa personne et dans tout ce qu’elle dit. Enfin je la trouve digne de toute l’estime que nous avons pour elle. (t. 2, l. 576, p. 458)
La lettre est du 18 mai 1677, et elle est adressée à Bussy-Rabutin.
1. Louise-Françoise de Bussy-Rabutin, née en 1646, fille d’un premier mariage de Bussy-Rabutin, était veuve du marquis de Coligny depuis juillet 1676 (voir t. 2, l. 526, p. 336).
2. Mme de Sévigné envisageait, après avoir reconduit sa fille à Lyon, de revenir par Bourbilly et Époisses. Elle souhaite que Bussy-Rabutin fasse « un petit voyage à Forléans dans ce temps-là » (p. 458). Forléans, à mi-chemin entre Époisses et Bourbilly, était un village dont Bussy était le seigneur (voir note 8 de la p. 83, l. 74, t. 1, p. 925). ’ ‘5. Mme de Mesmes est arrivée1 ; j’y courus hier. Elle me dit des merveilles de vous, de votre époux et de vos enfants, de votre château, de votre bonne chère, de votre musique, de votre honnêteté, de votre bonté, de votre bon air, et quasi de votre santé, mais c’était pour me plaire. (t. 2, l. 713, p. 752-753)
1. Mme de Mesmes revenait de Provence, où elle avait vu les Grignan (voir note 6 de la p. 752, p. 1449).’ ‘6. Mme de Bouillon entra comme une petite reine dans cette Chambre1. Elle s’assit dans une chaise qu’on lui avait préparée, et au lieu de répondre à la première question, elle demanda qu’on écrivît ce qu’elle voulait dire. C’était qu’elle ne venait là que par le respect qu’elle avait pour l’ordre du Roi, et nullement pour la Chambre, qu’elle ne reconnaissait point, et qu’elle ne prétendait point déroger au privilège des ducs. Elle ne dit pas un mot que cela ne fût écrit. Et puis elle ôta son gant, et fit voir une très belle main. Elle répondit sincèrement jusqu’à son âge. « Connaissez-vous la Vigoureux2 ? — Non. — Connaissez-vous la Voisin ? — Oui. — Pourquoi vouliez-vous vous défaire de votre mari ? — Moi, m’en défaire ! Vous n’avez qu’à lui demander s’il en est persuadé ; il m’a donné la main jusqu’à cette porte. — Mais pourquoi alliez-vous si souvent chez cette Voisin ? — C’est que je voulais voir les sibylles qu’elle m’avait promises ; cette compagnie méritait bien qu’on fît tous les pas. » Si elle n’avait pas montré à cette femme un sac d’argent. Elle dit que non, par plus d’une raison, et tout cela d’unairfort riant et fort dédaigneux. « Eh bien ! messieurs, est-ce là tout ce que vous avez à me dire ? — Oui, madame. » Elle se lève, et en sortant, elle dit tout haut : « Vraiment, je n’eusse jamais cru que des hommes sages pussent demander tant de sottises. » Elle fut reçue de tous ses amis, parents et amies avec adoration tant elle était jolie, naïve3, naturelle, hardie, et d’un bon air et d’un esprit tranquille. (t. 2, l. 731, p. 822-823)
1. Il s’agit de l’interrogatoire de la duchesse de Bouillon par les juges de la Chambre ardente qui siégeait à l’Arsenal, et qui avait été créée afin de connaître sans appel de tout ce qui touchait aux poisons (voir note 3 de la p. 822, p. 1476). La duchesse de Bouillon, nièce de Mazarin, était embarras­sée dans l’affaire des poisons liée à La Voisin.
2. La Vigoureux, épouse d’un tailleur, fut l’une des toutes premières inculpées de l’affaire des poisons. Elle fut condamnée à être brûlée vive et exécutée (voir note 4 de la p. 822, p. 1477).
3. Naïf : en parlant des personnes, qui obéit gracieusement à ses sentiments 624 .’ ‘7. Nous fûmes deux heures avec madame votre sœur1 le premier de ce mois. Nous lui trouvâmes un air d’abbesse bien plus que de supérieure de couvent2 ; nous lui trouvâmes un esprit ferme, aisé et naturel, et comme si nous eussions été en commerce depuis longtemps. (t. 3, l. 926, p. 237-238)
Il s’agit d’une lettre adressée à Corbinelli, que Bussy-Rabutin joint à celle qu’il adresse à Mme de Sévigné.
1. À Châtillon-sur-Seine près de Bussy (en Côte-d’or), où Corbinelli avait deux sœurs religieuses (voir note 1 de la p. 122, l. 105, t. 1, p. 957).
2. La supérieure réside dans la communauté, ce que ne fait pas toujours l’abbesse (voir note 2 de la p. 237, p. 1265). ’ ‘8. Je veux commencer par vous dire avec douleur que vous avez perdu votre bon et fidèle ami le duc de Saint-Aignan1. Sept ou huit jours de fièvre l’ont emporté, et l’on peut dire qu’il est mort bien jeune, quoiqu’il eût, à ce qu’on dit, quatre-vingts ans. Il n’a senti, ni dans l’esprit, ni dans l’humeur, ni dans le corps, les tristes incommodités de la vieillesse. Il a toujours servi le Roi à genoux2, avec cette disposition3 que les gens de quatre-vingts ans n’ont jamais. Il a eu des enfants depuis deux ans. Enfin tout a été prodige en lui. Dieu veuille le récompenser de ce qu’il a fait pour l’honneur et pour la gloire du monde ! J’ai senti vivement cette mort par rapport à vous. Il vous a aimé fidèlement. Vous étiez son frère d’armes, et la chevalerie vous unissait. Il vous a rendu des services que nul autre courtisan n’aurait osé ni voulu rendre. Il avait un air et une manière qui paraient la cour. Quand la mode viendrait de faire des parallèles dans les oraisons funèbres, je n’en souffrirai jamais dans la sienne, car il était assurément unique en son espèce, et un grand original sans copie. (t. 3, l. 967, p. 299-300)
La lettre est adressée à Bussy-Rabutin.
1. Le duc de Saint-Aignan était maître de camp, c’est-à-dire à la tête d’un régiment de cavalerie. C’était un familier de Louis XIV, et le plus fidèle ami de Bussy, le seul ou presque qui osât le défendre auprès du Roi lorsqu’il eut été exilé (voir note 4 de la p. 14, l. 14, t. 1, p. 842). Bussy rappelle, dans la lettre suivante (t. 3, l. 968, p. 301), qu’il avait été premier gentilhomme de la chambre du Roi.
2. Usage apporté d’Espagne par Anne d’Autriche (note 1 de la p. 300, p. 1294).
2. Disposition : manière d’être, en parlant du tempérament, de la santé. R. Duchêne donne la définition suivante : « en étant frais et dispos  » (note 2 de la p. 300, p. 1294). ’ ‘9. Le jour de carême-prenant n’est pas un jour indifférent pour Pauline1 ; je vous gronde, ma chère bonne, de ne l’avoir point envoyée joliment, avec Martillac2 et votre écuyer, danser un peu chez la bonne Langlée3 avec Mlles d’Oraison. Quel mal y avait-il à lui donner ce petit plaisir ? Je n’ai point de peine à croire qu’elle danse et danserait encore mieux si elle avait eu un bon maître. Je suis assurée que cette petite personne est jolie, qu’elle a bon air, et qu’elle soutient et même efface de plus belles qu’elle. (t. 3, l. 1077, p. 522)
La lettre est du 2 mars 1689.
1. Pauline, née le 9 septembre 1674, avait quatorze ans et demi.
2. Gabrielle Martillac avait succédé à Montgobert (la première dame de compagnie) auprès de Mme de Grignan (voir note 2 de la p. 323, l. 981, t. 3, p. 1303).
3. Madame de Langlée, la mère du célèbre joueur Claude Langlée, était femme de chambre de la reine Anne d’Autriche (voir note 3 de la p. 409, l. 232, t. 1, p. 1211). ’ ‘10. Coulanges me paraît transporté de votre magnificence, de votre bon air, < et de Pauline. Vous êtes méchante ; vous croyez qu’il est forcé par la vertu de l’exorcisme1, je le crois, mais sans être ducs, vous avez plus de grandeur qu’il n’en faut pour le transporter. Votre compagnie2 était parfaitement bonne, et votre cour3 fort honnête ; > rien ne se pouvait ajouter à cette bonne et grande réception. (t. 3, l. 1149, p. 701)
1. Exorcisme : se prend aussi pour une sorte de charme qui consiste à dire de certains vers ou de certaines paroles dans la vue de produire des effets surnaturels.
2. Être de bonne compagnie, être bonne compagnie : avoir de bonnes manières.
3. Cour : par extension, respects et hommages qu’on rend à une personne [...] ’ ‘11. Un grand souper, dimanche, chez une présidente, vraiment fort honnête, fort aimable et d’un bon air. (t. 3, l. 1204, p. 858)’ ‘12. Il y a un temps infini que le cardinal demande Mme de Coulanges, et il y a un temps infini que je désire aussi que Mme de Coulanges voie Saint-Martin et qu’elle me voie à Saint-Martin, car elle m’y trouvera les coudées bien franches, comme on dit, et d’une liberté1 et d’un air qui lui feront voir combien je suis aimé dans cette maison et, si je l’ose dire, considéré depuis le galopin2 jusqu’au maître. (t. 3, l. 1337, p. 1103)
La lettre est de Coulanges, qui est chez le cardinal de Bouillon, neveu de Turenne, abbé de Saint-Martin de Pontoise (voir note 1 de la p. 29, l. 407, t. 2, p. 1091), grand aumônier de France.
1. Liberté : manière d’agir familière, ou dans laquelle on ne se contraint pas.
2. Galopin : petit garçon qu’on emploie à faire des commissions.’

Ce corpus nous conduit à la manière d’être en société de la personne. Les contextes situent et / ou font voir la personne. On évoque la réapparition ou le souvenir d’hommes de la cour, comme le comte de Guiche (2) et le duc de Saint-Aignan (8). Coulanges (10) et Mme de Mesmes (5) font l’éloge de Mme de Grignan qui les a reçus en Provence. Bussy-Rabutin a rencontré la sœur de Corbinelli (7), et Mme de Sévigné a été invitée à souper (11) chez une présidente. Les circonstances sont moins favorables à la duchesse de Bouillon, soumise à un interrogatoire relatif à l’affaire des poisons (6). Le galant Costar a eu, quant à lui, le bonheur d’entrevoir Mme de Sévigné (1). Les Foucquet sont dans le voisinage (3), et Mme de Sévigné, qui a logé chez eux en allant à Vichy 625 , s’apprête à leur rendre visite une seconde fois. Il y a aussi les personnes qu’on voudrait voir, parce qu’on les aime fort, comme la veuve, très appréciée par Mme de Sévigné (4), et ceux qui souhaitent être vus à leur avantage, comme Coulanges à Saint-Martin (12). Enfin il y a Pauline, que sa grand-mère imagine à distance, en ce temps de mardi gras (9). Que ce soit dans un cadre ouvert (la cour) ou plus restreint, lors de réceptions, de visites ou d’interrogatoires, de façon actuelle ou virtuelle, les personnages sont mis en situation.

Ils font aussi l’objet de nombreuses notations descriptives. Quelques-unes sont relatives à l’apparence physique : 

‘rien de plus beau que le feu qui brille dans vos yeux (1)’ ‘votre santé (5)’ ‘Mme de Bouillon entra comme une petite reine [...] Elle s’assit [...] Et puis elle ôta son gant, et fit voir une très belle main [...] tant elle était jolie [...] (6)’ ‘Il n’a senti [...] ni dans le corps, les tristes incommodités de la vieillesse [...] (8)’ ‘cette dispositionque les gens de quatre-vingts ans n’ont jamais (8) ’ ‘cette petite personne est jolie [...] elle soutient et même efface de plus belles qu’elle (9)’

D’autres concernent l’esprit, le caractère et la parole :

‘Elle a bien de l’esprit et du bon sens [...] (4)’ ‘Nous lui trouvâmes un esprit ferme, aisé et naturel, et comme si nous eussions été en commerce depuis longtemps. (7)’ ‘Elle dit que non [...] et tout cela d’un air fort riant et fort dédaigneux [...] tant elle était [...] naïve, naturelle, hardie [...] (6)’ ‘Il n’a senti, ni dans l’esprit, ni dans l’humeur [...] les tristes incommodités de la vieillesse. (8)’ ‘rien de plus beau que le feu qui brille [...] dans toutes vos paroles (1)’

La conjonction des deux types de notations est source, en 1, de charmes et d’agréments.

Un assez grand nombre se rapportent à des qualités sociales et / ou morales :

‘des gens plus raisonnables (3)’ ‘une présidente, vraiment fort honnête, fort aimable (11)’ ‘de votre honnêteté, de votre bonté (5)’ ‘Votre compagnie était parfaitement bonne, et votre courfort honnête [...] (10) ’ ‘Elle ne se presse jamais de faire voir qu’elle a plus d’esprit que les autres. (4)’ ‘Elle sait bien des choses dont elle ne fait point la savante. (4)’ ‘Elle a une douceur et une modestie qui me charment. (4)’

Honnête(té) et aimable, dénotent la politesse, la civilité de la personne, tandis que raisonnables intériorise le comportement, et le soumet au bon usage du jugement. La modestie 626 , l’absence de mise en valeur, d’ostentation (4), sont des qualités particulièrement prisées chez la femme. Les qualités morales de bonté et de douceur ne gâtent rien...

Au milieu de toutes ces bonnes choses, comment peut-on se représenter l’air de la personne ? En raison du resserrement de la perspective, des notations qui permettent de mieux cerner les individualités, l’air se rapproche de la personne. On peut l’interpréter comme la manière d’être en société, la manière de recevoir, de se comporter, de parler. Mais si la personne se profile, c’est encore de manière floue. Le mot air dénote cet ensemble de manières de façon indifférenciée, comme un comportement propre à la personne, posé dans sa permanence. Lorsque les situations sont plus limitées dans le temps (6 et 12), l’air reste malgré tout lié à des qualités qui engagent la personnalité même. Si l’on observe de plus près les modalités d’insertion du mot air, on constate qu’il s’associe à des qualités abstraites liées à l’esprit, à la sociabilité et à la morale.

Ce peut être en coordination simple :

‘des gens plus raisonnables et d’un meilleur air (3)’

ou dans une énumération :

‘Elle me dit des merveilles [...] de votre honnêteté, de votre bonté, de votre bon air [...] (5)’ ‘une présidente, vraiment fort honnête, fort aimable et d’un bon air (11)’ ‘elle m’y trouvera les coudées bien franches, comme on dit, et d’une liberté et d’un air (12)’

En ce qui concerne l’occurrence de la citation 5, on peut aussi se reporter à ce passage d’une lettre ultérieure :

‘M. et Mme de Mesmes sortent d’ici. Ils ont recommencé, sur nouveaux frais 627 , à parler de vous et de Grignan avec entêtement : votre bonne maison et vos beaux titres, Pauline et ses charmes, votre musique, votre terrasse, votre politesse, qui me fait croire une paysanne en comparaison de vous. (t. 2, l. 718, p. 770)’

qui revient sur le même thème, et dans lequel les Mesmes reparlent de la politesse de Mme de Grignan.

La citation 7 joue sur la juxtaposition de structures similaires :

‘Nous lui trouvâmes un air d’abbesse bien plus que de supérieure de couvent ; nous lui trouvâmes un esprit ferme, aisé et naturel, et comme si nous eussions été en commerce depuis longtemps. (7)’

Le bon air peut enfin apparaître en clôture d’une description :

‘Elle a bien de l’esprit et du bon sens. Elle a une douceur et une modestie qui me charment. Elle ne se presse jamais de faire voir qu’elle a plus d’esprit que les autres. Elle sait bien des choses dont elle ne fait point la savante. Elle a un bonairdans sa personne et dans tout ce qu’elle dit. (4)’

où l’on vante l’esprit de la personne, et surtout la mesure, la modestie, dont elle fait preuve dans sa manière de parler, puisqu’elle ne fait étalage ni de son esprit ni de son savoir. Le bon air, qui reprend ces qualités, s’applique à la fois à la personne, vue dans ses qualités sociales et morales, et à tout ce qu’elle dit. Ce glissement de l’animé au non animé montre l’importance de la parole, et l’unité dans laquelle la personne et ce qu’elle dit se trouvent pris.

Dans la citation 10, la juxtaposition :

‘de votre magnificence, de votre bon air (10)’

doit être éclairée par ce qui suit :

‘[...] vous avez plus de grandeur qu’il n’en faut pour le transporter. Votre compagnie était parfaitement bonne, et votre courfort honnête [...] (10)’

La magnificence, qui est relative à la dépense et au faste de la réception, est reprise par la grandeur, tandis que le bon air de Mme de Grignan est développé par la bonne compagnie, et la cour honnête, c’est-à-dire par les manières polies qu’elle a eues pour ses hôtes. C’est ce que confirme ce passage de la lettre suivante, où Mme de Sévigné revient sur la bonne impression reçue par Coulanges :

‘Coulanges m’en [Pauline] paraît charmé, et de vous, et de M. de Grignan, et de votre château, et de votre magnificence. Cette manière de faire les honneurs de la maison a fait de profondes traces dans son cerveau 628  ; il vous reconnaît pour duc et duchesse de Campo-Basso 629 pour le moins. (t. 3, l. 1150, p. 708)’

On comprend que le faste d’une réception puisse faire bon ménage avec la politesse des hôtes. Si le grand air (train de vie) n’est pas le bon air, l’alliance des deux – qu’on retrouve dans la citation 5, puisque le château, la bonne chère, la musique, précèdent les qualités de civilité et de bonté de Mme de Grignan – ne gâte rien...

Dans deux contextes, le mot air est mis en relation synonymique, par coordination simple, avec manière :

‘de son air et de sa manière (2)’ ‘Il avait un air et une manière [...] (8)’

queFuretière définit ainsi :

‘MANIÈRE. subst. Caractère que chacun a en particulier pour agir, pour parler, ou pour vouloir qu’on fasse les choses [...]’

On retrouve dans cette définition les composantes d’action et de parole qui se dégagent de nos citations, vues sous un aspect général et permanent. On notera que cette synonymie intervient dans les deux contextes où le cadre social est le plus large, puisqu’il s’agit de la cour. La manière d’être des personnages est donc à prendre dans sa plus grande extension. La citation 2 est peu loquace sur le comte de Guiche, mais on peut se reporter à un passage 630 où il est question du retour à la cour d’un autre disgracié, le marquis de Vardes, qui ne fut autorisé à revenir à la cour qu’en 1683 :

Enfin il arriva samedi matin avec une tête unique en son espèce, et un vieux justaucorps à brevet comme on le portait en 1663. Il se mit un genou à terre dans la chambre du Roi, où il n’y avait que M. de Châteauneuf [...] Après cette première vue, le Roi fit appeler Monsieur le Dauphin, et le présenta comme un jeune courtisan. M. de Vardes le reconnut et le salua. Le Roi lui dit en riant : « Vardes, voilà une sottise, vous savez bien qu’on ne salue personne devant moi. » M. de Vardes du même ton : « Sire, je ne sais plus rien ; j’ai tout oublié. Il faut que Votre Majesté me pardonne jusqu’à trente sottises.— Eh bien ! je le veux, dit le Roi, reste à vingt-neuf. » Ensuite le Roi se moqua de son justaucorps. M. de Vardes lui dit : « Sire, quand on est assez misérable pour être éloigné de vous, non seulement on est malheureux, mais on est ridicule. » (t. 3, l. 867, p. 113-114)

Le personnage « date » par sa tête 631 et son vêtement, mais il se singularise aussi par ses manières, qui ne sont pas celles de la cour. C’est tout le comportement du courtisan qui est déréglé, en de multiples occasions, comme en témoignent les trente sottises plaisamment envisagées par le coupable. Si le défunt Saint-Aignan est aussi unique en son genre, c’est pour d’autres raisons. Mme de Sévigné en fait un éloge appuyé, auquel fera écho Bussy dans sa réponse 632 , où il énumère longuement tous les services que lui rendit son cher ami, en le défendant contre ses ennemis, en intercédant en sa faveur auprès du Roi, en le soutenant dans ses procès, et même en lui prêtant un carrosse presque tout neuf avec de fort belles glaces (p. 302), qu’il ne lui reprit jamais, et de l’argent, dont il lui retourna la promesse 633 (mais que Bussy paiera à sa veuve dès qu’il le pourra !). Au-delà de sa jeunesse prolongée, des manières de l’homme de cour, qui a toujours servi le Roi à genoux, c’est aussi le comportement d’un ami fidèle, d’un homme de cœur, dont témoignent nos deux épistoliers. C’est probablement à toutes ces manières d’agir que se rapportent les deux synonymes air et manière, que Mme de Sévigné emploie au terme d’un portrait qui passe des qualités de corps et d’esprit à l’évocation de la grandeur d’âme du personnage. Et quand Mme de Sévigné dit que les manières du duc de Saint-Aignan paraient la cour, cela signifie qu’elles en étaient à la fois l’ornement et l’honneur.

Deux citations mettent l’air en relation avec l’aspect physique de la personne. En 1 :

‘que rien n’était plus inimitable que votre air galant, et rien de plus beau que le feu qui brille dans vos yeux et dans toutes vos paroles (1)’

l’air, les yeux et les paroles, font l’objet de louanges similaires. Mais le contexte est à la galanterie, la notation reste discrète, et le feu confond le regard et la parole dans une métaphore unique. La citation 9 met plus en avant la personne de Pauline. Après avoir conseillé à sa fille le choix d’un meilleur maître à danser pour sa petite-fille, Mme de Sévigné ajoute :

‘Je suis assurée que cette petite personne est jolie, qu’elle a bon air, et qu’elle soutient et même efface de plus belles qu’elle. (9)’

Dans un contexte où les verbes de pensée (Je n’ai point de peine à croire, Je suis assurée) semblent combattre certaines réserves qui affleurent (elle danserait encore mieux si elle avait eu un bon maître ; il y en a de plus belles qu’elle), Mme de Sévigné associe l’agrément physique (cette petite personne est jolie) et le bon air, qui contribuent à donner à la jeune fille l’avantage sur celles qui ont plus de beauté. Le et qui introduit la dernière proposition semble en effet prendre une valeur de consé­quence. Il n’y a rien d’étonnant à ce que la vue se trouve sollicitée quand il s’agit de jeunes personnes. Le bon air est probablement plus attaché à la présence physique que lorsqu’il s’agit d’un vieux courtisan. Mais, dans le cas de Pauline, l’importance des manières est soulignée depuis fort longtemps par Mme de Sévigné, d’autant que, dès ses premières années, cette enfant portait la marque de l’ouvrier 634 , c’est-à-dire avait le nez, volumineux, des Grignan.

Elle écrivait, alors que Pauline n’avait pas trois ans :

‘Il est vrai que ce nez est une étrange affaire, mais il se rajustera, et je vous réponds que Pauline sera belle. (t. 2, l. 591, p. 497)’

Malgré ces optimistes prédictions, et la bonne volonté de sa grand-mère, Pauline aura toujours plus de manières, de charme et d’amabilité, que de beauté proprement dite.

La voici sur ses cinq ans :

‘Savez-vous le mérite de Pauline ? Pauline est une personne admirable. Elle n’est pas si belle que la Beauté, mais elle a des manières ; c’est une petite fille à manger. (t. 2, l. 697, p. 699)’

À treize-quatorze ans, ce sera une personne fort agréable :

‘J’aime Pauline. Vous me la représentez avec une jolie jeunesse et un bon naturel. Je la vois courir partout et apprendre à tout le monde la prise de Philisbourg ; je la vois et je l’embrasse. Elle est aimable. (t. 3, l. 1026, p. 400)’

mais le nez sera toujours là :

‘J’aime tout à fait les louanges naturelles de Coulanges pour Pauline ; elles lui conviennent fort, et m’ont fait comprendre sa sorte d’agrément, bridé pourtant par des gens qui ont un peu mis leur nez mal à propos. Si ce comte avait voulu ne donner que ses yeux et sa belle taille, et vous laisser le soin de tout le reste, Pauline aurait brûlé le monde 635 . Cet excès eût été embarrassant ; ce joli mélange est mille fois mieux et fait assurément une jolie créature. (t. 3, l. 1158, p. 727)’

L’apparence de Pauline forme un tout avec sa manière d’être, qui fait l’essentiel de son charme.

L’adjectif joli, qui revient fort souvent dans les descriptions, exprime assez bien ce point de vue, si l’on en croit Furetière :

‘Joli : qui plaît par la gentillesse, sans avoir une beauté régulière et complète.’

et si, nonobstant la circularité, on se reporte à la définition de gentillesse :

‘Gentillesse : caractère de ce qui est à la fois joli et gracieux.’

J’ai gardé pour la fin le cas de la duchesse de Bouillon, dans la situation particulière et peu confortable qui est la sienne. Les nombreuses caractérisations qui la décrivent :

‘tant elle était jolie, naïve, naturelle, hardie, et d’un bon air et d’un esprit tranquille (6)’

mettent sur le même plan une notation physique (jolie) dans laquelle la grâce (préparée par son entrée comme une petite reine, ainsi que la très belle main qu’elle sortit du gant) l’emporte, des traits de caractère (naïve, naturelle, hardie), ainsi que ses dispositions d’esprit (d’un esprit tranquille). Ces qualités morales se manifestent dans son allure altière, mais surtout dans sa manière de parler, et dans la position haute qu’elle adopte pour s’adresser et pour répondre à ses juges – avec la circonstance aggravante d’un air fort riant et fort dédaigneux, sur lequel nous aurons l’occasion de revenir. Le bon air de la duchesse conjoint ces différentes composantes, qui font l’objet d’un jugement favorable. Mais ici, ce jugement, au lieu de sanctionner la conformité d’une manière d’être par rapport aux attentes sociales, souligne au contraire le décalage qui existe entre la situation d’accusée de la personne et la prestance, l’assurance dont elle fait preuve. Mme de Sévigné, qui désapprouve le fait qu’on interroge, dans cette affaire, des personnes de qualité :

‘On interrogea hier Mmes de Bouillon et de Tingry ; elles étaient accompagnées de leurs nobles familles. Vraiment, c’est pour des choses bien légères qu’on leur a fait cet affront ; jusqu’ici voilà ce qui paraît. (t. 2, l. 730, p. 818-819).’

est particulièrement sensible à l’attitude de la duchesse de Bouillon, qu’elle met, sans indulgence, en contraste avec celle de M. de Luxembourg, dans les lignes qui suivent :

‘M. de Luxembourg est entièrement déconfit ; ce n’est pas un homme, ni un petit homme, ce n’est pas même une femme, c’est une petite femmelette. « Fermez cette fenêtre. Allumez du feu. Donnez-moi du chocolat. Donnez-moi ce livre. J’ai quitté Dieu, il m’a abandonné. » Voilà ce qu’il a montré à Besmaus et à ses commissaires, avec une pâleur mortelle. Quand on n’a que cela à porter à la Bastille, il vaut bien mieux gagner pays 636 , comme le Roi, avec beaucoup de bonté, lui en avait donné les moyens [...] (t. 2, l. 731, p. 823)’

On notera toutefois que le jugement de Mme de Sévigné n’était pas nécessairement partagé par ses pairs :

‘« Mme de Bouillon a fait de grandes railleries de ses interrogatoires, ce qui n’a pas plu à la cour ; on assure qu’elle sera confrontée avec la Voisin » (Brayer à Mazaugues, 7 février 1680) 637 .’

Ce corpus montre l’étendue et la souplesse d’application du mot air. La manière d’être en société, quand on reçoit, quand on rend des visites, est privilégiée, et elle conduit naturellement à prendre en compte l’esprit, la manière de parler.

Le bon air (et sa variante un meilleur air) domine dans ce corpus. On peut le rapprocher de la politesse :

‘Politesse : manière d’agir, de parler civile et honnête, acquise par l’usage du monde.’

d’autant qu’il s’acquiert lui aussi au contact du monde, comme il est dit en 3 (aussi ont-ils vu le monde et ne l’ont pas oublié). Ce jugement favorable, étendu à tout ce qui se rapporte à la personne, est emphatisé dans certains contextes par les témoignages d’estime (pour la veuve, en 4), les compliments (en 5, Mme de Mesmes ne dit-elle pas des merveilles sur son séjour à Grignan ?), et même les transports (de Coulanges, en 10). Mais cette composante sociale n’exclut pas les qualités morales, comme la modestie (pour les dames), ou la grandeur d’âme (pour les hommes). Les qualités de naturel et de hardiesse de la duchesse de Bouillon (6), soumise à un interrogatoire que Mme de Sévigné juge indigne d’elle, sont particulièrement prisées, et, la mettant au-dessus de ses juges, témoignent de ses qualités... et de sa qualité. Quand il s’agit d’une jeune personne, les manières sont naturelles, et l’aspect physique plus présent. Avec l’air galant (1), c’est l’art de la conversation, le brillant du regard et de l’esprit, qui se trouvent mis en avant. L’adjectif dénote ici l’élégance et le raffinement des manières, sans aucune connotation péjora­tive. Certains airs sont marqués par une condition sociale particulière. Ainsi la sœur de Corbinelli (7), qui est religieuse, a une manière de penser et de parler (le feu du regard et même le raffinement des manières ne seraient pas de mise ici) qui la place au-dessus de son état – si l’on comprend qu’elle est supérieure du couvent, mais qu’elle a un air d’abbesse. Il est d’autres airs qui, toujours (sinon plus) dignes d’éloges, sont plus difficiles à définir, et sont, pour ainsi dire, plus personnalisés. Ils échappent alors à la référence sociale, à l’évaluation normative, et c’est une subordonnée relative qui prend en charge la caractérisation. C’est le cas en 8 (un air et une manière qui paraient la cour) et en 12 (d’une liberté et d’un air qui lui feront voir combien je suis aimé dans cette maison et, si j’ose dire, considéré depuis le galopin jusqu’au maître). Le duc de Saint-Aignan (8), en tous points unique en son espèce, a un air qui va, on l’a vu, au-delà de la simple civilité. Par ses qualités de cœur remarquables, il se place en quelque sorte au-dessus de la société à laquelle il appartient, puisque, au lieu de prendre à son avantage l’air du monde, c’est lui qui, par ses manières inimitables, embellit la cour. Quant à Coulanges (12) qui se trouve dans l’abbaye du cardinal de Bouillon, il fait l’éloge de son propre comportement, familier et non contraint, qui montre combien on le tient, du plus petit jusqu’au plus grand, en haute estime. Il en est quasiment au point de supplanter le maître, lui-même complice de cette élévation, comme il l’évoque plaisamment dans la lettre suivante :

‘[...] Mme de Coulanges à qui le cardinal veut faire voir comme je suis le maître dans ce délicieux séjour, et combien, quand j’y suis, il y est peu question de lui. (t. 3, l. 1339, p. 1108)’

Ce contexte laisse entendre que l’air naturel pourrait bien être l’apanage des plus grands, dans la mesure où, seuls, ils pourraient se permettre de traiter les autres avec familiarité. Enfin, quand on revient de loin, on est atypique, comme coupé du reste des hommes. C’est le cas du comte de Guiche (2), qui, de retour d’exil, n’a de référence que la sienne propre (seul de son air et de sa manière).

Le mot air garde-t-il, dans ces emplois, une filiation avec l’air-élément ? Dans la mesure où la personne commence à se dessiner, à apparaître en société, l’air tend à capter ce support humain, et à s’appliquer à la personne de façon plus étroite. Il reste que le mot air dénote une manière d’être qui est relativement abstraite, l’aspect physique étant peu appuyé, et qui englobe de multiples aspects, non différenciés, du comportement – caractéristiques qui peuvent être mises au compte des traits « immatériel » et « continu » d’« air-élément ».

Voyons ce que nous apportent les modalités d’insertion du mot air. Les deux variantes de la structure d’appartenance (l’air de quelqu’un / quelqu’un a un air) se répartissent à peu près également :

‘votre air galant (1)’ ‘son air et sa manière (2)’ ‘votre bon air (5)’ ‘votre bon air (10)’ ‘Elle a un bon air dans sa personne et dans tout ce qu’elle dit. (4)’ ‘elle a bon air (9)’ ‘Il avait un air et une manière qui paraient la cour. (8)’

La suppression de l’article en 9 semble montrer que les constituants sont en voie de figement, et tendent vers le statut d’expression.

La citation 7 :

‘Nous lui trouvâmes un air d’abbesse bien plus que de supérieure du couvent [...] (7)’

paraphrasable par « nous trouvâmes qu’elle avait un air d’abbesse », peut être considéré comme une variante de l’énoncé avec avoir.

Une autre structure se dégage, du type (être) d’un air :

‘d’un bon air (6, 11)’ ‘d’un meilleur air (3)’ ‘d’une liberté et d’un air (12)’

Cette structure est caractéristique des noms de qualité abstraits ((être) d’une gentillesse, d’un courage, d’une générosité, d’un mérite), et des noms supports de ces qualités ((être) d’une nature, d’un caractère, d’un tempérament, d’une humeur gai(e)) – les uns et les autres exprimant des substances abstraites. En revanche, elle ne peut s’employer avec les mots qui expriment des processus (actions ou états) ou des notions plus ou moins assimilées (* (être) d’une conduite, d’un comportement, d’un maintien, d’une apparence, d’un aspect, d’une allure). Comment interpréter sémantiquement ce phénomène ? Dans le premier cas, on met en relation la personne avec des substances abstraites, posées comme distinctes, extérieures à elles – la préposition de exprimant cette repré­sentation dissociée, dans laquelle la personne « participe » en quelque sorte de ces substances. Dans le second cas, les notions ne peuvent être disjointes, la personne étant incluse dans la représentation du processus, et la construction prépositionnelle s’avère impossible. Le fait que le mot air entre dans une structure du type (être) d’un air signifierait à la fois qu’il tend vers une valeur de caractérisation qui le rapproche de la personne support, mais aussi qu’il dénote une substance abstraite posée distinctement de cette personne. Ce trait « extériorité » semble se confirmer dans la construction de la phrase 4, si l’on prend en compte les deux compléments dans sa personne et dans tout ce qu’elle dit, qui explicitent le support pronominal. L’emploi de la préposition dans, qui traite ce support comme un lieu, montre en effet que l’air est contenu dans la personne, tout en restant une réalité distincte. On notera que cette construction est souvent employée au XVIIe siècle, pour les noms de qualité abstraits, en particulier agrément, charme, qui s’appliquent à la manière d’être. On peut se demander, dans le cas du mot air, si ce trait « extériorité » ne garde pas une affinité avec la signification « air-élément ». Si cette affinité a quelque fondement au plan sémantique, les considérations relatives aux constructions syntaxiques restent toutefois plus hypothétiques...

Dans le cadre de ce corpus, on peut rappeler la citation suivante, que nous avons déjà étudiée, en rapport avec la signification « air-élément » 638  :

‘La cour est à Saint-Cloud. Le Roi veut aller samedi à Versailles, mais il semble que Dieu ne le veuille pas, par l’impossibilité de faire que les bâtiments soient en état de le recevoir, et par la mortalité prodigieuse des ouvriers, dont on emporte toutes les nuits, comme de l’Hôtel-Dieu, des chariots pleins de morts. On cache cette triste marche pour ne pas effrayer les ateliers, et pour ne pas décrier l’air de ce favori sans mérite. Vous savez ce bon mot sur Versailles. (t. 2, l. 661, p. 632)’

Nous avons déjà eu l’occasion de dire que cet emploi joue sur la double lecture « air-élément » et « air-manière d’être ». Par défaut, en l’absence de spécification contextuelle, c’est probablement la signification « manière d’être en société » qui doit être retenue ici (dans une structure du type l’air de quelqu’un). Mais, comme nous l’avons souligné précédemment, c’est moins le choix de telle ou telle acception qui importe que la présence même de ce jeu de mots qui, attestant de la relative autonomie des deux significations, semble montrer que, quand le mot air se dit de la personne, la métaphore tend à s’affaiblir.

De cette signification « manière d’être en société », on peut faire dériver un certain nombre d’autres significations.

Ainsi dans certains contextes, le destinataire est exprimé, et la manière d’être est alors très nettement orientée vers ce second actant :

‘13. Je l’aime fort1, et il vit avec moi d’une manière charmante. Ses lettres sont aussi d’une manière, que si on les trouve jamais dans ma cassette, on croira qu’elles sont du plus honnête homme de mon temps ; je ne crois pas qu’il y ait un air de politesse et d’agrément pareil à celui qu’il a pour moi. (t. 1, l. 279, p. 525)
1. Mme de Sévigné parle de son fils.
14. J’étais levée à trois heures, de sorte que je me suis reposée avec un grand plaisir dans cette belle maison, où nous regrettons de n’avoir point trouvé la maîtresse du logis. Vous connaissez le maître, et le bon air et le bon esprit1 qu’il a pour < ceux > qu’il aime un peu ; il m’assure que je suis de ce nombre, et je le crois par l’amitié qu’il a pour vous. Il me sait si bon gré de vous avoir mise au monde qu’il ne sait quelle chère2 me faire. Nos conversations sont infinies. Il aime à causer, et quand on me met à causer, je ne fais pas trop mal aussi, de sorte qu’on ne peut pas être mieux ensemble que nous y sommes. Si les oreilles vous tintent, ne croyez pas que ce soit une vapeur, c’est que nous parlons fort de vous. (t. 2, l. 602, p. 531)
Mme de Sévigné est à Époisses, chez le comte de Guitaut. Celui-ci, qui possédait la terre et la seigneurie d’Époisses (voir note 5 de la p. 155, l. 133, t. 1, p. 990-991), était voisin de la propriété de Mme de Sévigné, à Bourbilly.
1. Esprit : dispositions où l’on se trouve sous tel ou tel rapport, sentiments (Dictionnaire du français classique, 1992).
2. Chère : bon accueil, réception caressante.’

Ces deux exemples présentent la construction :

‘celui [air de politesse et d’agrément] qu’il a pour moi (13)’ ‘le bon air [...] qu’il a pour ceux qu’il aime un peu (14)’

qui recouvre une structure du type :

‘avoir un air [bon / de politesse et d’agrément] pour quelqu’un’

En 13, la caractérisation du mot air est rendue superlative par la proposition (je ne crois pas) qu’il y ait un air de politesse et d’agrément pareil à, que l’on peut paraphraser par « (il a un air de politesse et d’agrément) tel qu’il n’y en a point d’autre, incomparable ». Le mot air conserve la signification « manière de recevoir, de se comporter, de parler », mais avec un trait « comportement vis-à-vis d’autrui » rendu saillant par l’emploi de la préposition pour. En 14, c’est la manière de recevoir du comte de Guitaut (chère), sa conversation, qui sont louées par Mme de Sévigné, avec la reprise du bon air. La coordination de cette expression avec le syntagme nominal le bon esprit ajoute une dimension intérieure à ces bonnes manières. Avec une certaine coquetterie, Mme de Sévigné évoque indirectement les bonnes dispositions que le comte a pour elle, à travers ceux qu’il aime un peu et l’amitié qu’il a pour sa fille. Elle y faisait allusion dans sa précédente lettre, avant son arrivée à Époisses :

‘[...] demain nous pourrons gagner Époisses, où M. de Guitaut nous attend avec une très bonne amitié. (t. 2, l. 600, p. 528-529)’

En 13, Mme de Sévigné fait l’éloge du comportement de son fils Charles à son égard, de ses manières d’honnête homme, polies et agréables. On retrouve ici une réplique des qualités sociales, transposées dans la relation entre une mère et son fils.

Ces deux contextes éclairent le trait sémantique qu’apporte la construction avec pour. La manière d’être étant finalisée, orientée vers autrui, est aussi plus personnelle, plus investie. Mme de Sévigné souligne l’amitié que le comte de Guitaut a pour elle. Avec son fils Charles, le caractère agréable de la relation est mis en valeur (manière charmante, agrément), et la familiarité, les sentiments vont de soi. Le ton est donné, d’ailleurs, par la déclaration d’ouverture (Je l’aime fort).

Quand le mot air est précédé de déterminants indéfinis à valeur de pluralité ou de singularité, la manière d’être est, en quelque sorte, fractionnée en une ou plusieurs « occurrence(s) » de comportement :

‘15. M. le marquis de Saint-Andiol1 m’est venu voir. Je le trouve fort honnête homme à voir ; il cause des mieux et n’a aucun air qui déplaise. (t. 1, l. 146, p. 189)
1. Le marquis de Saint-Andiol était le beau-frère du comte de Grignan.’ ‘16. Vous m’attendrissez pour la petite1. Je la crois jolie comme un ange ; j’en serais folle. Je crains, comme vous dites, qu’elle ne perde tous ses bons airs et tous ses bons tons avant que je la voie : ce sera dommage. Vos filles d’Aix vous la gâteront entièrement ; du jour qu’elle y sera, il faut dire adieu à tous ses charmes. (t. 2, l. 617, p. 564)
1. Pauline, que Mme de Sévigné redoute de voir confiée, comme sa sœur Marie-Blanche, aux visitandines d’Aix (voir note 3 de la p. 564, p. 1367). Elle est âgée de trois ans.’ ‘17. Mon cher Comte, vous me gâtez, vous me perdez, vous me louez, vous me ferez devenir une sotte femme pleine de vanité, c’est tout dire. Nous vous aimons trop ici. Mon fils se passerait bien que sa femme fût si entêtée de vos perfections ; nous lui contons innocemment vos airs, vos tons et vos manières, qu’elle n’entend que trop bien. Pour moi, je serais bien obligée à quelqu’un qui m’ôterait la moitié de la sensibilité que j’ai pour vos intérêts. (t. 3, l. 1192, p. 829)
Mme de Sévigné s’adresse au comte de Grignan.’ ‘18. J’ai passé un jour à Vitré avec M. de Pommereuil1, qui me dit, quasi devant la princesse2, qu’il avait séjourné3 pour l’amour de moi. Il a fait un grand bruit, dès Malicorne et dès Laval, de notre connaissance et de l’amitié qu’il a pour moi. Je n’en avais rien dit, car je hais ce style de dire toujours que tout est de nos amis. C’est un air de gueule enfarinée4 qui n’appartient qu’à qui vous savez5. (t. 2, l. 458, p. 192)
Mme de Sévigné est à Vitré.
1. M. de Pommereuil était commissaire aux états de Bretagne.
2. La princesse de Tarente, épouse de Henri-Charles de La Trémouille, prince de Tarente (voir note 2 de la p. 262, l. 170, t. 1, p. 1093). Elle était la suzeraine de Mme de Sévigné en Bretagne 639 .
3. Séjourner : retarder, faire un délai.
4. Venir, arriver la gueule enfarinée, le bec enfariné : avec la naïve confiance d’obtenir ce qu’on demande (comme les types de niais de l’ancien théâtre, au visage enfariné) (PR).
5. Mme de Coulanges ? (note 4 de la p. 192, p. 1183).’ ‘19. Il est vrai que j’ai eu la curiosité de la voir1. J’y fus donc avec Mme de Chaulnes et Mme de Kerman. Elle était à sa toilette2 ; elle parlait italien avec M. de Nevers. On nous présenta. Elle nous fit un air honnête, et l’on voit bien que si on trouvait une occasion de dire un mot à propos, elle entrerait bien aisément en conversation. (t. 2, l. 754, p. 902)

La lettre est du 12 avril 1680.
1. La Reine Dauphine, dont le mariage avait été célébré en janvier 1680.
2. Voir une dame à sa toilette, l’entretenir à sa toilette : la voir, l’entretenir pendant qu’elle se coiffe.’

Les trois premières citations évoquent le comportement de la personne sous la forme d’une pluralité de manières, avec tous ses bons airs en 16, vos airs en 17, et (il n’a) aucun air qui déplaise en 15, qu’on peut paraphraser par « tous ses airs plaisent ». En 15 et 16, la personne est, si l’on peut dire, en vue, que ce soit en présence (Je le trouve fort honnête homme à voir en 15) ou virtuellement (avant que je la voie en 16). Dans la citation 17, le discours rapporté (nous lui contons) provient de proches qui sont au contact de la personne concernée (le comte de Grignan). En 15, le contexte associe l’agrément des airs et la manière de parler (il cause des mieux). Ce sont les qualités de l’honnête homme. En 17, le chœur familial des louanges se fait sur le mode hyperbolique (vos perfections) et affectif (Nous vous aimons trop ici, que sa femme fût si entêtée de vos perfections, la sensibilité que j’ai pour vos intérêts). En 16, où il s’agit de Pauline toute petite fille, les manières sont plus naturelles, liées à la gentillesse et au charme, et elles attirent d’autant plus (j’en serais folle). On retrouve ici, transposée au pluriel, la coordination synonymique des lexèmes airs et tons (16 et 17), ainsi que tons et manières (17). En 18, on passe à une seule « occurrence » de comportement. Mme de Sévigné épingle les marques ostentatoires que donne M. de Pommereuil, en parlant devant une personne de haut rang, de la relation qu’il a avec elle. Elle n’apprécie guère cet air de gueule enfarinée, c’est-à-dire cette manière de faire, ce comportement social, empreint de niaiserie. On notera que, par l’intermédiaire de l’anaphore de c(e), air sert à définir le mot style, dont la définition est la suivante :

  • Style : manière d’envisager ou de présenter les choses, façon d’agir.

Quand une pluralité d'airs est envisagée, que ce soit de façon positive (tous ses bons airs) ou négative (aucun air), le rattachement à la personne se fait à travers les deux formes de la structure d’appartenance, la nominalisation :

‘vos airs (17)’

et la structure avec avoir :

‘[...] n’a aucun air qui déplaise (15)’

dont la citation 16 représente une variante :

‘qu’elle ne perde tous ses bons airs (16)’

paraphrasable par « qu’elle n’ait plus tous ses bons airs ».

En 18, où l’on a à faire à une occurrence de comportement, définie en contexte par la description des démonstrations d’amitié (déplacées) dont M. de Pommereuil accable Mme de Sévigné, puis reprise par les syntag­mes nominaux ce style, un air, l’acte se trouve détaché de la personne (dans la construction c’est un air de gueule enfarinée) pour être considéré en lui-même.

Avec la citation 19, nous sommes en visite chez la reine Dauphine, récemment arrivée à la cour, et naturellement objet de curiosité. Celle-ci reçoit les personnes qu’on lui présente avec civilité. Le mot air se charge ici de la signification spécifique « manière de recevoir quelqu’un », que consigne Littré :

‘Air : accueil.’

en l’illustrant de deux exemples – la présente phrase de Mme de Sévigné et une citation très proche de Hamilton 640  :

‘Vous avez vu l’air gracieux que S. M. m’a fait.’

ce qui semble montrer que cette signification est fixée dans l’usage du XVIIe siècle, mais rare. On notera, dans les deux cas, la construction particulière avec le verbe support 641 faire (faire un air à quelqu’un), qui fait apparaître le destinataire de ce comportement.

Enfin on rattachera au comportement-occurrence certaines significations restreintes du mot air, qui contiennent une caractérisation spécifique :

‘20. Elle1 est passée ce matin devant cette porte, et a demandé à boire un petit coup de vin. On lui en a porté ; elle a bu sa chopine2, et puis s’en est allée au Pertre3 consulter une espèce de médecin qu’on estime en ce pays. Que dites-vous de cette manière bretonne, familière et galante ? Elle sortait de Vitré ; elle ne pouvait pas avoir soif. De sorte que j’ai compris que tout cela était un air pour me faire savoir qu’elle a un équipage de Jean de Paris4. (t. 1, l. 184, p. 302)
Mme de Sévigné est aux Rochers.
1. Mme de Quintin.
2. La chopine contenait la moitié d’une pinte, à peu près un demi-litre (voir note 6 de la p. 302, p. 1129).
3. Le Pertre est un bourg situé à quelques kilomètres au sud-ouest de Vitré (voir note 6 de la p. 302, p. 1129).
4. C’est-à-dire un équipage somptueux, par allusion au Roman de Jehan de Paris (note 7 de la p. 302, p. 1129). Il s’agit d’un roman anonyme en prose du XVe siècle, probablement une transposition des amours de Charles VIII et d’Anne de Bretagne. Le roi de France se rend incognito en Espagne et se fait aimer de l’infante qui lui est promise, ridiculisant par son aristocratique élégance le roi d’Angleterre, prétendant âgé 642 . ’ ‘21. Quand je vous ai demandé si vous n’aviez point jeté mes dernières lettres, c’était un air ; car, de bonne foi, quoiqu’elles ne méritent point tout l’honneur que vous leur faites, je crois qu’après avoir gardé celles que je vous écrivais quand vous faisiez des poupées1, vous garderez encore celles-ci. (t. 1, l. 216, p. 379)
1. Allusion au soin qu’avait Mme de Grignan, enfant, de garder les lettres de sa mère (voir note 3 de la p. 379, l. 217, t. 1, p. 1189).’ ‘22. Il est aisé de voir que la dissipation vous a perdue du côté de Provence. Enfin, cela fait mourir, d’autant plus qu’il n’y a point de remède. Dieu sait comme les dépenses de Grignan, et de ces compagnies sans compte et sans nombre qui se faisaient un air d’y aller de toutes les provinces, et tous les enfants de la maison à la table jusqu’au menton avec tous leurs gens et leur équipage, Dieu sait combien ils ont contribué à cette consomption de toutes choses. (t. 3, l. 1093, p. 568)’ ‘23. Il1 n’est plus mousquetaire ; il est lieutenant de dragons. Il a parlé au Roi, qui lui a dit que, s’il servait avec application, on aurait soin de lui. Voilà où il lui serait bien nécessaire d’être un peu Monsieur du pied de la lettre. Vous ne sauriez croire comme cette qualité, < qui nous faisait rire, > est utile à votre enfant, et combien elle contribue à composer sa bonne réputation. C’est un air, c’est une mode d’en dire du bien. < Mme de Verneuil, qui est revenue, commença hier par là, et vous fit ensuite mille amitiés et mille compliments. (t. 3, l. 1048, p. 450)

1. Le comte de Sanzei , qui était le fils de la cousine de Mme de Sévigné.’

Dans les quatre exemples, le mot air, précédé d’un article indéfini, est employé absolument (un air), sans caractérisation. C’est que celle-ci est devenue un trait propre à la signification du mot air. Celui-ci dénote alors une occurrence de manière d’être en société, qui est affectée.

Littré développe la définition suivante :

‘Air : sorte de manière affectée qui consiste à faire entendre ce qu’on ne témoigne pas 643 .’

Cette définition convient aux deux premiers exemples (20 et 21). Mme de Quintin (qui, la pauvre, n’apparaît que pour être ridiculisée !) fait étape chez Mme de Sévigné pour boire un (bon) verre de vin. Cette façon d’agir peu élégante, provinciale et déplacée (l’adjectif galant est utilisé à contre-emploi), n’a pour but que de faire admirer le luxe de son équipage. C’est une feinte, une ruse, dont Mme de Sévigné n’est pas dupe. Le contexte établit ici une relation synonymique entre le mot air et le terme générique manière, qui définissent tous deux ce comportement. En 21, Mme de Sévigné se livre elle-même à ce petit jeu, mais dans la quasi-innocence d’une relation plus familière que sociale, quand elle écrivait, dans une précédente lettre, à sa fille :

‘Je vous prie, ma bonne, si vous n’avez point jeté mes dernières lettres, mandez-moi s’il n’y < en > a pas une du 30e septembre. (t. 1, l. 212, p. 369)’ ‘Elle dit quelque chose qu’elle ne croit pas, mais dans un esprit de drôlerie plutôt que de dissimulation, et il est préférable de parler ici de plaisanterie que de ruse 644 .’

Dans les citations 22 et 23, il n’est plus question d’apparence ou de dissimulation. Le mot air dénote une manière d’être collective qui est en faveur, comme semble l’indiquer la reprise synonymique C’est un air, c’est une mode en 23. En 22, le contexte donne une tonalité dépréciative à toutes ces compagnies qui se font une conduite obligée d’aller en visite chez les Grignan (et de les ruiner). Dans cette mesure, on pourrait parler d’affectation, d’un comportement « snob ». En 23, cette nuance disparaît, et Mme de Sévigné se flatte au contraire que dire du bien de son petit-fils soit quasiment devenu un usage dans la société. On retrouve dans ce corpus la construction du type c’est un air, qui autonomise l’acte par rapport à la personne – ce qui n’exclut pas, dans la citation 22, le syntagme se faisaient un air, qui souligne l’intentionnalité, sinon l’affectation, du comportement.

Notes
624.

. La phrase de Mme de Sévigné illustre cette définition.

625.

. T. 2, l. 510, p. 293.

626.

. Modestie : retenue dans la manière de penser et de parler de soi.

627.

. Sur nouveaux frais : en considérant tout ce qu’on avait fait comme nul, de nouveau, derechef.

628.

. Dans sa mémoire (note 1 de la p. 708, p. 1494). La philosophie cartésienne explique la mémoire par la permanence de traces imprimées dans le cerveau par les esprits animaux (note 1 de la p. 682, l. 691, t. 1, p. 420).

629.

. Dans tous les actes notariés, le comte de Grignan prend le titre de duc de Termes (ou Termoli) et de Campobasso, en raison d’une alliance d’un de ses ancêtres remontant au XVe siècle (voir note 2 de la p. 708, p. 1494).

630.

. Voir note 3 de la p. 361, l. 207, t. 1, p. 1176.

631.

. Il faut entendre par cette tête, unique en son espèce, mise sur le même plan que le justaucorps, la présentation physique de cette partie du corps (le port de la perruque, par exemple), et non les traits du visage. Cette signification n’est attestée par Littré que dans l’expression une belle tête. Encore associe-t-elle le visage à la belle conformation du crâne.

632.

. T. 3, l. 969, p. 301-303.

633.

. Promesse : billet sous seing privé par lequel on s’engage à payer une somme d’argent.

634.

. T. 2, l. 591, p. 497.

635.

. Expression employée à propos de Mme de Grignan, t. 3, l. 1130, p. 645 (voir note 5 de la p. 727, p. 1501).

636.

. Gagner pays : s’enfuir.

637.

. Voir note 1 de la p. 823, p. 1477.

638.

. Citation 24, p. 591-592. Je ne l’inclus pas dans la présente numérotation.

639.

. Voir l’édition de Gérard-Gailly, t. 1, Index des noms de personnes, p. 1177.

640.

. Mémoires de la vie du comte de Gramont, 1731.

641.

. Sur la notion de verbe support, on se reportera aux références (J. Giry-Schneider, G. Gross, en particulier) données dans M. Riegel, J.-C. Pellat, R. Rioul, 1996, p. 232-233.

642.

. D’après A. Rey (1977 3e éd.), Le Petit Robert 2, Dictionnaire universel des noms propres, Paris, Société du Nouveau Littré, Le Robert.

643.

. Témoigner : marquer, faire connaître. Il ne donne comme exemples que les phrases contenues dans nos deux premières citations. On peut alors se demander s’il s’agit d’un usage général du mot air ou seulement d’un emploi d’auteur. Ce ne serait pas la première fois que Littré introduirait dans ses articles des significations (et même des mots) appartenant en propre au discours (voir M. Glatigny, 1995, p. 84-85). La possibilité d’une telle extension de sens n’est toutefois pas inintéressante à observer.

644.

. Le Dictionnaire du français classique, 1992, propose les deux synonymes feinte, plaisanterie, mais ne donne que cette citation (20) de Mme de Sévigné.