6 – Manière de se présenter

Poursuivons notre progression. On en arrive à la manière dont la personne se présente, à travers son habillement :

‘1. Parlez-moi de Mme de Rochebonne, et faites des amitiés à mon cher Coadjuteur et au bel air du Chevalier ; je lui défends de monter à cheval devant vous1. (t. 1, l. 193, p. 327)

La lettre est du 19 août 1671. Mme de Grignan est enceinte de Louis-Provence ; elle accouchera le 17 novembre 1671.
1. Mme de Grignan avait fait une fausse couche à Livry en novembre 1669 par suite de l’émotion qu’elle avait ressentie en voyant Charles-Philippe, son beau-frère (le premier chevalier de Grignan), tomber de cheval. Cela avait fait jaser (voir note 3 de la p. 154, l. 132, t. 1, p. 989). Précisons que le chevalier est âgé d’une trentaine d’années. ’ ‘2. M. T < ambonneau > le fils1 a quitté la robe, et a mis une sangle au-dessous de son ventre et de son derrière. Avec ce bel air, il veut aller sur la mer ; je ne sais ce que lui a fait la terre. (t. 1, l. 254, p. 459-460)

La lettre est du 16 mars 1672.
1. Jean Tambonneau était président à la chambre des comptes. Un de ses fils, Antoine-Michel, resta dans la robe et fut conseiller à la même chambre. Un autre entra dans la carrière des armes. Il sera tué dans un combat naval en 1676, alors qu’il était capitaine. Mme de Sévigné raille son désir de « promotion sociale » (voir note 4 de la p. 459, p. 1250).’ ‘3. Vous serez bien aise de savoir qu’avant son départ il1 se fit habiller à Semur, lui et sa famille ; jugez comme il sera d’un bon air. (t. 1, l. 333, p. 603)

1. Bussy-Rabutin.’ ‘4. Je vis hier le Torrent et la Rosée 1 chez Mme de La Fayette [...] Elles étaient toutes deux parées de leur deuil :

Le deuil enfin sert de parure 2 .

Deux bonnets unis, deux cornettes unies, tout élevé et ballevolant3 jusqu’au plancher ; des nœuds de crêpe partout, de l’hermine partout, la Rosée plus que le Torrent. Toutes deux consolées, avec un air d’ajustement4. (t. 1, l. 360, p. 659-660)

La lettre est du 8 janvier 1674.
1. Le Torrent est le surnom de Mme de Monaco, fille du maréchal de Gramont, sœur du comte de Guiche et de M. de Louvigny (voir note 7 de la p. 215, l. 153, t. 1, p. 1052). La Rosée est le surnom de la comtesse de Louvigny (voir note 4 de la p. 252, l. 164, t. 1, p. 1085). Le comte de Louvigny était le fils du maréchal de Gramont et le frère du comte de Guiche. Les deux femmes étaient respectivement sœur (Le Torrent) et belle-sœur (La Rosée) du comte de Guiche, qui venait de mourir en décembre 1673 (t. 1, l. 349, p. 633) et dont elles portent le deuil.
2. La Fontaine, La Jeune Veuve, liv. VI, fable XXI (voir note 1 de la p. 659, p. 1381).
3. Ballevolant (néologisme à partir de voler et de baller) jusqu’au plafond : s’agitant très haut (voir note 1 de la p. 660, p. 1381).
4. Ajustement : parure. Ajuster : disposer avec soin, avec goût les choses de la toilette.’ ‘5. Deux jours après, je vois entrer un valet de chambre avec une petite maison de chien toute pleine de rubans, et sortir de cette jolie maison un petit chien tout parfumé, d’une beauté extraordinaire, des oreilles, des soies, une haleine douce, petit comme Sylphide, blondin comme un blondin [...] Au reste, une propreté extraordinaire ; il s’appelle Fidèle ; c’est un nom que les amants de la princesse1 n’ont jamais mérité de porter. Ils ont été pourtant d’un assez bel air. (t. 2, l. 448, p. 159-160)

1. La princesse de Tarente, qui a offert le petit chien à Mme de Sévigné.’ ‘6. Voici ce jour où je vous écrirai, ma bonne, tout ce qu’il plaira à ma plume. Elle veut commencer par la joie que j’eus de revenir ici de Vitré, dimanche, en paix et en repos après deux jours de discours, de révérences, de patience à écouter des choses qui sont préparées pour Paris. J’eus pourtant le plaisir d’en contester quelques-unes, comme le bal de Monsieur de Saint-Malo aux États [...] Mais enfin j’aime mieux être dans ces bois, faite comme les quatre chats 1 (hélas ! vous en souvient-il ?), que d’être à Vitré avec l’air d’une madame. (t. 2, l. 461, p. 197-198)

Mme de Sévigné écrit des Rochers.
1. Familièrement. Fait comme les quatre chats : avec une toilette toute en désordre.’ ‘7. Vous avez un peu d’envie de vous moquer de votre petite servante, et du corps1 de jupe, et du toupet, mais vous m’aimeriez si vous saviez le bon air que j’avais à la fontaine. (t. 2, l. 611, p. 553)

1. Corps : partie des vêtements qui s’applique à la partie haute du corps.’ ‘8. Il arriva l’autre jour ici le fils d’un gentilhomme d’Anjou que je connaissais fort autrefois. Je vis d’abord un beau garçon, jeune, blond, un justaucorps boutonné en bas, un bel air dont je suis affamée. Je fus ravie de cette figure, mais hélas ! dès qu’il ouvrit la bouche, il se mit à rire de tout ce qu’il disait, et moi quasi à pleurer. (t. 2, l. 791, p. 1031)’ ‘9. Mais, ma bonne, quelle folie d’avoir quatre personnes à la cuisine ? Où va-t-on avec de telles dépenses, et à quoi servent tant de gens ? Est-ce une table que la vôtre pour en occuper seulement deux ? L’air de Lachau1 et sa perruque vous coûtent bien cher. (t. 3, l. 906, p. 185-186)

1. Officier des Grignan (voir note 6 de la p. 185, p. 1244). Officier : dans une grande maison, domestique qui a soin de l’office.’ ‘10. Je vous envoie des tabliers ; c’est la grand’mode. Tout le monde en a à Versailles. C’est un joli air de propreté qui empêche qu’en deux jours un habit ne soit trop engraissé1. (t. 3, l. 1093, p. 570)

1. « Engraisser signifie aussi salir avec de la graisse. Un cuisinier engraisse ses habits. » (Furetière) (note 1 de la p. 570, p. 1430).’ ‘11. Et toutes ces couronnes dont elle s’entoure et s’enveloppe ! Cette négligence1 en jouant à la bassette est justement l’air qu’il faut avoir, mais son étonnement en voyant votre teint naturel ! Elle vous trouve bien négligée, ma bonne, de laisser < voir > la couleur des petites veines et de la chair qui le composent ; elle trouve bien plus aimable son visage habillé, et vous trouve, comme vous dites, toute négligée et toute déshabillée, parce que vous montrez le visage que Dieu vous a donné. (t. 3, l. 1153, p. 714)

Mme de Sévigné reprend la description que sa fille lui a faite de Mme de Montbrun. La marquise de Montbrun descendait d’une des plus anciennes familles du Dauphiné, et habitait Montbrun, non loin de Grignan (voir note 3 de la p. 714, p. 1496).
1. Rappelons que négligence signifie « peu de soin apporté au vêtement, à l’extérieur ».’

Dans un certain nombre de citations, le contexte qui précède évoque ou décrit la manière de s’habiller de la personne :

‘M. Tambonneau le filsa quitté la robe, et a mis une sangle au-dessous de son ventre et de son derrière. Avec ce bel air [...] (2)’ ‘[...] il se fit habiller à Semur, lui et sa famille ; jugez comme il sera d’un bon air. (3)’ ‘Elles étaient toutes deux parées de leur deuil [...] Deux bonnets unis, deux cornettes unies, tout élevé et ballevolantjusqu’au plancher ; des nœuds de crêpe partout, de l’hermine partout, la Rosée plus que le Torrent. Toutes deux consolées, avec un air d’ajustement. (4)’ ‘Je vis d’abord un beau garçon, jeune, blond, un justaucorps boutonné en bas, un bel air dont je suis affamée. (8)’ ‘Et toutes ces couronnes dont elle s’entoure et s’enveloppe ! Cette négligence [...] est justement l’air qu’il faut avoir [...] (11)’

que le mot air reprend par anaphore (2), qu’il définit (par l’intermédiaire de l’anaphore cette négligence en 11), ou qu’il commente (par juxtaposition en 8, ou enchaînement d’une autre proposition en 3 et 4). En 8, l’apparence physique est également prise en compte (un beau garçon, jeune, blond).

Dans la citation 9 :

‘L’air de Lachau et sa perruque vous coûtent bien cher. (9)’

la perruque accompagnatrice conduit à se représenter la tenue du domestique des Grignan, et l’interprétation est confirmée par le verbe coûter, qui implique la matérialité du référent des sujets. En 10 :

‘Je vous envoie des tabliers [...] C’est un joliair de propreté qui empêche qu’en deux jours un habit ne soit trop engraissé. (10)’

Mme de Sévigné évoque la mode des tabliers qui sévit à Versailles. Elle en parle de façon générale, en établissant, entre ce vêtement et l’air, une relation anaphorique directe, qu’on peut paraphraser par « ces tabliers donnent un air de propreté ».

L’air peut aussi être mis en relation avec l’habillement par l’intermédiaire d’une comparaison :

‘Mais enfin j’aime mieux être dans ces bois, faite comme les quatre chats [...] que d’être à Vitré avec l’air d’une madame. (6)’ ‘Vous avez un peu d’envie de vous moquer de votre petite servante, et du corps de jupe, et du toupet, mais vous m’aimeriez si vous saviez le bonairque j’avais à la fontaine. (7)’ ‘[...] un petit chien tout parfumé, d’une beauté extraordinaire, des oreilles, des soies, une haleine douce, petit comme Sylphide, blondin comme un blondin [...] Au reste, une propreté extraordinaire ; il s’appelle Fidèle ; c’est un nom que les amants de la princesse n’ont jamais mérité de porter. Ils ont été pourtant d’un assez bel air. (5)’

En 6, Mme de Sévigné compare la tenue en désordre qu’elle a dans ses bois des Rochers à la toilette de dame qu’elle doit porter lors de ses visites à Vitré. En 7, elle oppose le bon air qu’elle a à la fontaine au corps de jupe et au toupet dont se moque sa fille 704 . L’intention de 5 est plus plaisante. Mme de Sévigné met en parallèle le petit chien que lui a offert la princesse de Tarente et les amants de celle-ci. Elle les oppose en jouant sur le mot Fidèle, qui est le nom propre du petit chien, mais qui n’était pas le fort des amants de cette princesse. Ces amants on été pourtant d’un assez bel air, semblables en cela à Fidèle, dont elle fait une description toute délicieuse, et qui peut quasiment être transposée mot pour mot aux humains, si l’on ne s’attarde pas trop sur la petitesse, les oreilles et les soies...

Il reste la citation 1 :

‘[...] faites des amitiés [...] au belair du Chevalier ; je lui défends de monter à cheval devant vous. (1)’

où nous retrouvons, dans toute sa force, ce pauvre chevalier de Grignan, que les nécessités de l’enquête lexicologique avaient fait mourir prématurément de petite vérole. Le contexte n’est porteur d’aucun indice vestimentaire, et l’on pourrait penser, à une lecture rapide, qu’il s’agit de la manière de se mouvoir du chevalier, en particulier de ses talents de cavalier. Mais il ne s’agit pas de cela. Le Chevalier était tombé de cheval, ce qui avait eu pour conséquence (troublante) une fausse couche de Mme de Grignan. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Mme de Sévigné met en garde sa fille enceinte contre le spectacle d’une nouvelle chute. Elle y reviendra d’ailleurs deux fois dans le mois suivant :

‘[...] souvenez-vous de ce que vous fit une fois la peur de voir le Chevalier à cheval. (t. 1, l. 198, p. 337)’

Je suis persuadée que rien ne vous est si contraire que ces sortes d’émotions. Je vous en parlais l’autre jour, dans une de mes lettres, comme de la chose du monde que vous devez le plus éviter. Ce fut l’unique sujet du malheur qui vous arriva à Livry, et si c’était encore le même Chevalier, il ne mourrait que de ma main. (t. 1, l. 200, p. 343)

Il faut donc se mettre en quête d’une autre interprétation du bel air, que nous trouvons dans le contexte large, et dans les railleries de Mme de Sévigné. Comme il va mourir dans peu de temps – ce qui réduit d’autant le corpus – je peux me permettre de rapporter tous les passages qui concernent ce malheureux :

‘J’ai vu le Chevalier, plus beau qu’un héros de roman, digne d’être l’image 705 du premier tome. (t. 1, l. 158, p. 231)’ ‘J’embrasse M. de Claudiopolis, et le colonel Adhémar et le beau Chevalier. (t. 1, l. 215, p. 376)’ ‘Les manches du Chevalier font un bel effet à table. Quoiqu’elles entraînent tout, je doute qu’elles m’entraînent aussi ; quelque faiblesse que j’aie pour les modes, j’ai une grande aversion pour cette saleté. (t. 1, l. 193, p. 324) ’ ‘J’ai vu des manches comme celles du Chevalier ; ah ! qu’elles sont belles dans le potage et sur des salades ! (t. 1, l. 196, p. 335)’

Le Chevalier est beau et vêtu à la mode. Le bel air fait référence à cette élégance, sans doute avec une pointe d’ironie.

Quand Mme de Sévigné fait l’éloge de la beauté et de l’habillement, c’est l’expression bel air qui revient (1, 5, 8). En 2, cette expression est à contre-emploi. La tenue du fils Tambonneau, présentée de façon triviale (une sangle au-dessous de son ventre et de son derrière), est une parodie du bel air. De plus, elle représente un changement de condition sociale, de la robe aux armes (il veut aller sur la mer) que raille Mme de Sévigné. On notera que la signification du syntagme (ou de l’expression bel air) dans ce corpus est en affinité avec le bel air (« les manières élégantes »), étudié dans la partie consacrée à la signification « manière d’être collective » 706 . Ce bel air, en effet, était souvent mis en rapport avec la mode et n’était pas non plus exempt de sous-entendus. Le bon air, quant à lui, suffit à Bussy, qui s’est fait habiller à Semur (3), ainsi qu’à Mme de Sévigné parlant d’elle-même (7). Proche de ces bons airs, mais avec une certaine distance irrévérencieuse, on relève l’air d’une madame (6), au­quel Mme de Sévigné préfère la tenue plus rustique des quatre chats . Certains airs donnent lieu à une évaluation plus précise. L’air d’ajustement (4) pointe l’excès de parure des deux endeuillées, dont on a déjà dénoncé l’absence de chagrin :

‘Mme de Monaco est entièrement inconsolable ; < on ne la voit point. La Louvigny > l’est aussi, mais c’est par la raison qu’elle n’est point affligée 707 . (t. 1, l. 349, p. 634)’ ‘Hors la maréchale de Gramont, on ne songe déjà plus au comte de Guiche ; < voilà qui est fait. Le Torrent reprend son cours ordinaire. > Voici un bon pays pour oublier les gens. (t. 1, l. 353, p. 642). ’

L’air de propreté (10) révèle la destination des tabliers, qui est de protéger l’habit des taches de graisse. La citation 11 donne une indication intéressante sur la tenue qu’il convient d’avoir dans une occasion particulière, celle du jeu, qui s’accommode d’une certaine négligence (manifestée, je pense, par les couronnes dont s’entoure et s’enveloppe la marquise de Montbrun). La modalité d’obligation contenue dans il faut équivaut au jugement de valeur porté par l’adjectif bon. Le paradoxe est toutefois que la personne en question trouve Mme de Grignan toute négligée et toute déshabillée, en raison de son absence de fard. Il n’y a que ce pauvre Lachau (9) dont l’air ne donne lieu à aucune estimation, sinon financière !

Cette signification du mot air est la plus physique : elle donne à voir le corps, l’habillement. Elle exprime la manière dont la personne se présente à la vue, et de la manière d’être on passe à l’apparence, le mot air s’ajustant encore plus étroitement à son support. Dans cette mesure, on s’éloigne encore de la signification « air-élément ». Mais les traits « immatériel » et « continu » peuvent encore être perçus, dématérialisant la saisie physique de la personne et estompant les contours de l’apparence, qu’on perçoit de manière floue. Quant au trait « acquisition », s’il est présent, ce n’est qu’en amont, dans la mesure où la manière de s’habiller dépend d’un choix personnel.

On relève plusieurs types de constructions. D’abord, la structure d’appartenance, avec la nominalisation et la phrase avec avoir :

‘au bel air du Chevalier (1)’ ‘L’air de Lachau [...] (9)’ ‘le bon air que j’avais à la fontaine (7)’ ‘l’air qu’il faut avoir (11)’

l’exemple 10 (C’est un joli air de propreté), paraphrasable, on l’a vu, par « ces tabliers donnent un joli air de propreté », se ralliant à la phrase avec avoir.

La structure être d’un air est présente également :

‘il sera d’un bon air (3)’ ‘Ils ont été pourtant d’un assez bel air. (5)’

On retrouve, dans l’exemple 8, un syntagme nominal (un bel air), pris dans une énumération de qualités :

‘un beau garçon, jeune, blond, un justaucorps boutonné jusqu’en bas, un bel air (8)’

La juxtaposition avec le syntagme nominal un justaucorps boutonné jusqu’en bas, exprimant une notation vestimentaire, confirme la paraphrase « ayant un bel air » (comme « ayant un justaucorps boutonné jusqu’en bas »). On peut rappeler ici le commentaire fait précédemment sur ce type de construction, qui témoigne d’un rapport plus étroit entre la personne et la caractéristique concernée.

On peut en dire autant d’une autre construction, qui apparaît dans ce corpus, sous la forme du syntagme nominal prépositionnel introduit par la préposition avec  :

‘Avec ce bel air [...] (2)’ ‘avec un air d’ajustement (4)’ ‘avec l’air d’une madame (6)’

et qu’on peut également paraphraser par « (en) ayant un air ». Ces syntagmes nominaux prépositionnels fonctionnent comme des caractérisations, comme le montrent les commutations suivantes :

‘Avec ce bel air (« ainsi habillé »), il veut aller sur la mer [...] (2)’ ‘Toutes deux consolées, avec un air d’ajustement (« habillées de façon extravagante ») (4)’ ‘être à Vitré avec l’air d’une madame (« habillée avec élégance ») (6)’

Là encore, on reconnaît dans ce type d’emploi les mots qui dénotent des caractéristiques étroitement attachées à la personne.

Un autre indice formel, dans notre corpus, pourrait aller dans le même sens. C’est qu’on ne trouve plus trace ici des nominalisations enchâssées du type avoir l’air de quelqu’un, comme avec la citation précédemment étudiée 708  :

‘Pour M. de Locmaria, il a tout l’air de Termes [...] (t. 1, l. 197, p. 336)’

dans lequel le complément du mot air est un véritable complément déterminatif. La seule complémentation qui s’apparente à celle-ci :

‘avec l’air d’une madame (6)’

contient un nom de personne précédé d’un article indéfini et fait référence à un type social, ce qui lui donne une valeur de caractérisation (comme si l’on avait « avec un air de grande dame »). À partir de là, on peut faire l’hypothèse suivante. C’est que, lorsque le mot air se rapproche, comme ici, de la personne support, il ne peut se dire, en même temps, d’une autre personne. Tout se passe comme si la force d’attraction de cette personne support entraînait vers elle la complémentation du mot air, qui ne peut alors relever que de la caractérisation.

Notes
704.

. Je ne peux préciser davantage les situations dont il est question. R. Duchêne agré­mente le corps de jupe et le toupet d’une petite note laconique : Écho d’un passage non conservé (voir note 4 de la p. 553, l. 611, t. 2, p. 1363).

705.

. L’image, c’est le portrait du héros qui ouvre le premier tome des romans à la mode (voir note 4 de la p. 231, p. 1064).

706.

P. 679 et suiv.

707.

. Elle allait devenir duchesse de Gramont, son époux et frère cadet du comte de Guiche héritant du duché (voir note 3 de la p. 634, t. 1, p. 1363).

708.

. Citation 3 du corpus relatif à la signification « manière d’être de la personne en mouvement », p. 759.