7 – Significations subduites

J’essaierai dans cette partie de décrire le processus de subduction qui conduit le mot air à signifier simplement « manière ». La reconstitution de ce processus est chose délicate, et peut-être en partie hypothétique. Il me semble toutefois possible, à partir de l’observation de certaines occurrences, de dégager quelques-unes des principales caractéristiques de ce phénomène. D’abord, les constructions qui favorisent la subduction sont celles dans lesquelles un verbe (ou un syntagme verbal) exprimant une action, un comportement, est suivi d’un complément de manière contenant le mot air. Cette première condition s’explique aisément. Quand le mot air s’applique à la personne et dénote la manière d’être, il inclut dans sa signification un trait « verbal » (se comporter, se mouvoir, tenir son corps, se présenter) – la manière ne pouvant se dire directement de la personne. Quand on a à faire à la construction verbale avec le complément de manière, ce trait se trouve naturellement pris en charge par le verbe, et le mot air ne dénote plus que la manière, en tant qu’elle accompagne l’action ou le comportement exprimé par ce lexème. Ce mécanisme n’est toutefois pas aussi simple qu’il y paraît, et doit être modulé en fonction de la combinatoire mise en jeu. Dans certains contextes, le mot air résiste à cette captation de sens, et conserve une signification plénière. C’est le cas lorsque le mot air, en relation avec certains verbes de parole, dénote la manière de s’exprimer, le ton qui caractérisent cette parole, ou encore le maintien, l’expression du visage qui l’accompagnent. D’autre part, le processus de subduction, quand il s’enclenche, produit des résultats différents, avec des significations plus ou moins appauvries qui ne se réduisent pas nécessairement à l’acception minimale « manière ». On peut même faire dériver assez précisément la signification subduite de telle ou telle signification pleine dont elle retient certains traits spécifiques. C’est ce que nous allons voir avec les exemples qui suivent.

Voici d’abord deux occurrences du mot air qui restent très proches de la signification « manière d’être en société » :

‘1. Autre chapitre : disons un mot de Madame la Dauphine ; j’ai eu l’honneur de la voir. Il est vrai qu’elle n’a nulle beauté, mais il est vrai que son esprit lui sied si parfaitement bien qu’on ne voit que cela, et l’on n’est occupé que de la bonne grâce et de l’air naturel avec lequel elle se démêle1 de tous ses devoirs. Il n’y a nulle princesse née dans le Louvre qui pût s’en mieux acquitter. (t. 2, l. 752, p. 897-898)

1. Se démêler : se tirer d’une difficulté, s’acquitter d’une charge, d’une commission. ’ ‘2. Coulanges m’en1 paraît charmé, et de vous, et de M. de Grignan, et de votre château, et de votre magnificence. Cette manière de faire les honneurs de la maison a fait de profondes traces dans son cerveau ; il vous reconnaît pour duc et duchesse de Campo-Basso pour le moins. Enfin, ma chère Comtesse, que ne faites-vous pas quand vous le voulez, et avec quel air et quelle bonne grâce ? (t. 3, 1. 1150, p. 708)

1. Il s’agit de Pauline.’

Dans les deux cas, on retrouve la construction verbale avec le complément de manière :

‘de la bonne grâce et de l’air naturel avec lequel elle se démêle de tous ses devoirs (1)’ ‘[soit : « elle se démêle de tous ses devoirs avec une bonne grâce et un air naturel »]’ ‘[...] que ne faites-vous pas quand vous le voulez, et avec quelair et quelle bonne grâce ? (2)’ ‘[soit : « avec quel air et quelle bonne grâce ne faites-vous pas [toute chose] »]’

Les syntagmes verbaux se démêle de tous ses devoirs et faire [toute chose] prennent à leur compte le trait « comportement », ce qui peut dispenser le mot air de l’exprimer. On pourrait paraphraser ces emplois par « la manière naturelle avec laquelle elle se démêle de tous ses devoirs » et « avec quelle manière ne faites-vous pas [toute chose] ». Mais certains indices militent en faveur d’une interprétation plus « forte ». D’une part, la coordination, dans les deux citations, de l’air et de la bonne grâce conduit à accorder au mot air une acception qui soit en rapport avec la signification pleine de l’expression. D’autre part, si l’on prend en compte les caractérisations du mot air, on constate qu’elles ne relèvent pas d’un jugement stéréotypé, tel qu’il s’exprime dans les adjectifs évaluatifs (bon, bel, grand). L’adjectif naturel, qui se dit d’abord de la personne :

‘Naturel : qui est sans affectation dans ses sentiments, dans ses manières [...] Il se dit des choses dans le même sens.’

implique, quand il s’applique à des choses, un support plus « consistant » que la manière considérée abstraitement. Quant à l’adjectif exclamatif quel, il a une valeur affective d’autant plus forte qu’elle n’est pas lexicalisée – ce qui rend encore moins crédible sa combinatoire avec le mot air pris dans cette signification minimale. Il reste à interpréter le choix d’une préposition marquée lexicalement (avec), qui tend à distendre la relation entre le complément de manière et le support verbal, ce qui donnerait au mot air une plus grande autonomie sémantique. À l’inverse, la préposition de, resserrant cette relation, favoriserait la subduction du mot air. Je ne suis pas sûre toutefois de la pertinence de ce critère, en raison de la diffi­culté qu’il y a à apprécier sémantiquement, à trois siècles de distance, un système prépositionnel différent du nôtre. Ajoutons qu’on rencontre à cette époque nombre d’emplois de de qui autoriseraient actuellement la préposition avec 709 , et que notre corpus propose, comme nous allons le voir, des compléments de manière introduits par la préposition de, dans lesquels le mot air ne prend pas nécessairement un sens subduit. C’est donc seulement en me fondant sur les précédents critères que j’attribuerai au mot air une signification pleine, qui relève de la signification « manière d’être en société » dans la mesure où le contexte, proche (avec les supports verbaux) et étendu, nous fait voir la personne dans l’accomplissement de ses fonctions (qu’il s’agisse de devoirs princiers pour la Reine Dauphine, ou du rôle de maîtresse de maison pour Mme de Grignan).

On peut alors se demander pourquoi ces deux exemples figurent dans une partie consacrée aux significations subduites... C’est que, me semble-t-il, ils se situent à un point charnière qui permet une saisie graduelle du processus de subduction. Si le mot air est encore très proche ici de la signification « manière de se comporter en société », je crois que c’est en l’adaptant, si peu que ce soit, à la construction où il se trouve. La présence dominante des supports verbaux fait que le trait « comportement » est moins fortement activé que lorsque le mot air s’applique à la personne, tandis que le trait « manière » a une plus grande saillance. Dans les deux contextes, on parlera moins de la « manière de se comporter » que de la « manière d’être » avec laquelle la Reine Dauphine s’acquitte de ses fonctions et Mme de Grignan fait toute chose. La subduction résulterait ici d’une pondération différente des traits à l’intérieur d’une même signification, et non d’une suppression pure et simple.

Précisons maintenant chacun des contextes. En 1, l’air de la Reine Dauphine accompagne toutes les obligations (devoirs) auxquelles elle doit faire face. Il est associé à son esprit, non à la beauté, dont elle est dépourvue. À plusieurs reprises, Mme de Sévigné revient sur cette opposition, comme si cet aspect physique allait jusqu’à mettre en valeur les autres qualités :

‘Le premier coup d’œil est à redouter, comme dit M. Sanguin 710 , mais il y a tant d’esprit, de mérite, de bonté, de manières charmantes qu’il faut l’admirer [...] On ne conte que ses dits, pleins d’esprit et de raison. (t. 2, l. 746, p. 878)’ ‘Je vis Madame la Dauphine, dont la laideur n’est point du tout choquante ni désagréable. Son visage lui sied mal, mais son esprit lui sied parfaitement bien. Elle ne fait pas une action, elle ne dit pas une parole qu’on ne voie qu’elle en a beaucoup. Elle a les yeux vifs et pénétrants ; elle entend et comprend facilement toutes choses. (t. 2, l. 749, p. 886)’

L’appréciation que Mme de Sévigné porte sur l’air naturel de cette princesse prend toute sa valeur quand on sait que la Reine Dauphine est étrangère et qu’elle vient d’arriver à la cour de France dont elle ne connaît pas les usages 711 (le verbe se démêler impliquant la présence d’obstacles). Cet air naturel réside dans le fait qu’elle s’adapte parfaitement aux manières françaises, mais sans esprit de soumission, et tout en restant elle-même, comme le montrent ces contextes proches :

‘On dit de solides biens de Madame la Dauphine. C’est une personne 712 enfin ; c’est un bel et bon esprit. Elle a des manières toutes charmantes et toutes françaises ; elle est accoutumée à cette cour, comme si elle y était née. Elle a des sentiments à elle toute seule ; elle ne prend point ceux qu’on lui présente : « Madame, ne voulez-vous pas jouer ?— Non, je n’aime point le jeu. — Mais vous irez à la chasse ? — Point du tout, je ne comprends pas ce plaisir. » Que fera-t-elle donc ? Elle aime fort la conversation, la lecture des vers et de la prose, l’ouvrage, la promenade, et surtout de plaire au Roi. (t. 2, l. 747, p. 881)’ ‘Elle est naturelle, et non plus embarrassée ni étonnée que si elle était née au milieu du Louvre. Elle a une extrême reconnaissance pour le Roi, mais c’est sans bassesse. Ce n’est point comme étant au-dessous de ce qu’elle est, c’est comme ayant été choisie et distinguée dans toute l’Europe. (t. 2, l. 749, p. 886)’ ‘Elle est fort obligeante, mais avec dignité et sans fadeur. Elle a ses sentiments tout formés dès Munich ; elle ne prend point ceux des autres. On lui propose de jouer : « Je n’aime point le jeu. » On la prie d’aller à la chasse : « Je n’ai jamais aimé la chasse. — Qu’aimez-vous donc ? — J’aime la conversation, j’aime à être paisible­ment dans ma chambre, j’aime à travailler. » Et voilà qui est réglé et ne se con­traint point. (t. 2, l. 752, p. 898)’

En 2, l’air de Mme de Grignan, dont l’appréciation se perd dans l’emphase d’une interrogation rhétorique, est associé à la réception qu’elle a donnée aux Coulanges dans son château de Grignan (Cette manière de faire les honneurs de la maison [...]), et dont Mme de Sévigné a déjà fait l’éloge 713 . Dans les deux citations, l’air est lié à l’agrément (la bonne grâce), et le contexte est porteur de jugements flatteurs (son esprit lui sied si parfaitement bien que l’on ne voit que cela en 1, il vous reconnaît pour duc et duchesse de Campo-Basso pour le moins en 2), d’impressions agréables (Coulanges [...] paraît charmé en 2) et profondes (Cette manière de faire les honneurs de la maison a fait de profondes traces dans son cerveau en 2), et de formulations hyperboliques (Il n’y a nulle princesse née dans le Louvre qui pût mieux s’en acquitter en 1).

La citation suivante :

‘3. Vous me faites un grand plaisir, ma très chère, de prendre soin de ma petite1 ; je suis persuadée du bon air que vous avez à faire toutes les choses qui sont pour l’amour de moi. (t. 2, l. 445, p. 149)

1. Marie-Blanche, qui avait été enrhumée (t. 1, l. 435, p. 122). Elle était âgée de cinq ans.’

illustre le même type de subduction, mais à partir de la signification « manière de se comporter vis-à-vis d’autrui ». Le mot air s’applique à un comportement (faire toutes les choses) dans une construction paraphrasable par « vous faites toutes les choses [...] avec un bon air », qu’on peut assimiler à la construction verbale avec le complément de manière. Certes je ne dispose pas ici des mêmes indices (coordination et caractérisation). Mais la construction retenue :

‘du bon air que vous avez à faire toutes les choses [...]’

mérite qu’on s’y attarde. On peut la considérer comme dérivant de la construction type avec le complément de manière :

‘« vous faites toutes les choses avec un bon air »’ ‘« vous faites toutes les choses en ayant un bon air »’ ‘« vous avez un bon air à faire toutes les choses »’

selon un processus qui explicite la relation à la personne, puis donne celle-ci comme premier support du mot air, avant de restreindre son application au comportement exprimé par le syntagme verbal subordonné à faire toutes les choses. Même si l’on comprend que ce bon air accompagne toutes les actions de Mme de Grignan, c’est à travers la représentation qu’on se fait de la personne, ce qui conduit comme précédemment à rapprocher cet emploi d’une signification pleine. La filiation se fait plutôt ici avec la « manière de se comporter vis-à-vis d’autrui », dans la mesure où l’on retrouve, au niveau du syntagme verbal, l’orientation vers l’autre caractéristique de cette signification (avec toutes les choses qui sont pour l’amour de moi). On entre dans le domaine de la vie familiale et des soins domestiques, avec l’attention que Mme de Grignan porte à la santé de sa fille, et que Mme de Sévigné interprète en sa faveur, comme le montrait déjà ce passage écrit un mois auparavant :

‘Je suis en peine du rhume de la petite ; je sens une tendresse particulière pour elle, et je mets sur mon compte toutes les petites bontés que vous aurez pour elle. (t. 2, l. 435, p. 122)’

Notons encore que les lignes qui suivent notre citation sont particulièrement empreintes d’affectivité, et, comme en écho, pleines de l’amour que Mme de Sévigné porte à sa fille :

‘Je ne sais pourquoi vous dites que l’absence dérange toutes les amitiés ; je trouve qu’elle ne fait point d’autre mal que de faire souffrir. J’ignore entièrement les délices de l’inconstance, et je crois pouvoir vous répondre et porter la parole pour tous les cœurs où vous régnez uniquement, qu’il n’y en a pas un qui ne soit comme vous l’avez laissé. N’est-ce pas être bien généreuse de me mêler de répondre pour d’autres cœurs que le mien ? Celui-là, du moins, vous est-il bien assuré. (t. 2, l. 445, p. 149) ’

Là encore, le trait « manière » l’emporte sur le trait « comportement », et l’on parlera de la manière d’être que Mme de Grignan a dans tout ce qu’elle fait pour sa mère.

Le même processus de subduction, cette fois en filiation avec la signification « manière d’être de la personne en mouvement » peut être retenu pour les citations suivantes :

‘4. Après le dîner, MM. de Locmaria et de Coëtlogon1, avec deux Bretonnes, dansèrent des passe-pieds2 merveilleux, et des menuets, d’un air que nos bons danseurs n’ont pas à beaucoup près ; ils y font des pas de bohémiens et de bas Bretons, avec une délicatesse et une justesse qui charment [...] Je suis assurée que vous auriez été ravie de voir danser Locmaria. Les violons et les passe-pieds de la cour font mal au cœur au prix de3 ceux-là. C’est quelque chose d’extraordinaire ; ils font cent pas différents, mais toujours cette cadence courte et juste. Je n’ai point vu d’homme danser comme lui cette sorte de danse. (t. 1, l. 189, p. 313)

1. Il s’agit du fils du marquis René de Coëtlogon, gouverneur de Rennes et lieutenant de roi en Haute-Bretagne (note 2 de la p. 313, p. 1138).
2. Passe-pied : danse à trois temps et d’un mouvement très rapide.
C’est une danse particulière aux Bretons (voir note 2 de la p. 650, l. 1131, t. 3, p. 1470).
3. Au prix de : en comparaison de.’ ‘5. Imaginez-vous un homme d’une taille toute parfaite, d’un visage romanesque, qui danse d’un air fort noble, comme Pécour, comme Favier, comme Saint-André1, tous ces maîtres lui ayant dit : « Monsieur, nous n’avons rien à vous montrer ; vous en savez plus que nous. » Il dansa ces belles chaconnes2, les folies d’Espagne3, mais surtout les passe-pieds avec sa femme, d’une perfection, d’un agrément qui ne se peut représenter ; point de pas réglés, rien qu’une cadence juste, des fantaisies de figures, tantôt en branle comme les autres, et puis à deux seulement comme des menuets, tantôt en se reposant, tantôt ne mettant pas les pieds à terre. (t. 3, l. 1131, p. 649-650)

Mme de Sévigné parle du fils du sénéchal de Rennes : « Le fils est fait à peindre ; il a vingt ans » (p. 649).
1. « Les trois plus fameux danseurs de l’Opéra de ce temps-là » (Perrin). Louis Pécour, compositeur des ballets du Roi, avait été maître de danse de la duchesse de Bourgogne (voir note 5 de la . 649, p. 1469).
2. La chaconne, « air de musique ou danse qui est venu des Maures » (Furetière, Richelet) est « une espèce de sarabande par couplets avec le même refrain » (Académie) (voir note 1 de la p. 650, p. 1470 ).
3. La folie, venue d’Espagne, est « une sorte de danse où l’on danse seul, comme la sarabande » (Furetière) (voir note 1 de la p. 650, p. 1470).’ ‘6. Parlons vitement de la visite de ce bon duc de Chaulnes, de la réception toute magnifique, toute pleine d’amitié que vous lui avez faite : un grandairde maison, une bonne chère, deux tables comme dans la Bretagne, servies à la grande, une grande compagnie, sans que la bise s’en soit mêlée. Elle vous aurait étourdis ; on ne se serait pas entendu. Vous étiez assez de monde sans elle. Il me paraît que Flame1 sait bien vous servir, sans embarras et d’un bon air. (t. 3, l. 1148, p. 696)

1. Rappelons que Claude Flame était le maître d’hôtel de M. de Grignan.’

Ces trois citations présentent la construction verbale attendue avec le complément de manière :

‘Après le dîner, MM. de Locmaria et de Coëtlogon, avec deux Bretonnes, dansèrent des passe-pieds merveilleux, et des menuets, d’unairque nos bons danseurs n’ont pas à beaucoup près [...] (4)’ ‘Imaginez-vous un homme d’une taille toute parfaite, d’un visage romanesque, qui danse d’unairfort noble, comme Pécour, comme Favier, comme Saint-André[...] (5)’ ‘Il me paraît que Flamesait bien vous servir, sans embarras et d’un bon air. (6) ’

Quels sont les indices qui autorisent ici le rapprochement avec la signification pleine ? En 4, si le mot air entre dans le complément de manière d’un air [...], il est aussitôt repris par l’anaphore du pronom relatif qui l’introduit dans une phrase avec avoir se rapportant à la personne (que nos bons danseurs n’ont pas à beaucoup près), et où il prend une signification pleine. Un tel enchaînement suppose que l’antécédent a une force sémantique égale (ou quasi égale) à celle de l’anaphorisant. En 5, je dois reconnaître qu’il n’y a guère de critère probant, sinon peut-être l’adjectif noble qui présente une relative spécificité lexicale, et la mise en parallèle avec l’emploi précédent. Il reste le contexte qui, dans les deux citations, décrit avec précision les différents types de danse, les pas, les figures, les mouvements des danseurs, particulièrement en 5 où la beauté du danseur (sa taille toute parfaite, son visage romanesque) est également évoquée. Dans la citation 6, la coordination avec un mot (embarras) qui donne à voir la personne :

‘Embarras : état de celui qui est interdit, troublé.’

me paraît, nonobstant la caractérisation stéréotypée (bon air), un indice pertinent. Si, dans ces trois exemples, le mot air a la signification « manière d’être de la personne en mouvement », c’est, là encore, avec une pondération de traits qui fait dominer la manière sur le mouvement.

Quand il est question de danse, les caractérisations sont propres à ce domaine. La justesse reste la qualité la plus appréciée (justesse en 4, cadence juste en 4 et 5). La délicatesse (4) évoque la légèreté (déjà rencontrée) et l’élégance. L’adjectif noble (5), souvent employé dans le domaine de l’art, conjoint la justesse et l’élégance, en leur adjoignant dignité et élévation. Toutes ces bonnes qualités culminent dans la perfection (5). Elles ne peuvent que donner du plaisir (qui charment, vous auriez été ravie en 4, agrément en 5), et susciter l’admiration (qu’on trouve dans les mots et formules superlatives, comme extraordinaire, Je n’ai point vu d’homme danser comme lui en 4, qui ne se peut représenter en 5). On notera que, dans les deux citations, l’air est apprécié par référence à ceux qui se distinguent dans l’art de danser (un air que nos bons danseurs n’ont pas à beaucoup près en 4), ou aux maîtres qui font autorité (d’un air fort noble, comme Pécour, comme Favier, comme Saint-André en 5). Dans la citation 6, Claude Flame, le maître d’hôtel de M. de Grignan, que Mme de Sévigné a déjà loué pour la ponctualité de son service (on se reportera à la citation qui suit) fait l’objet d’une appréciation plus conventionnelle, le bon air, qu’elle associe à l’aisance, à la maîtrise du personnage.

Je rattacherai à la citation 6 l’exemple suivant :

‘7. Je trouve le meilleurair du monde à votre château. Ces deux tables servies en même temps à point nommé me donnent une grande opinion de Flame ; c’est pour le moins un autre Honoré1. Ces capacités soulagent fort l’esprit de la maîtresse de la maison, mais cette magnificence est bien ruineuse. < Ce n’est pas une chose indifférente pour la dépense que le belair et le bonair dans une maison comme la vôtre. > Je viens d’en voir la représentation, car c’est où Honoré triomphe que dans l’air du coup de baguette qui fait sortir de terre tout ce qu’il veut. Je sais la beauté et même la nécessité de ces manières, mais j’en vois les conséquences, et vous les voyez aussi. (t. 3, l. 1143, p. 681)
1. Rappelons qu’il s’agit du maître d’hôtel des Chaulnes.’

faute de lui trouver une meilleure place, car il m’embarrasse, je l’avoue. La structure phrastique dans laquelle se trouve le mot air ne manque pas d’étonner :

‘c’est où Honoré triomphe que dans l’air du coup de baguette qui fait sortir de terre tout ce qu’il veut’

Malgré la présence parasitaire du que souligné, je proposerai la paraphrase suivante : « c’est là où / que triomphe Honoré, [c’est-à-dire] dans l’air du coup de baguette qui fait sortir de terre tout ce qu’il veut ». Le raisonnement qui introduit cette structure (Je viens d’en voir la représentation, car...), m’est également opaque. Qu’entend Mme de Sévigné par cette représentation ? Une réplique de Flame, sous les traits d’Honoré, le maître d’hôtel des Chaulnes ? Il faudrait pour cela qu’elle ait été reçue peu de temps avant chez ces derniers, ce dont je ne trouve aucune trace. Ou se contente-t-elle d’imaginer Flame, sur le modèle d’Honoré ? Malgré ces obscurités, on comprend qu’Honoré est comparé à un magicien, qui, d’un coup de sa baguette, fait sortir de terre tout ce qu’il veut. C’est la lecture de Littré, qui fait suivre cette définition de baguette d’une variante de la phrase ci-dessus, privée du mot air (ce qui m’eût arrangée...) :

‘Baguette : baguette magique, baguette que portaient les fées, les magiciens [...] « Le coup de baguette fait sortir de terre tout ce qu’il veut », Sév. ’

Dans ce contexte, l’air du coup de baguette peut être interprété comme la manière de donner le coup de baguette, la manière de faire ce geste – le mot air s’appliquant ici à un support nominal qui, sémantiquement, équi­vaut à la nominalisation d’un procès. Cette construction pourrait donc être assimilée aux précédentes 714 et l’interprétation du mot air serait similaire.

La subduction gagne du terrain avec les citations suivantes :

‘8. Nous baisâmes tout, et les hommes et les femmes. Ce fut un manège étrange. La princesse me montrait le chemin, et je la suivais avec une cadence admirable. Sur la fin, on ne se séparait plus de la joue qu’on avait approchée ; c’était une union parfaite : la sueur nous surmontait. Enfin nous remontâmes en carrosse entièrement méconnaissables1, et nous vînmes chez Mme de Marbeuf, qui a fait ajuster1 sa maison et meubler si proprement2, et tout cela d’un si < bon > air et d’un si bon cœur qu’elle mérite toutes sortes de louanges. (t. 2, l. 793, p. 1038)

Mme de Sévigné est à Rennes, où le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, reçoit la princesse de Tarente (p. 1037).
1. Ajuster : arranger, disposer heureusement (Dictionnaire du français classique, 1992).
2. Proprement : élégamment (Dictionnaire du français classique, 1992).’ ‘9. Nous retournâmes chez Mme de Chaulnes après qu’elle fut revenue ici avec toute sa cour, et nous y retrouvâmes le même arrangement, avec une grande quantité de lumière et deux grandes tables servies également de seize couverts chacune, où tout le monde se mit ; c’est tous les soirs la même vie1. L’après-souper se passa en jeu, en conversation, mais ce qui causa mon chagrin, ce fut de voir une jeune petite madame fort jolie, qui assurément n’a pas plus d’esprit que moi, qui donna deux échecs et mat à M. le duc de Chaulnes d’un air et d’une capacité à me faire mourir d’envie. (t. 2, l. 793, p. 1038)

Ce passage fait suite, à quelques lignes d’intervalle, au précédent.
1. Vie : la manière dont on se nourrit, dont on se traite, dont on se divertit. ’ ‘10. M. de La Garde me mande qu’elle1 avait suivi mon conseil de l’année passée, et qu’elle avait cousu sa jupe avec la vôtre, et tout cela d’une grâce et d’un air à charmer. (t. 3, l. 819, p. 49)

1. Il s’agit de Mme de La Villedieu, la plus âgée des sœurs du comte, abbesse au couvent de La Villedieu à Aubenas (voir note 2 de la p. 595, l. 327, t. 1, p. 1337-1338).’

où l’on retrouve toujours la même construction :

‘Mme de Marbeuf, qui a fait ajuster sa maison et meubler si proprement, et tout cela d’un si bon
airet d’un si bon cœur [...] (8)’ ‘une jeune petite madame fort jolie, qui assurément n’a pas plus d’esprit que moi, qui donna deux échecs et mat à M. le duc de Chaulnes d’unairet d’une capacité à me faire mourir d’envie (9)’ ‘elle avait cousu sa jupe avec la vôtre, et tout cela d’une grâce et d’unairà charmer (10)’

mais avec des supports verbaux tout à fait spécifiques lexicalement, en rapport avec le jeu (donna deux échecs et mat en 9) et diverses occupations matérielles (a fait ajuster sa maison et meubler si proprement en 8, avait cousu sa jupe avec la vôtre en 10). Cette particularité sémantique fait que je ne peux rattacher ces occurrences du mot air à aucune des significations pleines répertoriées précédemment. Il ne me semble pas pour autant qu’on a à faire ici à l’acception minimale « manière », dans la mesure où les procédés de coordination :

‘d’un si bon air et d’un si bon cœur (8)’ ‘d’un air et d’une capacité (9)’ ‘d’une grâce et d’un air (10)’

mettent le mot air en relation avec des lexèmes ou des expressions de sens plein. De plus, en 9 et 10, les caractérisations expriment des sentiments de plaisir (à charmer en 10) ou d’envie exacerbée (à me faire mourir d’envie en 9), qui me paraissent peu compatibles avec cette signification abstraite. Je pense qu’on peut attribuer au mot air, dans ces contextes, une signification de portée générale telle que « manière de faire », plus subduite que les précédentes, mais avec la même pondération de traits (la manière l’emportant sur le faire). En 8, cette manière de faire est en rapport avec l’élégance de l’ameublement. Elle est associée au plaisir de l’exécutante qui a fait tout cela d’un bon cœur, et elle suscite l’admiration (mérite toutes sortes de louanges). En 10, il s’agit d’une réalisation de moindre importance, dont on souligne l’agrément (grâce, à charmer). Dans la citation 9, c’est l’habileté (à défaut de l’esprit) de la jolie joueuse d’échecs qu’apprécie indirectement Mme de Sévigné, par la jalousie (sûrement « jouée », elle aussi !) qu’elle exprime.

Enfin, sous toutes réserves, je regrouperai les citations suivantes :

‘11. Ce président1 avait avec lui un fils de sa femme, qui a vingt ans, et que je < trouvai >, sans exception, la plus agréable et la plus jolie figure que j’aie jamais vue. J’allais dire que je l’avais vu à cinq ou six ans et que j’admirais, comme M. de Montbazon, qu’on pût croître en si peu de temps2. Sur cela, il sort une voix terrible de ce joli visage, qui nous plante3 au nez, d’un air ridicule, que mauvaise herbe croît toujours. Ma bonne, voilà qui fut fait ; je lui trouvai des cornes4. S’il m’eût donné un coup de massue sur la tête, il ne m’aurait pas plus affligée. Je jurai de ne me plus me fier aux physionomies :

Non, non, je le promets,
Non, je ne m’y fierai jamais
5 .
(t. 2, l. 449, p. 165-166)

1. M. de Mesneuf, président à mortier au parlement de Bretagne (voir note 3 de la p. 188, l. 457, t. 2, p. 1180-1181).
2. Mme de Sévigné cite, pour s’en moquer, M. de Montbazon qui aurait dit de ses enfants qu’il les avait vus pas plus grands que cela (voir note 5 de la p. 330, l. 194, t. 1, p. 1152). L’Avare, présentant Élise à Marianne (III, VI), reprend lui aussi le proverbe : « Mauvaise herbe... » (voir note 5 de la p. 165, p. 1169).
3. Planter quelque chose au nez de quelqu’un : lui dire quelque chose d’incongru [...]
4. D’après Littré, qui donne cette phrase de Mme de Sévigné, l’expression « je lui trouvai des cornes » signifie, par allusion au diable et à ses cornes, « je le trouvai laid ».
5. « Non, non, je le promets / Non, je ne l’aimerai jamais », refrain du Thésée de Quinault (III, V) (note 1 de la p. 166, p. 1169).’ ‘12. J’ai vu son fils qui m’a dit beaucoup de bien du vôtre, et même de M. du Plessis1, dont j’ai été fort aise, car je craignais qu’il n’eût pas bien pris l’air de ce pays-là. Mais M. de La Fayette m’a assurée qu’il y avait fait des merveilles, laissant quelquefois le Marquis quand il était à table avec une bonne compagnie et en gaieté. « Je vois bien, disait-il, qu’un gouverneur n’a que faire ici », et tout cela d’un bon air. (t. 3, l. 1032, p. 412)

1. Rappelons que M. du Plessis était le gouverneur de Louis-Provence.’ ‘13. Nos deux Grignan1 revinrent de Versailles une heure après que j’eus fait mon paquet. Monsieur le Chevalier vous aura dit, ma bonne, comme ce petit capitaine avait pris congé, comme le Roi l’avait regardéd’un bon air, comme il avait parlé à son oncle de sa compagnie2, comme M. de Noailles avait dit qu’elle était la plus belle de l’armée, que madame sa mère lui avait mandé3. Ainsi son voyage de Châlons est assez su, aussi bien que les bontés de Mme la duchesse de Noailles pour ce nom-là. Il a pris congé de toute la cour et a ouvert la barrière à ceux qui le suivront bientôt. (t. 3, l. 1075, p. 512)

La lette est du 25 février 1689. Louis-Provence a dix-sept ans.
1. Le Chevalier de Grignan et son neveu, Louis-Provence.
2. Pour servir à l’avancement de Louis-Provence, les Grignan constituèrent, dans le régiment du Chevalier son oncle, une nouvelle compagnie de chevau-légers dont leur fils fut capitaine (voir note 6 de la p. 407, l. 1030, t. 3, p. 1348). Cette compagnie était à Châlons, et Louis-Provence était allé la voir entre le 25 décembre 1688 (t. 3, l. 1047, p. 445) et le 3 janvier 1689 (t. 3, l. 1050, p. 453).
3. La duchesse de Noailles avait été dame d’atour d’Anne d’Autriche (voir note 5 de la p. 591, l. 324, t. 1, p. 1336). Elle habitait Châlons (voir note 3 de la p. 512, p. 1402).’

qui me semblent illustrer le point d’aboutissement du processus de subduction, avec la « manière » pure et simple. Chaque occurrence mérite un examen particulier.

En 12, Mme de Sévigné se félicite que M. du Plessis, le gouverneur de Louis-Provence, dont on pouvait craindre l’ignorance quant aux usages de la cour (l’air de ce pays-là dont il a déjà été question 715 ), sache se conduire avec opportunité et discrétion, en laissant au jeune homme une liberté de bon aloi. C’est cette conduite qu’il accompagne – ce qui ne gâte rien – d’un bon air. Le problème est que le support de ce complément de manière est contenu dans le pronom démonstratif anaphorique cela, qui n’a pas d’antécédent précis, mais reprend l’ensemble de la description qui est faite du comportement de ce personnage, dans les lignes qui précèdent. Il me paraît plus difficile, dans ces conditions, de profiler une manière d’être de la personne à partir d’un support aussi diffus, et la simple manière me semble mieux convenir. Elle est jugée favorablement, en ce qu’elle est conforme aux usages du monde. En 11, le complément de manière d’un air ridicule dépend d’un support verbal relatif à la parole planter au nez (« dire quelque chose d’incongru »). Cette expression imagée dit l’acte de parole en même temps qu’elle qualifie ce qui est dit – ce qui dispense le mot air de dénoter à son tour la manière de s’exprimer. D’autre part, l’intonation a déjà fait l’objet d’une appréciation distincte, dans la proposition principale qui introduit le discours rapporté (il sort une voix terrible de ce joli visage). Je ne vois guère que la signification « manière » qui convienne à cet emploi. Cet air ridicule, qui reprend l’« incongruité » de l’intervention, est là pour souligner le manquement à la convenance de ce jeune homme à la si jolie figure. Il perd d’un coup tout attrait (je lui trouvai des cornes), et produit sur Mme de Sévigné l’effet (à peine exagéré !) d’un coup de massue sur la tête.

La citation 13 appelle plus de commentaire. Le mot air entre dans un complément de manière (d’un bon air) qui dépend du verbe regarder. On peut se demander si l’on tient là une occurrence de la signification « expression du visage », par ailleurs assez peu représentée. La citation en elle-même n’est pas très éclairante. Mais si l’on fait appel à un large contexte, on se rend compte que les marques d’intérêt que donne le Roi relèvent de postures et de mimiques qui ne se limitent pas à cette partie du corps, et que ses attitudes sont plus codifiées qu’expressives :

‘Il s’est montré au Roi ; il a été bien regardé. Sa figure plaît, et sa physionomie n’a rien de commun. (t. 3, l. 908, p. 189)

La lettre est du 7 mars 1685.’ ‘J’arrive de Versailles, Madame, où j’allai dimanche passé. Je fus d’abord chez M. le maréchal de Lorges pour le prier de me présenter au Roi ; il me le promit, et me donna rendez-vous à la porte de l’appartement de Mme de Maintenon pour le saluer quand il sortirait. Je le saluai donc ; il s’arrêta, et me fit un signe de tête en souriant. (t. 3, l. 1039, p. 429)

La lettre est du 15 décembre 1688 et ce passage est de Louis-Provence.’ ‘Ce Marquis devait bien vous faire un peu plus en détail le récit de son premier voyage de Versailles ; c’est ce qu’on veut savoir, et si le Roi ne lui a point fait quelque mine, ou dit quelque parole. (t. 3, l. 1197, p. 842)

La lettre est du 19 février 1690.’

Soit on reste dans l’indétermination (il a été bien regardé), soit le Roi accorde une inclination de tête accompagnée d’un sourire, soit on est en attente de mimiques plus engagées, mais assez peu définies (si le Roi ne lui a point fait quelque mine). Il me semble donc plus prudent de considérer que, dans la citation 13, le Roi a regardé le petit-fils de Mme de Sévigné « d’une bonne manière » sans autre précision, d’un bon air équivalant en quelque sorte à l’adverbe bien qu’on trouve dans la lettre du 7 mars 1685. Venant du souverain, ce bon air n’est évidemment pas jugé selon les normes de la bienséance, mais comme un signe très attendu de faveur royale. Ajoutons que dans les trois citations, la caractérisation est soit stéréotypée (bon), soit peu exigeante quant à la nature sémantique du support (ridicule), et que le mot air n’entre pas dans un système de coordination.

Notes
709.

. De indiquant la manière ne subsiste aujourd’hui que dans certaines tournures et précédait généralement des noms abstraits au XVIIe siècle (A Haase, 1965, p. 298, § 115 – référence déjà donnée à la note 8). Les tournures citées sont : répondre de vive voix ; parler de la sorte ; de quelle manière ? marcher d’un pas lent ; manger de bon appétit.

710.

. Jacques Sanguin était premier maître d’hôtel de Louis XIV (voir note 4 de la p. 500, l. 269, t. 1, p. 1277).

711.

. On se reportera à la citation précédemment étudiée, t. 2, l. 739, p. 855 (citation 2 du corpus consacré au passage métaphorique d’« air-climat » à « air-manière d’être », p. 670).

712.

. Une personne : se dit pour personne faite (Littré).

713.

. Voir la citation précédemment étudiée t. 3, l. 1149, p. 701 (citation 10 du corpus consacré à la signification « manière d’être en société », p. 712).

714.

. Selon une interprétation très différente, l’air du coup de baguette d’Honoré pourrait être l’air-élément, c’est-à-dire l’air en mouvement, le courant d’air, qui provient du coup de baguette. Mais d’une part, cet air en mouvement est plus moderne que classique (l’air du XVIIe siècle est, d’après notre corpus, plutôt statique), et d’autre part, on ne voit guère ce que serait le triomphe d’Honoré, réduit à un courant d’air...

715.

. Voir la citation 4 du corpus consacré au passage métaphorique de la signification « air-climat » à la signification « air-manière d’être », p. 670.