II – MANIÈRE D’ÊTRE DE LA PERSONNE

1 – Manière d’être-comportement

De l’atmosphère qui s’attache à un groupe ou à une petite société humaine pouvant même se réduire à l’individu, on passe à la manière d’être qui a plus directement pour support la personne.

Le corpus est le suivant :

‘1. Ma bonne, j’ai fort songé à M. et à Mlle Deville1 ; leur chute me paraît étrange. On dit que votre maison est orageuse et qu’on aura conduit cette affaire avec adresse. Il est vrai que les gens qui demandent leur congé serrent le cœur et font voir peu d’affection. Mais c’est la scène du Dépit amoureux, quand on ne le demande que par le désespoir de n’être plus bien avec la princesse ; et puis il se fait une pelote de neige ; le congé accordé est une douleur qui confirme la première. Peut-être que le grand air de Deville vous a fait résoudre sur-le-champ. Il n’est pas impossible que vous trouviez quelqu’un dans le pays pour remplir sa place, mais rien ne vous consolera de sa femme. (t. 1, l. 229, p. 401)

La lettre est du 25 décembre 1671.
1. Jean Deville était au service des Grignan. Il menaça de les quitter (voir la lettre du 23 décembre 1671, t. 1, l. 228, p. 400), mais il resta pourtant à leur service pendant tout le premier séjour de la comtesse en Provence en qualité de maître d’hôtel, qualité qu’il prend dans un acte signé à Grignan le 24 octobre 1674 (voir note 3 de la p. 321, l. 192, t. 1, p. 1146). Mlle Deville était la femme de Jean Deville. Elle tenait auprès de la comtesse le rôle de dame de compagnie (voir note 3 de la p. 131, l. 113, t. 1, p. 962).’ ‘2. Vous me demandez les symptômes de cet amour1. C’est premièrement une négative2 vive et prévenante ; c’est un air outré d’indifférence qui prouve le contraire ; c’est le témoignage des gens qui voient de près, soutenu de la voix publique ; c’est une suspension de tout le mouvement de la machine ronde ; c’est un relâchement de tous les soins ordinaires pour vaquer à un seul ; c’est une satire perpétuelle contre les vieilles gens amoureux : « Vraiment il faudrait être bien fou, bien insensé. Quoi ! une jeune femme ? Voilà une bonne pratique pour moi ! cela me conviendrait fort ! < J’aimerais mieux m’être rompu les deux bras ! > » (t. 1, l. 252, p. 451)

La lettre est du 9 mars 1672.
1. Il s’agit de l’abbé d’Hacqueville, conseiller du Roi et ami du cardinal de Retz (voir note 4 de la p. 150, l. 131, t. 1, p. 982). Il mourut le 31 juillet 1678 (voir note 2 de la p. 663, l. 678, t. 2, p. 1413). Il était amoureux de la fille aînée du maréchal de Grammont, « borgnesse, boiteuse et fort laide, qui ne voulut point être religieuse » (Saint-Simon) (voir t. 1, l. 247, p. 443, et note 3 de la p. 443, p. 1237).
2. Négative : proposition qui nie, dénégation (Dictionnaire du français classique, 1992).’ ‘3. M. de Louvigny est revenu avec plusieurs autres. On dit qu’il se plaint du Torrent d’avoir ôté à la Rosée 1 la bonne conduite qu’elle avait et de lui avoir donné un air fort contraire à cette tendresse légitime qui lui seyait si bien. (t. 1, l. 353, p.642)

1. Rappelons que la Rosée est le surnom de la comtesse de Louvigny, et que le Torrent est le surnom de Mme de Monaco, sa belle-sœur (sœur de Louvigny). Mme de Louvigny avait jusqu’alors la réputation d’aimer son mari (voir note 4 de la p. 642, p. 1368).’ ‘4. Vous faites une très bonne remarque sur la mort prompte et imprévue de M. de Turenne, mais il faut bien espérer pour lui, car enfin les dévots, qui sont toujours dévorés d’inquiétude pour le salut de tout le monde, ont mis, d’un commun accord, leur esprit en repos sur le salut de M. de Turenne. Aucun d’eux n’a gémi sur son état. Ils ont cru sa conversion sincère, et l’ont prise pour un baptême1 ; et il a si bien caché toute sa vie sa vanité sous des airs humbles et modestes qu’ils ne l’ont pas découverte. Enfin ils n’ont pas douté que cette belle âme ne fût retournée tout droit au ciel, d’où elle était venue. (t. 2, l. 418, p. 83-84)
La lettre est du 27 août 1675. Turenne avait été tué le 27 juillet.
Deuxième fils du duc de Bouillon, Turenne, élevé dans un calvinisme austère et ardent, avait épousé en 1653 la fille du duc de la Force, protestante comme lui. Après la mort de sa femme en 1666, il se laisse convertir par les arguments de Bossuet, et abjure en 1668 753 .’ ‘5. M. de Nevers n’a aucune inquiétude de sa femme1, parce qu’elle est d’un air naïf et modeste qui ne fait aucune frayeur. Il la regarde comme sa fille, et serait le premier à la gronder si elle faisait la moindre coquetterie. Elle est grosse et bien languissante. (t. 2, l. 533, p. 362)

1. Mme de Nevers était la nièce de Mme de Thianges et de Mme de Montespan (note 2 de la p. 281, l. 504, t. 2, p. 1224), lesquelles étaient sœurs. ’ ‘6. Nous parlâmes fort à Mme de Vins de la manière dont M. de Grignan servait le Roi en Provence, et quelle assiduité, et quelle dépense continuelle, et comme tout s’y passait toujours mieux qu’en nulle autre province, et combien M. de Grignan avait peu besoin de Monsieur de Marseille1 pour mériter lui seul toutes les louanges que Monsieur de Marseille voulait s’attirer fort injustement et par un certain air de se rendre nécessaire et de faire l’empêché2, qui avait toujours choqué M. de Grignan avec beaucoup de raison. Elle voit fort bien la vérité de ce que je disais. Elle est persuadée que Monsieur de Marseille aura désormais d’autres pensées et vivra mieux avec vous qu’il n’a jamais fait. (t. 2, l. 541, p. 386)
1. Ce passage rappelle les rivalités qui avaient opposé l’évêque de Marseille et M. de Grignan, et dont ce dernier avait triomphé (voir note 2 de la p. 662, l. 361, t. 1, l. 361, p. 1383). L’évêque de Marseille allait revenir d’une ambassade en Pologne (voir note 5 de la p. 386, p. 1281-1282).
2. Faire l’empêché : se donner des airs d’homme très occupé.’ ‘7. Les principaux officiers des deux partis prirent donc, dans une conférence, un air de paix et convinrent de faire entrer du secours dans Mons1. Mon fils était à cette entrevue romanesque. (t. 2, l. 653, p. 621)

La lettre est du 23 août 1678.
1. Alors que la paix avait été signée entre la France et la Hollande (traité de Nimègue du 10 août 1678), Guillaume d’Orange livra une bataille sanglante à M. de Luxembourg à Mons, le 14 août 1678. On ignore si l’assaillant, comme il le prétendit, ne fut point informé à temps, ou s’il voulut tenter une dernière chance (voir note 1 de la p. 621, p. 1397). « Le lendemain du combat, dit Mme de Sévigné quelques lignes plus haut, le prince d’Orange envoya faire des excuses à M. de Luxembourg, et lui manda que, s’il lui eût fait savoir que la paix était signée, il se serait bien gardé de le combattre. » Charles de Sévigné, qui commandait une compagnie, participa à cette bataille, où il s’illustra d’ailleurs particulièrement (voir les lignes qui suivent, et la note 3 de la p. 621, p. 1398). ’ ‘8. Je suis ici, ma bonne, toute fine seule1 ; je n’ai point voulu me charger d’un autre ennui que le mien. J’y suis à ma fantaisie jusqu’après la Toussaint ; nulle compagnie ne me tente de commencer si tôt mon hiver2. Je suis affligée de le passer sans vous, ma bonne ; je ne m’accoutume point à cette séparation. Si je voulais, je me donnerais d’un air de solitude, mais depuis que j’entendis l’autre jour la Bagnols3 dire qu’elle s’était livrée à ses réflexions, qu’elle était un peu trop avec elle-même, je me veux vanter d’être tout l’après-dîner dans cette prairie, causant avec nos vaches et nos moutons. J’ai de bons livres, et sur le tout les Petites Lettres et Montaigne. (t. 2, l. 704, p. 715-716)

La lettre est du 25 octobre 1679. Mme de Sévigné est à Livry.
1. Fin seul : tout à fait seul.
2. En quittant la campagne pour Paris (note 3 de la p. 715, p. 1434).
3. Mme de Bagnols était la sœur de Mme de Coulanges. Mme de Sévigné se moque à plusieurs reprises, dans ses lettres, de son style et de ses amours avec son fils Charles (voir note 5 de la p. 132, l. 114, t. 1, p. 963). ’ ‘9. Il me paraît de plus qu’elle1 se renferme fort chez elle, voulant éviter tous les airs d’empressement, afin d’éviter les fausses prophéties. La reine2 la veut voir incognito ; elle se fait prier pour se donner un nouveau prix. (t. 2, l. 723, p. 788)

La lettre est du 5 janvier 1680.
1. Mme de Grancey, la maîtresse de Monsieur, frère du Roi.
2. Marie-Louise, fille aînée de Monsieur, épouse du roi d’Espagne Charles II. Le mariage avait eu lieu le 31 août 1679 (voir note 3 de la p. 658, l. 675, t. 2, p. 1411), et Mme de Grancey, qui prit à cette occasion le titre de Madame, avait été nommée dame d’atour (voir t. 2, l. 675, p. 658, et note 4 de la p. 658, p. 1411).’ ‘10. Il faut qu’il fasse des amis, qu’il soit honnête, poli, obligeant, et civil sans bassesse, mais avec l’air d’un homme malheureux qui a besoin du secours des amis et des ennemis même de son père. Il y a une certaine conduite en l’état où il est qui serait admirable, mais qu’on ne saurait inspirer. Il est trop rude, et trop violent, et trop avantageux1 en paroles2. (t. 3, l. 932, p. 246)

La lettre est adressée à Bussy-Rabutin. Mme de Sévigné parle d’Aimé-Nicolas, fils aîné de Bussy, alors âgé de trente ans.
1. Avantageux : qui prend avantage, présomptueux.
2. Aimé-Nicolas avait hérité de la vivacité de son père, ce qui l’empêcha de faire carrière dans l’armée (voir note 1 de la p. 246, p. 1269).’ ‘11. Mme de Ricouart est veuve. Elle est encore à la campagne ; je la verrai à son retour. Voulez-vous que je lui fasse un compliment ? Il y a un air de n’en point faire qui vaut son prix : par exemple, Mme de Lavardin m’a toujours dit qu’elle ne vous en faisait point. (t. 3, l. 1053, p. 463)’ ‘12. Je causai avec ce Premier Président1. Il me dit tout naïvement qu’il improuvait2 infiniment la requête civile, parce qu’il était persuadé que l’affaire avait été fort bien jugée, que le rapporteur était un saint, et qu’il avoue qu’il fut surpris quand il apprit que le procès avait été gagné tout d’une voix3 ; qu’il lui avait paru d’abord, par vos airs, par la grandeur de votre nom et de votre famille, que vous vouliez emporter l’affaire de hauteur4 ; qu’il avait su, même, quelques précautions éloignées pour vos sollicitations qui lui persuadaient que vos raisons avaient besoin de tous ces séjours, mais qu’ayant su par M. Ferrand5, son beau-frère, comme l’affaire avait passé tout d’une voix, il avait été convaincu que toute la justice et la raison étaient de votre côté. (t. 3, l. 1133, p. 655)
La lettre est du 30 juillet 1689. Elle reprend l’affaire de succession, précédemment évoquée, qui opposait les Grignan au seigneur d’Aiguebonne. Ce dernier avait intenté une requête civile, fondée sur la prétendue fausseté d’une des pièces sur lesquelles avait précédemment été jugé le procès (voir note 5 de la p. 533, l. 1081, t. 3, p. 1411).
1. Il s’agit de M. de La Faluère, premier président au parlement de Bretagne (voir note 2 de la p. 651, l. 1132, t. 3, p. 1470).
2. Improuver : ne pas approuver, blâmer.
3. Les Grignan avaient en effet gagné, en août 1688, leur procès tout d’une voix, c’est-à-dire à l’unanimité (voir t. 3, l. 996, p. 346, et note 3 de la p. 346, p. 1316). On craignait l’hostilité de Mme de La Faluère, amie de Mme de Bury, sœur d’Aiguebonne (voir note 1 de la p. 655, p. 1472).
4. De hauteur : signifie [...] haut la main, d’une manière haute, de haute lutte.
5. Antoine Ferrand était conseiller à la quatrième chambre des enquêtes (voir note 2 de la p. 655, p. 1472). ’ ‘13. Enfin, je ne comprendrai jamais cette léthargie après toute la suite de leur1 amitié, nous ayant dit cent fois : « C’est notre affaire plus que la vôtre. » Pour moi, je crois qu’ils n’ont pas voulu se commettre contre M. de Coëtlogon2, aux soins duquel on attribue le retour du Parlement et le présent que fait la ville de Rennes, quoiqu’il n’y fasse rien du tout, car les volontés vont toutes seules, mais comme il est gouverneur de Rennes, il a un air de s’empresser, et ils ont été embarrassés de me mander cette raison chagrinante pour eux. (t. 3, l. 1152, p. 711)

La lettre est du 28 septembre 1689. Charles de Sévigné souhaitait être choisi comme député de la noblesse en Bretagne, projet entrevu dès 1679 (voir note 1 de la p. 652, l. 1132, t. 3, p. 1471). Pour obtenir cette députation, il comptait sur la protection des Chaulnes (voir note 1 de la p. 709, l. 700, t. 2, p. 1431).
1. Des Chaulnes.
2. René-Hyacinthe, marquis de Coëtlogon, gouverneur de Rennes (voir note 2 de la p. 693, l. 1147, t. 3, p. 1487), aura la députation (t. 3, l. 1158, p. 725-726).’ ‘14. Mme de Tavannes et Mme de Toulongeon, entêtées de bouts-rimés cet été, envoyèrent des rimes à Mme de Dalet ; elle les remplit ainsi pour son fils :

[...]
Fuyez l’ air étourdi, fuyez l’ air de langueur ;
D’un ami bien choisi n’ayez jamais d’ ombrage ;
[...]
(t. 3, l. 1265, p. 988)’

On ne retrouve plus ici les structures du corpus précédent, en parti­culier la structure locative, qui laisse place à diverses constructions. On trouve d’abord les deux formes de la structure d’appartenance (l’air de quelqu’un / quelqu’un a un air) :

‘le grandair de Deville (1)’ ‘vos airs (12)’ ‘il a un air de s’empresser (13)’

la phrase avec avoir présentant les variantes suivantes :

‘Les principaux officiers des deux partis prirent donc, dans une conférence, unairde paix [...] (7)’ ‘je me donnerais d’unairde solitude (8)’ ‘lui avoir donné unairfort contraire à cette tendresse légitime qui lui seyait si bien (3)’

avec les verbes prendre, se donner 754 , et la causatif donner (« faire avoir »).

De même, le mot air peut entrer dans des syntagmes nominaux prépositionnels à valeur « circonstancielle » :

‘il a si bien caché toute sa vie sa vanité sous des airs humbles et modestes (4)’ ‘les louanges que Monsieur de Marseille voulait s’attirer fort injustement et par un certainairde se rendre nécessaire et de faire l’empêché (6)’ ‘Il faut [...] qu’il soit honnête, poli, obligeant, et civil sans bassesse, mais avec l’air d’un homme malheureux qui a besoin du secours des amis et des ennemis même de son père. (10)’

qu’on peut paraphraser par une structure avec avoir ou prendre (« en ayant, en prenant l’air »), en dépendance d’une action principale.

Le syntagme nominal indéfini :

‘c’est unairoutré d’indifférence qui prouve le contraire (2)’

détaché, non sans malice, de la personne support, entretient avec elle une relation contextuelle – qui permet, là encore, de rétablir une structure d’appartenance (sous forme d’une phrase avec avoir). C’est l’abbé d’Hacqueville qui « a / prend » un air outré d’indifférence, pour donner le change sur ses sentiments.

La citation 9, quant à elle :

‘voulant éviter tous les airs d’empressement (9)’

efface une pluralité indéterminée de personnes derrière l’emploi métonymique du mot air.

Je signale encore la construction être d’un air, qui ne se rencontre qu’une fois :

‘elle est d’un air naïf et modeste qui ne fait aucune frayeur (5)’

Et je regroupe en dernier les emplois à valeur générique :

‘Il y a unairde n’en point faire qui vaut son prix [...] (11)’ ‘ Fuyez l’air étourdi, fuyez l’air de langueur (14)’

Ce corpus offre diverses caractérisations du mot air, qui peuvent prendre la forme :

  • d’un adjectif :
‘le grandairde Deville (1)’ ‘un air outré 755 d’indifférence (2)’ ‘unairfort contraire à cette tendresse légitime qui lui seyait si bien (3)’ ‘des airs humbles et modestes (4)’ ‘d’un air naïf et modeste (5)’ ‘l’air étourdi (14)’
  •  d’un syntagme nominal prépositionnel du type de + nom abstrait non actualisé :
‘unair de paix (7)’ ‘unairde solitude (8)’ ‘les airs d’empressement (9)’ ‘ l’air de langueur (14)’
  •  d’un syntagme nominal prépositionnel contenant un nom de personne actualisé (par un article indéfini à valeur générique) :
‘l’air d’un homme malheureux qui a besoin du secours des amis des ennemis même de son père (10)’
  •  d’un syntagme infinitival prépositionnel :
‘un certainairde se rendre nécessaire et de faire l’empêché (6)’ ‘unairde n’en [compliment] point faire (11)’ ‘un air de s’empresser (13)’

Ces caractérisations renvoient à des attitudes (d’empressement en 9, de s’empresser en 13, de se rendre nécessaire et de faire l’empêché en 6, de n’en point faire en 11, de paix en 7, étourdi en 14), à des états (de solitude en 8, d’un homme malheureux qui a besoin du secours des amis et des ennemis même de son père en 10, de langueur en 14), à des qualités morales (humbles en 4, modeste(s) en 4 et 5), à des dispositions d’esprit (naïf en 5), des sentiments (outré d’indifférence en 2, fort contraire à cette tendresse en 3). L’adjectif grand, en 1, dans un contexte qui souligne la détérioration des relations affectives (orageuse, serrent le cœur, peu d’affection, désespoir, douleur), dénote la hauteur que témoigne le maître d’hôtel vis-à-vis des Grignan. En l’absence de caractérisation, le pluriel vos airs, dans la citation 12, renvoie implicitement à la même interprétation.

Dans ce corpus, le mot air dénote la manière d’être de la personne, en ce qu’elle traduit les différents états et dispositions que recouvrent ces caractérisations. C’est en cela qu’elle peut être dite « manière d’être expressive ». Dans cette acception, le mot air est proche de mots tels que comportement, conduite. Si le mot comportement est d’un emploi plutôt moderne, conduite apparaît dans certains contextes :

‘On dit qu’il se plaint du Torrent d’avoir ôté à la Roséela bonne conduite qu’elle avait et de lui avoir donné unair fort contraire à cette tendresse légitime qui lui seyait si bien. (3)’

faisant écho au mot air, à travers un jugement qui les oppose. Dans la citation 10 :

‘Il faut qu’il fasse des amis, qu’il soit honnête, poli, obligeant, et civil sans bassesse, mais avec l’air d’un homme malheureux qui a besoin du secours des amis et des ennemis même de son père. Il y a une certaine conduite en l’état où il est qui serait admirable, mais qu’on ne saurait inspirer. (10)’

Mme de Sévigné développe le type de comportement que devrait adopter le jeune Bussy dans ses affaires. Elle conseille d’adjoindre à la civilité et à l’obligeance un air qui soit digne de compassion, et, dans la phrase suivante, elle résume toutes les caractéristiques qu’elle a énumérées par le mot conduite. Dans les autres citations, le mot air est mis en relation d’équivalence ou d’opposition avec des lexèmes ou des syntagmes spécifiés sémantiquement, qui renvoient à tel ou tel comportement. Dans la citation 3, l’air qu’a pris Mme de Louvigny est mis en contraste avec cette tendresse légitime, elle-même anaphorique de la bonne conduite qu’elle avait. En 2 :

‘Vous me demandez les symptômes de cet amour. C’est premièrement une négative vive et prévenante ; c’est unairoutré d’indifférence qui prouve le contraire [...] c’est une suspension de tout le mouvement de la machine ronde ; c’est un relâchement de tous les soins ordinaires pour vaquer à un seul ; c’est une satire perpétuelle contre les vieilles gens amoureux [...] (2)’

Mme de Sévigné se plaît à énumérer les attitudes par lesquelles l’abbé d’Hacqueville trahit, le plus souvent en les travestissant, ses sentiments amoureux, qu’il s’agisse de paroles (une négative vive et prévenante, une satire perpétuelle), de comportements (un relâchement de tous les soins ordinaires), qui peuvent plaisamment s’étendre au monde entier (une suspension de tout le mouvement de la machine ronde), ou de l’indifférence exagérée qu’il affecte (un air outré d’indifférence). On notera que, dans une précédente lettre, Mme de Sévigné présentait en ces termes cet amour ravageur :

‘Nous avons fort causé, Guitaut et moi, de notre ami, qui est si sage et qu’il craint tant. Il n’ose vous mander un accident qu’on croit qui lui est arrivé ; c’est d’être très passionnément amoureux de la borgnesse, fille du maréchal. C’est amour, fureur, à ce qu’on dit. Il s’en défend comme d’un meurtre, mais ses actions le trahissent. Il sent le ridicule d’être amoureux d’une personne ridicule. Il est honteux, embarrassé, mais ce bel œil l’a charmé [...] (t. 1, l. 247, p. 443) ’

faisant déjà allusion aux actions révélatrices de ce malheureux. La citation 5 :

‘[...] elle est d’un air naïf et modeste qui ne fait aucune frayeur. Il la regarde comme sa fille, et serait le premier à la gronder si elle faisait la moindre coquetterie. (5)’

met en contraste l’air naïf et modeste de Mme de Nevers avec une coquetterie imaginaire, que son mari réprimanderait paternellement. La citation 1 reprend l’attitude de froideur (font voir peu d’affection) qu’affichent les Deville par le grand air. La citation 8 :

‘Si je voulais, je me donnerais d’unairde solitude, mais depuis que j’entendis l’autre jour la Bagnols dire qu’elle s’était livrée à ses réflexions, qu’elle était un peu trop avec elle-même, je me veux vanter d’être tout l’après-dîner dans cette prairie, causant avec nos vaches et nos moutons. (8)’

adopte un ton de plaisanterie. Mme de Sévigné, pour ne pas ressembler, par son humeur solitaire, à la Bagnols qu’elle tourne régulièrement en dérision, choisit d’entrer en conversation avec les bovins et ovins de Livry. Je me donnerais d’un air de solitude est mis en relation synonymique avec s’était livrée à ses réflexions, était un peu trop avec elle-même, et en relation antonymique avec causant avec nos vaches et nos moutons. Ces syntagmes décrivent le comportement d’une personne qui cherche, soit la retraite, soit la compagnie – étant entendu que n’importe quelle compagnie est préférable à la solitude dont fait état Mme de Bagnols !

Dans la plupart des citations, l’air implique l’intentionnalité de la personne, qui se donne (ou non) telle ou telle manière d’être. Les collocations verbales, telles que prendre, se donner, fuir :

‘prirent [...] unairde paix (7)’ ‘je me donnerais d’unair de solitude (8)’ ‘ Fuyez l’air étourdi, fuyez l’air de langueur [...] (14)’

viennent à l’appui de ce trait. En 7, les officiers prennent d’autant plus activement un air de paix, qu’ils sortent d’un combat qui n’aurait pas dû avoir lieu (ce que souligne ironiquement l’adverbe donc) ! Les syntagmes infinitivaux prépositionnels qui suivent le mot air :

‘un certainairde se rendre nécessaire et de faire l’empêché (6)’ ‘unairde n’en [compliment] point faire (11)’ ‘un air de s’empresser (13)’

soulignent également ce trait d’intentionnalité, dans la mesure où ils contiennent des agissements (ou des non-agissements) de nature sociale, qui supposent le contrôle de la personne. On ajoutera à ce corpus l’exemple 9, dans lequel le nom abstrait complément du mot airs ((tous les airs d’)empressement) équivaut à un infinitif.

La volonté peut d’ailleurs être explicitement exprimée dans le contexte :

‘Si je voulais, je me donnerais d’un air de solitude [...] (8)’ ‘toutes les louanges que Monsieur de Marseille voulait s’attirer fort injustement et par un certainairde se rendre nécessaire et de faire l’empêché(6)’ ‘qu’il lui avait paru d’abord, par vos airs, par la grandeur de votre nom et de votre famille, que vous vouliez emporter l’affaire de hauteur (12)’

Nous avons déjà commenté la citation 8. Dans les deux suivantes, il est question de rapports de forces et de conflits. On veut l’emporter sur un adversaire, qu’il s’agisse de l’administration d’une province (6) ou d’un procès (12). L’air est un moyen – dans les deux cas, le mot air entre dans un syntagme nominal précédé de par – par lequel on entend montrer sa supériorité sur l’autre. On adopte donc une attitude, on se compose une manière d’être, qui sert cette intention. Pour se mettre en valeur au détriment du comte, l’évêque de Marseille montre qu’il s’affaire (un certain air de se rendre nécessaire et de faire l’empêché), tandis que les Grignan affichent leur hauteur (vos airs) en face de leur adversaire. On notera qu’en 6, le trait d’intentionnalité est doublement représenté, si l’on tient compte à la fois du complément à l’infinitif et de la présence du verbe vouloir.

Dans certaines situations, la manière d’être est montrée comme une apparence qui ne correspond pas à la réalité. C’est le cas en 6, où le constituant adverbial fort injustement dénonce l’erreur de jugement qui consisterait à prendre à la lettre l’attitude de M. de Marseille. En 13, l’empressement du marquis de Coëtlogon, qui fait illusion (on lui attribue des vertus infondées), est mis explicitement en contradiction avec son inefficacité réelle (quoiqu’il n’y fasse rien du tout). Il est intéressant de relever, quelques pages plus loin, ce passage :

‘Il [M. de Chaulnes] avait bon esprit, et voyait le retour du Parlement, le présent de la ville de Rennes, la part que M. de Coëtlogon paraissait avoir à tout cela, comme gouverneur de cette ville où l’on tient les États. (t. 3, l. 1158, p. 726)’

dans lequel le syntagme paraissait avoir une part à tout cela peut être considéré comme un équivalent synonymique d’un air de s’empresser, le verbe paraître prenant en quelque sorte la place du mot air. Le verbe cacher de la citation 4 :

‘et il a si bien caché toute sa vie sa vanité sous des airs humbles et modestes qu’ils ne l’ont pas découverte (4)’

qui dénote une volonté de dissimulation affiche plus encore le trait d’intentionnalité, et consacre le triomphe de l’apparence. Pour ne pas montrer un défaut (la vanité), on adopte un comportement qui fait paraître des qualités opposées (de modestie et d’humilité). La préposition spatiale sous, qui introduit des airs, traduit bien cette dissociation entre l’intériorité et l’extériorité. Cette manière d’être est d’autant plus consciente et délibérée qu’elle est fausse. Il en est de même en 2. L’abbé d’Hacqueville affecte une indifférence qui ne trompe personne, et dont il n’est lui-même pas dupe, puisqu’il nous a été dit, dans un contexte précédent, qu’il sent le ridicule de son état 756 . Relevons, dans cette citation, comme d’ailleurs en 12, la marque du pluriel (airs), qui, emphatisant le comportement, en souligne l’ostentation, et renforce encore le trait d’intentionnalité 757 . L’ostentation est également présente dans la citation 1, si l’on interprète, comme nous l’avons fait, le grand air de Deville comme une manifestation voulue de hauteur.

Un exemple un peu différent de décalage entre l’extériorité et l’intériorité est donné par la citation 11, sur laquelle il convient de revenir. Il s’agit de Mme de Lavardin, qui exprime d’une façon quelque peu détournée les sentiments qu’elle éprouve. En ne faisant pas de compliment à Mme de Grignan, elle entend en effet témoigner la force de l’estime et de l’affection qu’elle a pour elle, comme il est dit explicitement dans des contextes antérieurs :

‘Mme de Lavardin vint hier ici me dire qu’elle vous estimait trop pour vous faire un compliment, mais qu’elle vous embrassait de tout son cœur, et ce grand comte de Grignan ; voilà ses paroles. (t. 3, l. 1037, p. 424)’ ‘Mme de Lavardin dit qu’elle vous aime trop pour vous rien dire en forme. (t. 3, l. 1040, p. 432)’

Il s’agit là encore d’un comportement significatif et concerté.

La volonté peut aussi procéder de la nécessité. Dans la citation 10 :

‘Il faut qu’il fasse des amis, qu’il soit honnête, poli, obligeant, et civil sans bassesse, mais avec l’air d’un homme malheureux qui a besoin du secours des amis et des ennemis même de son père. (10)’

l’impersonnel il faut prescrit un type de comportement vis-à-vis d’autrui, ce qui implique, pour l’intéressé, une mise en application volontaire.

La citation 3 présente le cas un peu particulier d’une personne qui subit une (mauvaise) influence :

‘On dit qu’il se plaint du Torrent d’avoir ôté à la Rosée la bonne conduite qu’elle avait et de lui avoir donné unairfort contraire à cette tendresse légitime qui lui seyait si bien. (3)’

Si l’intention se reporte en amont, du côté de la personne instigatrice, on peut toutefois supposer une certaine complicité et une participation consciente de la part de celle qui est la destinataire. La citation 5 est, comme la personne qu’il nous présente, plus en retrait encore. La manière d’être de Mme de Nevers (faite de naïveté et de modestie) n’a rien d’ostentatoire, ni même d’intentionnel. On peut l’imputer à un charmant naturel...

La manière d’être expressive implique, dans la mesure où elle se charge d’intentionnalité, un destinataire – ce qui n’empêche pas la présence de témoins de la relation dans le contexte. Dans les situations de dissimulation, le destinataire est fortement sollicité, et il peut ou non être dupe de ce qu’on lui donne à voir. Si, en 4, les dévots en sont restés aux apparences d’humilité et de modestie de Turenne, sans voir sa vanité intérieure (ils ne l’ont pas découverte), en 2, la stratégie de l’abbé d’Hacqueville ne trompe personne. Les destinataires sont actifs. On recherche les symptômes du mal. On ne se laisse point prendre à cet air d’indifférence, qui prouve le contraire. Quand on est proche, on témoigne de ce qu’on voit (c’est le témoignage des gens qui voient de près), et la voix publique prend le relais. Lorsque des conflits et des rapports de force entrent en jeu, les relations actancielles peuvent devenir plus complexes. En principe, les grands airs visent à impressionner le partenaire ou l’adversaire. Quand ils sont le fait d’un inférieur, la réaction ne se fait pas attendre. Ainsi l’air de hauteur du maître d’hôtel Deville (1) entraîne une décision immédiate (vous a fait résoudre sur-le-champ) de la part de Mme de Grignan. En 12, les airs des Grignan sont destinés à dominer (emporter l’affaire) l’adversaire. Mais c’est à travers le point de vue (il lui avait paru) d’un témoin, M. de La Faluère, premier président au parlement de Bretagne, dont l’opinion n’est pas indifférente en raison des alliances qu’il a du côté de l’adversaire des Grignan. Dans la citation 6, l’évêque de Marseille destine ses airs d’importance à ceux dont il veut s’attirer les louanges – attitude qui ne peut que déplaire à son rival, le comte de Grignan (un air [...] qui avait toujours choqué M. de Grignan). Quand on veut faire avancer ses affaires, comme en 10, il est préférable de se mettre en faveur auprès de tous ceux qui, autour de vous, peuvent vous aider, amis et ennemis confondus ! Quant à l’air (ou aux airs) d’empressement, ils tendent fortement vers un destinataire. En 9, Mme de Grancey, en raison de son récent établissement (en tant que dame d’atour de la reine d’Espagne), fait l’objet de soins particuliers. Empressement dérive ici du sens suivant du verbe s’empresser :

‘S’empresser : se presser autour pour témoigner de l’affection, du respect, de la politesse.’

Et d’ailleurs la destinataire n’est pas favorable à ces assiduités, qu’elle cherche à éviter, en se tenant enfermée chez elle. Dans la citation 13, le marquis de Coëtlogon a un air de s’empresser qui ressemble fort à l’affairement de l’évêque de Marseille, dans la mesure où il veut, lui aussi, montrer son importance dans les affaires de sa province. S’empresser prend plutôt ici la signification :

‘S’empresser : témoigner de la presse [impatience], de l’ardeur pour.’

Même si les destinataires restent dans l’indétermination, cette manifestation de zèle n’est certainement pas désintéressée, quand on sait que ce personnage brigue la même députation que Charles de Sévigné. Elle a pour témoins les Chaulnes, et pour effet de compromettre la protection que Mme de Sévigné attendait d’eux. Ce rôle de témoin fait l’objet d’une mention plus explicite quelques pages plus loin (avec le verbe voir), dans le même passage où nous déjà avons relevé la présence du verbe paraître :

‘On me mande que c’est M. de Coëtlogon qui aura la députation ; je n’en ai pas douté, et je crois que M. de Chaulnes n’en doutait pas non plus. Il avait bon esprit, et voyait le retour du Parlement, le présent de la ville de Rennes, la part que M. de Coëtlogon paraissait avoir à tout cela, comme gouverneur de cette ville où l’on tient les États. (t. 3, l. 1158, p. 726)’

À l’opposé de l’empressement, l’attitude de réserve qui consiste à ne point faire de compliment (11) vise également un destinataire, avec d’autant plus d’expressivité qu’elle échappe aux formalités communes. C’est ce qu’implique le jugement qui vaut son prix, formulé par Mme de Sévigné. Dans une situation de négociation, comme celle de la citation 7, où l’on doit traiter après une bataille livrée par erreur, les belligérants prennent un air de paix qu’ils se destinent mutuellement, et qui annonce l’accord qui va suivre (convinrent de faire entrer du secours dans Mons). On peut considérer que Charles de Sévigné, présent à cette entrevue romanesque, en est le témoin. Quand le mot air dénote des dispositions psychologiques, celles-ci sont plus ou moins fortement liées à un destinataire. En 3, la réaction de M. de Louvigny (il se plaint) montre qu’il se sent personnellement visé par le changement de conduite de son épouse à son égard. Il est intéressant de noter que la tonalité affective de ce contexte n’exclut pas un point de vue normatif, qui porte sur le comportement antérieur de Mme de Louvigny (la tendresse), et qui en apprécie le fondement (légitime) et la convenance (qui lui seyait si bien). Il est des maris plus heureux. En 5, la manière d’être de Mme de Nevers est présentée comme naïve et modeste. Cette conduite ne vise aucun destinataire particulier. Elle inspire la confiance (ne fait aucune frayeur), celle de son mari en particulier, qui n’a aucune inquiétude de sa femme. Dans les citations 8 et 14, destinataire et témoin s’effacent. En 14, il s’agit de recommandations en vers que Mme de Dalet envoie à son fils, et qui restent dans la généralité. En 8, la raison est encore plus simple, puisque Mme de Sévigné, dans la solitude de sa forêt de Livry, n’a de témoin qu’elle-même.

Dans ce corpus, le mot air donne une perception abstraite et globale du comportement, de la conduite, de l’attitude de la personne vis-à-vis d’autrui, dans des situations diverses, institutionnelles et sociales, ou plus personnelles. On peut y voir la filiation avec les trais « immatériel » et « continu » d’« air-élément ». On notera l’importance du trait d’intentionnalité, qui souligne la participation consciente et volontaire de celui qui compose son attitude en vue d’atteindre un destinataire, ce qui n’exclut pas la présence de témoins. Cette forte agentivité peut conduire, lorsqu’il y a conflit ou dissimulation, à une dissociation entre l’extériorité et l’intériorité, le paraître et la réalité 758 .

Notes
753.

. D’après l’Encyclopædia Universalis.

754.

. La construction se donner de fait l’objet d’un commentaire de Littré, qui y voit un emploi partitif :

Se donner garde : se défier, éviter. Donnez-vous garde de ce mauvais pas. On dit aussi se donner de garde, tournure dans laquelle de garde est, partitivement, le complément direct de se donner. « Donnez-vous-en bien de garde, seigneur, si vous voulez m’en croire », Mol. Pr. d’Él. III, 2. « Je venais l’avertir de se donner de garde », id. l’Étour. IV, 1. C’est de la même façon que Mme de Sévigné a dit se donner d’un air au lieu de se donner un air. « Si je voulais, je me donnerais d’un air de solitude », Sév.

755.

. Outré : Fig. Saisi, pénétré, en parlant d’un sentiment pénible. Outré de colère, de dépit.

756.

. T. 1, l. 247, p. 443.

757.

. Le pluriel tous les airs d’empressement (9), en raison de la valeur métonymique du mot air, multiplie les personnes qui s’empressent, plus qu’il n’emphatise leur com­portement. Il n’est toutefois pas impossible de cumuler les deux interprétations.

758.

. On peut peut-être rattacher à ce corpus la citation suivante :

M. de Montespan est devenu son protecteur ; il ne parle que de mettre deux mille pistoles de dédit pour celui qui se révoltera contre les arbitres, et de cent mille francs pour pousser l’affaire, s’il la faut plaider. Voilà un style qui nous est inconnu, et qui se ressent beaucoup de cet air de la Garonne. (t. 3, l. 805, p. 5)

Il s’agit de la seule citation de cette correspondance de Mme de Sévigné, dont l’opacité me soit restée totale. Le mot style renvoie ici à la « manière de procéder en justice » (sens vieilli selon Littré), qui est décrite dans les lignes qui précèdent. Il s’agit donc d’un comportement, auquel on donnerait comme référence l’air de la Garonne (qui serait un comportement type ?). Ou bien faut-il comprendre que le comportement en question est influencé par les usages du milieu où l’on se trouve (et l’on reviendrait alors à une métaphore d’« air-climat » ?).