Manière d’être sociale

D’air-élément à air-manière d’être : air-vecteur de maladies

‘L’air de cour est contagieux : il se prend à V**, comme l’accent normand à Rouen ou à Falaise [...] (Les Caractères, « De la cour », p. 217)’

Manière d’être en société

‘Ménippe est l’oiseau paré de divers plumages qui ne sont pas à lui. Il ne parle pas, il ne sent pas ; il répète des sentiments et des discours, se sert même si naturellement de l’esprit des autres qu’il y est le premier trompé, et qu’il croit souvent dire son goût ou expliquer sa pensée, lorsqu’il n’est que l’écho de quelqu’un qu’il vient de quitter [...] Lui seul ignore combien il est au-dessous du sublime et de l’héroïque ; et incapable de savoir jusques où l’on peut avoir de l’esprit, il croit naïvement que ce qu’il en a est tout ce que les hommes en sauraient avoir : aussi a-t-il l’air et le maintien de celui qui n’a rien à désirer sur ce chapitre, et qui ne porte envie à personne. Il se parle souvent à soi-même, et il ne s’en cache pas, ceux qui passent le voient, et qu’il semble toujours prendre un parti, ou décider qu’une telle chose est sans réplique. Si vous le saluez quelquefois c’est le jeter dans l’embarras de savoir s’il doit rendre le salut ou non ; et pendant qu’il délibère, vous êtes déjà hors de portée. (Les Caractères, « Du mérite personnel », p. 104)’ ‘Une femme prude paye de maintien et de parole ; une femme sage paye de conduite. Celle-là suit son humeur et sa complexion, celle-ci sa raison et son cœur. L’une est sérieuse et austère ; l’autre est dans les diverses rencontres précisément ce qu’il faut qu’elle soit. La première cache des faibles sous de plausibles dehors ; la seconde couvre un riche fonds sous un air libre et naturel. (Les Caractères, « Des femmes », p. 121)’ ‘ Phédon a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre ; il dort peu, et d’un sommeil fort léger ; il est abstrait, rêveur, et il a avec de l’esprit l’air d’un stupide : il oublie de dire ce qu’il sait, ou de parler d’événements qui lui sont connus ; et s’il le fait quelquefois, il s’en tire mal, il croit peser à ceux à qui il parle, il conte brièvement, mais froidement ; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire 836 . (Les Caractères, « Des biens de fortune », p. 201)’ ‘Me laisserai-je éblouir par un air de capacité ou de hauteur qui vous met au-dessus de tout ce qui se fait, de ce qui se dit et de ce qui s’écrit, qui vous rend sec sur les louanges, et empêche qu’on ne puisse arracher de vous la moindre approbation ? (Les Caractères, « Des grands », p. 253)’ ‘Le sot est embarrassé de sa personne ; le fat a l’air libre et assuré ; l’impertinent passe à l’effronterie : le mérite a de la pudeur. (Les Caractères, « Des jugements », p. 359-360)’

Notes
836.

. Cette occurrence du mot air peut être interprétée comme une signification subduite, mais le contexte de parole m’incite à lui donner une signification pleine.