Manière d’être expressive

Manière d’être-attitude

‘Godefroy se promenait sous de grands Cèdres touffus au milieu des principaux de l’Armée ; et ceux qui virent les premiers la belle Armide, en avertirent ce Prince, qui s’avança vers Elle pour la recevoir. Elle l’aborde d’un air modeste et confus, et sa rougeur et son embarras ne plurent pas moins que sa grâce et sa beauté. (Les Aventures de Renaud et d’Armide, t. 3, p. 11)’ ‘Armide tenait un arc dans une main, et des flèches dans l’autre ; et ce qu’on remarquait le plus, elle avait un habillement de tête couvert de plumes et de pierreries, et son dépit sous cette parure de guerre lui donnait un air de fierté, qui plaisait en menaçant. (Les Aventures de Renaud et d’Armide, t. 3, p. 50-51)’

Les rares occurrences du mot air dénotant la manière d’être expressive se trouvent dans Les Aventures de Renaud et d’Armide. Et l’attitude qui traduit les sentiments du personnage reste quand même liée au charme et à l’agrément !

On ajoutera à ce corpus quelques citations qui ne contiennent pas le mot air, mais qui sont susceptibles d’en éclairer la signification. Ainsi les contextes suivants montrent l’importance de la manière de se tenir de la personne, ainsi que les relations entre le maintien et le mouvement :

‘Soit qu’on parle ou qu’on agisse, il faut penser à l’un ou à l’autre pour s’en acquitter de bon air : mais lorsqu’on écoute, ou qu’on se tient en repos, et qu’on ne se peut distinguer, que par le maintien, je trouve que pour l’avoir noble et agréable, il n’est pas inutile de s’imaginer vivement ce qu’il y a de plus digne et de plus beau dans les sujets qui se présentent. Car tout ce qui se passe dans le cœur et dans l’esprit, comme j’ai dit ailleurs, fait sur le visage et sur la personne une empreinte bien sensible, et j’ai souvent vu deviner ce que des personnes pensaient sans le pouvoir connaître qu’aux apparences du corps. (Œuvres posthumes, Sixième et dernier Discours, Suite du Commerce du Monde, p. 161)’ ‘Je vois des personnes qui ont plus de grâce dans l’action que dans le maintien, et j’en connais d’autres qui plaisent plus dans le maintien que dans l’action. J’entends par le maintien, non pas un repos tout à fait assoupi ; car on ne laisse pas en cet état-là de penser et d’agir intérieurement ; et même de témoigner par quelque action comme de la bouche ou des yeux, ce qui se passe au-dedans. On a de la grâce à écouter comme à parler, quoiqu’elle ne soit pas si visible ; et selon que le sentiment est plus fin, plus enjoué, ou plus grave, le maintien se trouve plus délicat, plus gai, ou plus sérieux. (Les Discours, Des Agréments, t. 2, p. 14).’ ‘« Quand je vins à la Cour, dit le Maréchal, on était persuadé que pour être honnête homme, il ne fallait que savoir danser, ou courre la bague, ou quelque chose de cette nature : chacun choisissait l’exercice qu’il aimait le mieux, et s’y attachait comme si c’eût été son métier.
Ces sortes de choses donnent de la grâce quand on les fait en galant homme, et même quand on ne les fait pas ; je veux dire que le corps en est plus libre et plus dégagé, et que cela se connaît, quoiqu’on se tienne en repos. Vous savez que c’est un grand avantage que d’être bon acteur. » (Les Conversations, Troisième Conversation, t. 1, p. 42)’