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L’édition retenue est la suivante : Discours sur la Bienséance, Paris, Mabre-Cramoisy, 1688.

Manière d’être sociale

Manière d’être collective

‘Rien n’approche de l’empressement que l’on a d’être à la mode, ou du chagrin de n’y être pas quand on se trouve parmi des personnes qui y sont. On se pique de suivre des premières les modes nouvelles ; on se fait une espèce de gloire de les puiser dans la source, et même de les inventer. C’est une sorte de vanité à laquelle on est si incapable de résister, qu’on aime mieux avoir un air extravagant en suivant la mode, que de demeurer dans un air raisonnable en ne la suivant pas [...] Non seulement on surpasse la nature dans ce nombre presque infini de variations, et de modes, que l’on suit dans ses ajustements, sans que l’on s’en puisse tenir à celle qui paraît la meilleure ; mais encore dans je ne sais quel bizarre assortiment de couleurs que l’art imagine ; et dont la nature ne nous donne aucun modèle. (p. 269-270)’

Si la première occurrence (avoir un air extravagant en suivant la mode) est en rapport avec la manière de se présenter (liée à l’habillement) 854 , la construction de la seconde rappelle cet exemple de Mme de Sévigné :

‘Ma bonne, voyez un peu comme s’habillent les hommes pour l’été. Je vous prierai de m’envoyer d’une étoffe jolie pour votre frère, qui vous conjure de le mettre du bel air, sans dépense, savoir comme on porte les manches, choisir aussi une garniture, et envoyer le tout pour recevoir nos Gouverneurs. (t. 3, l. 912, p. 202)’ ‘dans laquelle le bel air dénote la manière d’être collective (rappelons que le verbe mettre, avec la préposition de, signifie « faire participer à, faire entrer dans » (Littré)). ’
Notes
854.

. Voir ci-dessous.