D’air-élément à air-manière d’être : air-climat

BOSSUET 866
‘Un Dieu qu’on fait à sa mode, aussi patient, aussi insensible que nos passions le demandent, n’incommode pas. La liberté qu’on se donne de penser tout ce qu’on veut fait qu’on croit respirer un air nouveau. On s’imagine jouir de soi-même et de ses désirs et, dans le droit qu’on pense acquérir de ne se rien refuser, on croit tenir tous les biens, et on les goûte par avance. (Oraison funèbre d’Anne de Gonzague, p. 274)’

L’air nouveau dont il est questiondans cette citation rappelle le changement d’air rencontré dans le corpus d’air-élément. On peut dire métaphoriquement qu’on passe d’un climat à un autre, c’est-à-dire d’un état d’esprit, d’un mode de vie régi par les principes de la religion, à un nouvel état qui laisse le champ libre aux désirs et aux passions. La manière d’être qu’on quitte est donc moins sociale que morale, et celle (illusoire) à laquelle on aspire est liée à la libre expression de soi-même. Cette métaphore, réactivée par le verbe respirer, est peut-être plutôt une métaphore vivante.

Notes
866.

. Les citations de Bossuet sont extraites des Oraisons funèbres, édition de J. Truchet, 1961, de Sermon sur la Mort et autres sermons, édition de J. Truchet, 1996, du Traité de la concupiscence, édition de Ch. Urbain et E. Levesque, 1930, des Élévations sur les mystères, 1962 et des Méditations sur l’Évangile, 1966.