GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRANçAISE

1. air [r] n. m. (lat. aer, du gr. aêr ; 1160, Benoît de Sainte-Maure, au sens de « fluide »). 1. Fluide gazeux qui forme l’atmosphère : L’air est composé de plusieurs gaz. La pesanteur de l’air. L’air se raréfie au fur et à mesure que l’on s’élève. // Un des quatre éléments, dans l’ancienne physique, avec le feu, la terre et l’eau. // Air comprimé, air dont on a diminué le volume par compression pour en augmenter la pression. // 2. Ce gaz en tant que nous sommes baignés par lui, que nous le respirons : Que les parfums légers de ton air embaumé  / Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire, / Tout dise : Ils ont aimé (Lamartine). L’air de la mer, des montagnes. Vivre au bon air. Un air pur, un air vicié. // Le plein air, le grand air, se dit de tout endroit situé à l’extérieur des maisons, et en particulier hors des villes : Vivre en plein air. Le médecin ordonna un arrêt total de l’effort intellectuel et le grand air, l’insouciance, la détente physique pendant un ou deux mois (Montherlant). // Prendre l’air, sortir de sa maison, de sa ville, etc., pour respirer l’air du dehors : Elle ne sortait jamais et prenait l’air dans le jardinet (Balzac). // Donner de l’air , aérer. // Changer d’air, passer d’un lieu de séjour dans un autre. // Être libre comme l’air, n’avoir aucune obligation à remplir envers qui que ce soit. // Être dans l’air, en parlant des choses (maladie, idée, nouvelle, etc.), être sur le point de se répandre, de se communiquer : Une maladie qui est dans l’air. Ces documents formaient dès maintenant un ensemble assez riche pour lui permettre d’en tirer un petit livre et il avait hâte de le faire, pour prendre date, car ce sujet était « dans l’air », et Antoine risquait d’être devancé par quelque autre spécialiste d’enfants (Martin du Gard). // Il y a quelque chose dans l’air, on sent qu’un événement se prépare. // Fig. Vivre de l’air du temps, ne pas avoir de source de revenus. // Vx. et fam. Pendre un air de feu, s’approcher du feu un instant pour s’y chauffer : Elle vient chaque soir au sortir de la prière prendre un air de feu dans la cuisine. (Escholier). // 3. Par extens. Climat, région, pays. // L’air natal, le pays où l’on est né : C’est l’air natal qui séchera tes larmes (Béranger). // 4. L’air en tant qu’il est agité ; vent : Il n’y a pas un souffle d’air. La grêle cinglait ses mains, la pluie coulait dans son dos, la violence de l’air l’étouffait, il s’arrêta (Flaubert). // Courant d’air, air en mouvement qui circule entre deux ouvertures opposées : Le valet de chambre, quoiqu’il craignît les courants d’air, avait ouvert la fenêtre du bout (Proust). J’arrive à ce vieux pigeonnier, plein de hiboux et de courants d’air (Alain Fournier). // Pop. Se déguiser en courant d’air, s’enfuir rapidement. // Coup d’air, fluxion causée par un courant d’air. // Class. Donner air, donner libre cours : Je donne air à la violence (Tristan L’Hermite). // 5. L’air en tant qu’il se trouve au-dessus de nous (en ce sens, s’emploie aussi au plur. avec une nuance littér.) : Des arbres de toutes les formes [...] montent dans les airs (Chateaubriand). L’oiseau s’élève, plane dans les airs. // Fendre l’air, voler rapidement. // Pop. Jouer la fille de l’air, disparaître rapidement. // Prendre l’air : s’envoler, en parlant d’un avion : L’appareil a pris l’air à quinze heures. // Armée de l’air, nom donné à l’ensemble des forces armées aériennes. // Hôtesse de l’air, jeune femme qui veille à la sécurité et au confort des passagers d’un avion : Pendant que sous nos ailes se déroulait un paysage de montagnes arides, l’hôtesse de l’air déposa sur nos genoux un petit coussin (Troyat). // Mal de l’air, malaise, indisposition qui apparaît chez certaines personnes lors du vol en avion. // 6. Ambiance, atmosphère, milieu, influence de ce milieu : Louis XV respira dans le berceau l’air infecté de la Régence (Chateaubriand). // Prendre l’air de : s’informer de l’ambiance qui règne quelque part : Prendre l’air du bureau. (On dit aussi PRENDRE LA TEMPÉRATURE.) // Vx. Le mauvais air, la contagion.

syn. : 1 éther ; 4 bise, brise, souffle.

 En l’air loc. adv et adj. 1. Dans la direction opposée à la terre, vers le haut : [Le soleil] dore vaguement de sales brumes blanches, suspendues en l’air au-dessus du chantier (Sartre). Il jetait en l’air et rattrapait avec ses pieds six boules en cuivre qui brillaient au soleil (France). //Tirer en l’air, décharger une arme à feu en dirigeant le canon vers le haut, de manière à n’atteindre personne. // Fam. Avoir toujours un pied en l’air, être agité, être toujours prêt à partir. // 2. Se dit d’une chose qui n’a pas de fondement, à laquelle on ne peut se fier : Des projets, des promesses, des soupçons en l’air. // Bâtir en l’air, forger des projets chimériques. // Fam. Parler, agir en l’air, sans tenir compte des faits, à la légère. // Une personne qui a la tête en l’air, et, ellipt., une tête en l’air, une personne étourdie, frivole. // 3. Être en l’air, être en pleine effervescence (vieilli) : Le coron était en l’air, allumé par la fête, dans le coup de feu du dîner (Zola) ; être en plein désordre : Tout est en l’air dans cet appartement  ; et, fam., être anéanti, renversé : Le ministère est en l’air. // Mettre en l’air, apporter le désordre, ou, fam., détruire complètement.