GRAND LAROUSSE DE LA LANGUE FRAN çAISE

2. air [r] n. m (de air 1, au sens fig. de « atmosphère, ambiance », peut-être influencé par aire, au sens de « caractère », qui disparaît ; 1580, Montaigne).

I. 1. Manière d’être, apparence d’une personne, qui donne une idée, réelle ou fausse, de sa nature, de ses sentiments : L’air de sa physionomie est plutôt gai (Stendhal). Elle m’écoutait de l’air d’une personne qui s’amuse beaucoup (Maupassant). Des gens impossibles, malgré leurs airs dignes (Martin du Gard). // Avoir l’air, paraître : Les citernes remplies avaient l’air de boucliers d’argent (Flaubert). Cet enfant a l’air de bien vous aimer, Madame (Daudet). Il avait l’air un peu piqué (Romains). // Sans en avoir l’air, en feignant de faire autre chose, en faisant croire le contraire. // Fam. Avoir l’air comme il faut, avoir une apparence convenable et même distinguée : Il a l’air très comme il faut (Dumas fils). // Avoir l’air en dessous : paraître dissimulé. // N’avoir l’air de rien, paraître ne pas penser à une chose, alors même qu’on y pense. // Cela n’a l’air de rien, mais..., cette chose est en réalité beaucoup plus importante ou plus difficile que ne le laissent croire les apparences. // N’avoir pas l’air d’y toucher, dissimuler ses sentiments exacts sous une apparence anodine. // Fam. Avoir un air de deux airs, en parlant de quelqu’un dont on déchiffre mal les sentiments, paraître afficher un certain mécontentement : Cette bête vous avait des airs de deux airs (Escholier). // Avoir mauvais air, avoir un aspect peu engageant, être mal élevé. // Avoir l’air mauvais, paraître méchant. // 2. Marque la ressemblance. // Avoir un faux air de, une certaine ressemblance avec : Il a un faux air d’un trompette de chez nous (Nerval). // Avoir un air de, présenter tous les signes extérieurs de : Quant à ces petits diamants, ils vous ont un air de vérité (France). // Avoir un air de famille, avoir une certaine ressemblance. // Class. Avoir de l’air de, ressembler à : Elle a de l’air du coadjuteur (Sévigné). // 3. Marque l’élégance ou l’affectation. // Avoir grand air, avoir beaucoup de distinction et d’élégance raffinée dans les manières : En robe du soir, les épaules nues et fermes, un croissant de diamants dans les cheveux, elle avait grand air (Maurois). // Se donner des airs, prendre de grands airs, prendre une attitude de supériorité, de hauteur, qui ne convient pas nécessairement.

II. 1. Class. Le bel air, les manières de la société aristocratique (souvent ironiq. ou péjor. déjà au XVIIe s.) : Vous devriez un peu vous faire apprendre le bel air des choses (Molière). // Class. et littér. Les gens du bel air, les personnes de la bonne société : C’était un de ces jeunes bourgeois qui, malgré leur naissance et leur éducation, veulent poser pour des gens du bel air (Furetière). Il avait été admiré au Cours-la-Reine, parmi les raffinés et les gens du bel air (Gautier). // 2. Class. Feinte, manière affectée : Tout cela était un air pour me faire savoir qu’elle a un équipage (Sévigné). // 3. Class. Manière, façon : Parlez, Dom Juan, et voyons de quel air vous saurez vous justifier (Molière). // 4. Class. Comportement, manière d’agir, façon de se conduire : Et je me vis contrainte à demeurer d’accord. / Que l’air dont vous viviez vous faisait un peu tort (Molière). L’air précieux n’a pas seulement infecté Paris, il s’est aussi répandu dans les provinces (Molière).

syn. : I, 1 allure, apparence, aspect, dehors, extérieur, façon, manière, mine.

rem. L’adjectif qui suit la loc. avoir l’air s’accorde avec le sujet s’il s’agit de choses : Ces prétentions ont l’air excessives. Lorsqu’il s’agit de personnes, l’accord se fait avec le sujet si la locution a le sens de « sembler », « paraître » (on peut alors généralement intercaler le verbe être entre la locution et l’adjectif) : Ils m’avaient l’air terriblement hardis (France). Elle n’avait pas l’air trop fâchée (Maurois) ; l’accord se fait avec air si l’on veut insister sur le sens de « mine », « physionomie » : Elle avait l’air très fâché (Hugo). La reine d’Espagne a l’air bon et bienveillant (Stendhal). Et, en voulant arrêter mes larmes, elle avait l’air aussi inquiet que si c’eût été des flots de sang (Proust). Maman souriait, mais elle avait l’air soucieux et fatigué (Duhamel).