1.2.1.2. Théorie de l’habituation:

Plusieurs études ont montré l’importance des difficultés d’habituation chez les obsessionnels. Il est connu, depuis longtemps, que les sujets obsessionnels présentent une habituation plus lente que des normaux à des stimuli sonores bruyants, ainsi que l'ont montré des études avec le rythme cardiaque (Beech, 1974, Marks, 1987). L'habituation des réponses cardiaques, au cours des traitements comportementaux par exposition prolongée, a été mise en évidence (Marks, 1987). La pratique de l'exposition in vivo, avec prévention de la réponse ritualisée, se fonde sur l'habituation des réponses physiologiques. C’est à dire que l'exposition in vivo et/ou en imagination entraîne l'habituation des réponses physiologiques et l'extinction des rituels qui n'ont plus lieu d'être, du fait de la réduction d'anxiété.

En fait, l’habituation est un processus pour apprendre à s’adapter aux événements environnementaux. Si un sujet a des difficultés d’habituation à certains stimuli dans son environnement, par exemple, le contact avec des objets jugés sales, il va souffrir d’une angoisse terrible chaque fois qu’il se retrouve dans ces situations. Il peut se conditionner soit par ses rituels, soit en adoptant une stratégie d’évitement pour soulager l’anxiété. En revanche, si le sujet apprend à s’adapter à ces situations angoissantes, sans rituels et sans évitements, il va s’habituer; l’anxiété va diminuer et disparaître.

Selon le modèle comportemental classique, on peut conclure que les rituels obsessionnels résultent d’un trouble de l’habituation dans le domaine des émotions vis-à-vis des événements environnementaux. Le schéma suivant synthétise plus clairement le modèle comportemental classique:

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Schéma : Modèle comportemental classique de troubles obsessionnels-compulsifs (TOC) (in Yao, 1995)

Mais, en fait, cette théorie ne peut pas tout expliquer. Une des raisons est que les rituels ne sont pas seulement liés à la réponse émotionnelle, mais, en plus, ils sont certainement liés à des pensées, c’est à dire ils traduisent une réponse cognitive. De plus, la théorie ignore l’effet des processus cognitifs sur les émotions; elle ne peut pas expliquer pour quelles raisons, après l’angoisse, existeraient des rituels et des évitements.